Bordeaux
Depuis six ans, l’association du quartier de la Grosse cloche organise le Festival de la nature. Cette année l’évènement se déroulera les 26 et 27 avril 2014. L’an dernier plus de 50 000 visiteurs sont venus découvrir les propositions d’une centaine de commerçants qui souhaitent partager leur passion pour des produits bio ou naturels, provenant de l’ostréiculture, la ferme ou de l’artisanat : pains, fruits et légumes de saison, fromages régionaux, volailles, charcuteries et viandes, miels mais aussi des exposants de bijoux en matériaux recyclés, vêtements du commerce équitable, cosmétiques et bien d’autres choses encore.
Renaissance du quartier
Les parents seront pourvus et les enfants ne seront pas oubliés avec des animations qui leur sont plus particulièrement consacrées : manège, barbe à papa, … et pour toutes les générations réunies une animation musicale, danse et chants africains avec le groupe Bohême qui cheminera le long des rues. Une occasion de découvrir autrement ces rues parmi les plus anciennes de la cité car en trois décennies le quartier de la Grosse cloche a considérablement évolué, passant du « Sentier » bordelais au sein duquel régnaient les grossistes en vêtements puis ensuite stagnation à l’état de friche... Aujourd’hui, entre autres sous l’impulsion de InCité, il est à part entière un agréable îlot qui affiche nombre d’immeubles rénovés où se répartissent commerces de proximité ou d’autres qui attirent des clients qui vont y trouver des commerces atypiques qu’ils ne trouveront pas ailleurs. Bordelais ou touristes franchissent maintenant de plus en plus les « frontières » invisibles du cours Victor-Hugo ou du cours d’Alsace-et-Lorraine pour déambuler dans ce quartier très ancien, chargé d’histoire.
le centre du quartier
Épicentre, la Place Fernand-Lafargue, porte le nom d’un prolifique écrivain (Bordeaux 1856/ Paris 1927). Ancienne place du Vieux-Marché, ou encore du Grand-Marché ou du Marché-aux-Veaux. Au centre se dressait le pilori. Se tenait là le carcan qui enserrait la tête et les mains des condamnés exposés à la curiosité du public qui venait également pour acheter le poisson, pain, mais aussi se ravitailler aux étals de nombreux bouchers. Jusqu’au milieu du XIX° siècle subsistera une maison médiévale à pans de bois, à l’angle de la place et de la rue Sainte-Colombe. Comment ne pas évoquer les églises Sainte Colombe ? On peut emprunter la rue Buhan sans remarquer, sur le pan coupé d’une façade de l’immeuble qui abrite le Théâtre des Salinières, une pierre sculptée, témoin de l’église Sainte Colombe qui s’élevait il y a trois siècles à peu près à cet emplacement. Il nous reste aussi une cloche intégrée dans le carillon de l’horloge de l’hôtel de ville, datant de 1663, dernière rescapée de cette lente agonie La première église dédiée à Sainte Colombe occupait au Moyen-âge la partie élargie de la rue qui porte son nom. Jugée trop petite mais surtout malmenée par le tremblement de terre de 1427, cet édifice s’effondra en 1687. Une nouvelle église commencée en 1525 fut consacrée seulement en 1742, les travaux ayant été arrêtés au milieu du XVIème siècle à cause de la peste et des révolutions populaires. Le nouveau découpage des paroisses en 1791 scella le destin de l’église qui fut entièrement détruite en 1854.
La périphérie
Une halte s’impose devant le 67 Cours Victor-Hugo. Le XVIII° siècle a laissé de nombreux témoignages dans la richesse du patrimoine architectural bordelais. Au 41 fossés Saint-Eloi, aujourd’hui 67 cours Victor-Hugo, s’élève l’Hôtel Raba, demeure des huit frères du même nom, originaires de Bragance au Portugal, arrivés à Bordeaux en 1763 avec leur mère Bernada Luiza Maria. Ils rachetèrent cet hôtel particulier quelques années plus tard en 1779 à une famille de parlementaires bordelais. L’immeuble se lit très classiquement. Un rez-de-chaussée, utilisé autrefois pour les besoins des affaires commerciales des Raba : bureaux et stockage des marchandises. L’étage noble s’orne d’un balcon qui s’appuie sur trois consoles figurées de têtes de faunes. Les clefs de voûtes des ouvertures en plein cintre se décorent de quatre mascarons dont deux d’entre eux, situés aux extrémités, représentent Mercure qui préside aux destinées du commerce. Un des monuments les plus visités de bordeaux : La Tour de la Grosse-cloche n’est que le vestige apparent d’un dispositif qui défendait Bordeaux au Moyen-âge. Cette enceinte, une des plus sophistiquée de Bordeaux, se composait de deux lignes de remparts flanqués de tours rondes protégées par deux fossés parallèles, en faisaient un redoutable dispositif défensif. Au milieu de ce mur s’élevait l’imposante porte. Elle formait une sorte de châtelet composé au total de quatre tours reliées entres-elles par un chemin de ronde. Les parties basses d’une de ces tours se voient toujours dans le bâtiment occupé par l’immeuble du Crédit Lyonnais. La base de sa tour jumelle, bien mise en valeur, prend naissance dans les caves du magasin Brico-relais.
La Grosse Cloche et la rue Saint James
L’histoire de notre célèbre Grosse Cloche débute en même temps que la construction de la seconde enceinte médiévale de Bordeaux, c’est-à-dire autour de 1220. C’est seulement au XVI° siècle que furent créées pour « les jeunes gens se conduisant mal », quelques cellules. Cette prison se nommait d’ailleurs ironiquement « l’Hôtel du Lion d’Or » en raison de la girouette en cuivre doré figurant un lion qui surmonte toujours le petit clocheton. Par une porte en fer ouverte sur la rue de Guienne on pénètre dans l’intimité obscure et glaciale de l’édifice. Un escalier oblique permet d’accéder à un dédale de couloirs et de chicanes fermés par de lourdes portes en bois. Des inscriptions tapissent les murs. Les thèmes de ces graffitis sont variables : revendicatifs, amoureux, d’autres décomptent le temps. Dans un autre cachot celui-là circulaire, la lueur rasante de la lampe électrique fait surgir l’esquisse d’un trois mâts, peut-être le témoignage d’un marin un peu trop turbulent. Rue saint-James.Son nom a évolué au cours des siècles saint Jacmes, saint Jaime, formes espagnoles pour évoquer l’apôtre Jacques-le-Majeur, c’est la rue qu’empruntaient les pèlerins se rendant à Saint Jacques-de-Compostelle. Pendant plus de deux siècles le quartier fut le centre du commerce de la librairie. En atteste au numéro 28 la maison de Simon Millanges, ancien avocat, qui fut l’imprimeur entre 1572 et 1623 de près de 450 ouvrages d’auteurs célèbres tels Michel de Montaigne, Elie Vinet, …
Ecrit par La rédaction