Bordeaux
C’est au niveau de la Porte Basse, souvent confondue avec la porte de Toscanan que se situait une statuette, placée dans une niche, que les bordelais appelaient Saint Bordeaux. Statuette mystérieuse, désormais disparue.
La mystérieuse statuette
Au début du cours d’Alsace- Lorraine, en regardant le fleuve, nous trouvons à gauche la rue de Cheverus, à droite la rue Porte-Basse, lieu où se trouvait la première enceinte de la ville (enceinte romaine), qui allait de la place Pey-Berland jusqu’à la Garonne. A l’intersection de ces deux rues se trouvait la fameuse Porte Basse, informe ouverture de 4 mètres en tous sens, constituée d’une muraille de 2 mètres d’épaisseur, avec au-dessus de la porte une niche renfermant une statuette en pierre d’environ 75 centimètres à 1 mètre de hauteur, selon les témoignages..
Un personnage vêtu d’une longue robe, la tête ceinte d’une couronne de fleurs, avec un livre ouvert à la main, appelé Saint Bordeaux par la population, telle était la statuette. La légende raconte que parmi le peuple, on disait que le fameux saint tournait le feuillet de son livre toutes les nuits, à minuit et qu’on le considérait comme le génie gardien de la ville. Le personnage donna lieu à de nombreuses supputations, on lui rendait visite, on lui demandait des grâces. A l’occasion des fêtes publiques, saint Bordeaux était couvert de fleurs et de guirlandes.
Le 14 juillet 1790 lors de la fête de la Fédération à Bordeaux Duvigneau rapporte que la niche du saint se trouva devenue tricolore, et le saint apparut lui-même coiffé d’un bonnet d’uniforme, l’épée à la main, avec son nouveau nom, La « Liberté ».
Certains ont prétendu que la fameuse statue avait été érigée en reconnaissance à Aliénor d’Aquitaine, d’autres prétendirent qu’il s’agissait d’une Vierge à l’enfant ou bien encore la généreuse duchesse Eléonore de Guyenne et pourquoi pas Saint Bordeaux, nul ne connaît la vérité
La disparition de la statue
Lors de la démolition de la Porte Basse, en 1803, on rapporta que la statue fut volée nuitamment et que le peuple de Bordeaux se trouva très affecté de cette disparition.
Plusieurs autres hypothèses circulèrent quant au devenir de la statue, dont celle de Léo Drouyn déclarant avoir vu la statue chez Monsieur Henri Delpech, écrivain, contemporain de Charles Baudelaire et de Victor Hugo, par ailleurs auteur d’une épopée poétique contant la Création, la Chute, puis le complot de Satan lors de la Passion.
Saint Bordeaux ou pas, la statue semble bien avoir définitivement disparu et si depuis fort longtemps, les bordelais ne viennent plus l’implorer, une sculpture sur un immeuble à l’angle du Cours d’Alsace et Lorraine et de la rue Porte Basse, ainsi qu’une inscription au numéro 44 de la rue de Cheverus, viennent rappeler l’existence puis la destruction en 1803 de cette porte appartenant à la plus ancienne enceinte de notre ville.
Source : Contes et Légendes du Vieux Bordeaux - Michel Colle
Ecrit par Dominique Mirassou