Bordeaux
Porte tardive de la troisième enceinte de notre ville, la porte Cailhau fut construite en avant d’une ancienne porte du rempart romain. Son édification dans un style médiéval commença en 1493 pour s’achever en 1495.
La Porte, protection du Palais de l’Ombrière.
Résidence des Ducs de Guyenne et du futur Roi de France Louis VII lors de son passage à Bordeaux pour son mariage avec Aliénor d’Aquitaine (25 Juillet 1137), le Palais de l’Ombrière va ainsi se trouver protégé par cette nouvelle porte. Elle fut construite suite à la victoire de Charles VIII à Fornoue qui conduisit à la prise de Naples, bataille à laquelle participait l’archevêque de Bordeaux, le Cardinal d’Epinay ainsi qu’une partie de la noblesse bordelaise.
Désireux de célébrer cette victoire, les jurats décident de placer, côté quai dans une niche, au centre, au-dessus de la porte, une statue à l’effigie de l’illustre roi Charles VIII, à sa gauche, celle du Cardinal d’Epinay et, à sa droite, celle de Saint-Jean, patron de la Jurade. Ces statues disparues lors de la Révolution, sont remplacées aujourd’hui par des copies modernes. Sur la façade, côté place, se trouvent les armes de France, la porte symbolisant ainsi le rattachement du cœur des Bordelais à la France.
Porte Royale
La nouvelle porte, surnommée porte royale en raison de sa fonction d’accueil des princes a la forme d’un arc de triomphe, couvert d’élégants clochetons et percé de fenêtres à meneaux qui témoignent du déclin de l’art gothique et annoncent les élégances du style renaissance. En 1754 lors de l’aménagement des quais, Tourny ne réclame pas la destruction de la porte Cailhau, il en fait simplement élargir l’accès par l’architecte Dardan. De 1880 à 1890 la porte sera restaurée par l’architecte Charles Durand, ce qui fera déclarer par le conseiller municipal Abel Jay au Maire Adrien Baysselance :
« Vous savez avec quelle satisfaction et quelle sympathie la population bordelaise a vu sauver de la ruine un monument qui lui est cher. Elle vous montre ainsi, et vous avez senti comme elle, la nécessité de certaines dépenses, peut-être sans utilité apparente, mais qui ont pour but de satisfaire le goût artistique, d’embellir la cité et de ne pas laisser périr les souvenirs d’un passé dont nous ne pouvons plus nous détacher que de la patrie elle-même ».
- Gravure de la Porte Cialhau
- Porte Cialhau, La grande inondation du 23 juin 1875, gravure, coll. Bertreau.
Le Musée
Le 28 mai 1883, la porte Cailhau devient un monument historique classé au patrimoine français. Le 27 décembre 1907, la Société Archéologique de Bordeaux, avec le concours de la ville, crée à l’intérieur de la porte Cailhau un musée comprenant notamment des vestiges de l’époque gallo-romaine, des cartes, sceaux, lettres carnets de voyages, poteries, aquarelles, faïences, verreries, des portraits de Bordelais tels Léo Drouyn, Rosa Bonheur, mais aussi une robe de soie ayant appartenu à la célèbre Madame Tallien et la bibliothèque de la Société archéologique.
La plupart de ces objets ont été transférés au musée d’Aquitaine. Aujourd’hui, le musée expose la donation Missègue, évocation du métier de tailleur de pierre.
La porte du Caillou
« En 1493 fut bastie la porte de la ville de Bourdeaux, du costé de la rivière et qui regarde le palais de l’Ombrière et fut appelée du Caillou, parce-que les navires qui venoyent à Bourdeaux pour querir des vins, deschargeoient en cet endroit leur lest, qui estoit ordinairement du caillou »
La crue du siècle les 23, 24 et 25 juin 1875 verra la Garonne atteindre 11m40 au-dessus du niveau normal. Elle provoquera la mort de 209 personnes et détruira 1400 maisons, les quais et la porte Cailhau seront inondés.
Si le palais de l’Ombrière a depuis longtemps disparu, la porte Cailhau, monument cher au cœur des Bordelais, demeure un des témoignages les plus émouvants de l’histoire de notre cité, puissions-nous de générations en générations en assurer sa pérennité.
Source : Dossiers d’Aquitaine

Ecrit par Dominique Mirassou
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