Curé de Bouliac puis Archevêque

Pey Berland suit des études à l’école de la Cathédrale de Bordeaux, puis de droit et de théologie à l’Université de Toulouse. En 1413, le pape Jean XXII le nomme chapelain des Carmes et curé de Bouliac. En 1423, le roi Henry VI d’Angleterre le nomme à la Cour de Guienne.

En 1429, le chapitre Saint-André dont Pey Berland est le trésorier adjoint ordonne d’ériger un campanile pour abriter les cloches de la cathédrale, construction qui va durer six ans et prendre le nom de « Tour Pey Berland ». En 1430, Pey Berland est élu Archevêque par ses pairs, élection confirmée par le pape Martin V et par le roi d’Angleterre. Le prélat dispose du commandement des armées et du droit de grâce des condamnés à mort.

Le bâtisseur et l’ami des pauvres

En 1436, Pey Berland fait construire dans le quartier St Seurin, l’hôpital Saint-Pierre qui va servir d’asile de nuit aux pèlerins qui arrivent après la fermeture des portes de Bordeaux et de préciser : « tous les pauvres peuvent y être admis ». Peu après il crée les hôpitaux de Sainte-Croix et de Puch-Mouton (aujourd’hui place Canteloup).

La fondation de l’Université de Bordeaux

Avec l’accord et les encouragements du Maire anglais de Bordeaux, Gadifer Shorthose, Pey Berland obtient du pape Eugène IV l’autorisation de fonder une université pouvant décerner baccalauréat, licence et doctorat. Cette université s’installe dans le couvent des Grands Carmes (à l’entrée de l’actuel Cours Victor Hugo).

Poursuivant ses nombreux efforts en faveur de l’instruction, l’Archevêque fondera en 1442 dans le quartier Sainte Eulalie, le collège Saint-Raphaël afin d’y recevoir des élèves destinés à la prêtrise. Il fait préciser que la moitié des places au sein de ce « séminaire » seront réservées à des candidats d’origine modeste.

La fin de la guerre de Cent Ans, la reddition de Bordeaux

Le roi de France Charles VII attaque l’Aquitaine, Pey Berland toujours loyal envers le roi d’Angleterre, organise la résistance de Bordeaux. Les renforts anglais n’arrivant pas, Pey Berland négocie la reddition alors que les jurats de Bordeaux, refusant d’être soumis aux taxes imposées par le roi de France, appellent toujours les Anglais au secours. Le roi d’Angleterre envoie son meilleur général, Sir John Talbot acclamé par les bordelais. La garnison française dirigée par l’artilleur Jean Bureau quitte alors la ville et se retire sur les hauteurs de Castillon.

Talbot, son fils et ses hommes, partis pour assiéger Castillon, sont massacrés, le Grand Conseil de Bordeaux présidé par Pey Berland apprenant la nouvelle, refuse de se rendre, 8000 hommes d’armes sont prêts au sacrifice. Depuis Lormont, Jean Bureau dirige les tirs des canons sur la ville, le roi de France ordonne le blocus, la disette s’installe, Bordeaux se rend, les conquérants entrent dans une ville silencieuse et affamée, alors que les Anglais se sont enfuis.

La fin de Pey Berland

Harassé et humilié, Pey Berland est contraint d’abandonner son siège épiscopal. Il va se retirer au collège de Saint Raphaël fondé par lui dix ans plus tôt. Il y mourra le 17 janvier 1458, après avoir donné par testament tous ses biens aux pauvres.
Il repose dans le chœur de la cathédrale sous une pierre tombale de marbre blanc.
Un éminent personnage de notre cité plutôt mal connu des bordelais ….

Source : Dossiers d’Aquitaine