Les docteurs fraîchement promus dont l’âge oscillait entre vingt-trois et quarante ans furent invités les uns après les autres à venir se présenter pour prendre possession du précieux diplôme. Sandro Landi ; directeur de l’École Doctorale « Montaigne-Humanités », et Frédéric Boutoulle ; vice-président de la Commission recherche les ont accueillis, vêtus chacun d’une toge d’un jaune vif dont les manches étaient bordées d’une sorte d’hermine qui n’avait certainement rien à voir avec ce délicat petit animal. La présidente de l’Université Bordeaux Montaigne, Hélène Vélasco-Graciet était là, elle aussi. Les spectateurs limités à deux personnes par famille étaient invités.
Chaque docteur portait la tenue que l’on est plus habitués à voir dans les films américains, c’est-à-dire une toge et un chapeau plat appelé mortier à cause de sa ressemblance (assez vague) avec l’outil du même nom. Le tout d’une couleur bleue électrique. Un rutilant pompon doré oscillait de ce couvre-chef tout à fait académique, au bout duquel, un victorieux « année 2016 » se balançait, probablement, pour signaler que cette année serait l’une des plus importantes de leur vie.

Chaque sujet de thèse fut énoncé laissant souvent les profanes que nous étions plutôt perplexes. Nous ne pouvions pas nous empêcher de les admirer. Radieux et soulagés d’en avoir fini avec ce chantier qui leur avait couté plusieurs années de leur existence à vivre en reclus, souvent en sacrifiant un peu de leur jeunesse et parfois quelques amis. Il faut comprendre que se lancer dans la composition d’une thèse revient à escalader une montagne très haute et très difficile d’accès. Au début on est enthousiaste, on se croit prêt, ensuite on comprend ; à chaque pas, on se demande s’il ne vaudrait pas mieux abandonner. La difficulté, le courage et la ténacité que cela demande donnent à ce diplôme prestigieux, toute sa valeur.
Si vous côtoyez un doctorant, et que les années d’études s’allongent, surtout ne lui posez pas la fameuse question : « - alors, quand est-ce que tu passes ta soutenance ? (L’examen où le doctorant présente sa thèse à un jury d’experts qui décident s’il est digne d’être docteur) ne vous étonnez pas s’il détourne le regard et répond épuisé d’un ton lassé et évasif : « - le mois prochain… »
Et s’il vous plait, ne répliquez pas ! : « - n’était-ce pas ce que tu m’avais déjà dit le mois dernier ? » Ne les jugez pas, encouragez-les. Ils en ont besoin.

Un délicieux apéritif dinatoire fut offert à cette foule de nouveaux docteurs en science, géographie, art, littérature, physique, langue… etc. et leur famille.
Les différents présidents et directeurs se prêtèrent gentiment à une séance photo encadrant les nouveaux docteurs épanouis et heureux. Comme pour déclarer que ces étudiants avaient enfin droit à la légèreté, la remise fut clôturée par un lancer de chapeaux colorant d’une joyeuse pluie bleue cette cérémonie.