Cela va poser un vrai problème au rugby français cette équipe qui peut aligner cinquante-huit joueurs sur une saison alors que la plupart ne peut guère dépasser la trentaine. L’aura du club est telle que jouer au Stade Toulousain est simplement pour beaucoup le plaisir de revêtir le maillot, plus que la chasse aux salaires. Ainsi des familles entières n’hésitent pas à déménager de l’autre bout de la France, quand elle ont la chance de voir leur gamin de 10 ou 12 ans sélectionné par le club où ils vont être suivi et formé pour peut être un jour revêtir le maillot chez les grands. Du reste dans son recrutement à l’extérieur, le Stade Toulousain ne s’est pas trompé en ouvrant la porte à Alexandre Roumat qu’Urios rechignait à faire jouer car il est déjà en deux ans titulaires de trois titres, deux de champion de France et un de champion d’Europe, où peut on faire mieux ? Difficile pour les autres clubs d’imiter ce club qui ne s’est pas construit sur des joueurs venant de l’autre bout de la planète comme l’a pratiqué le RC Toulon à une époque mais sur une philosophie qui lui est propre dont la source sont les années Villepreux ou l’on ne doit pas jouer contre nature et s’impliquer totalement dans le jeu déployé. Laurent Marti cherche à emprunter cette voie mais il ne dispose pas de suffisamment d’antériorité dans la construction de l’UBB qui n’a guère plus de dix ans d’âge. De plus, il faut trouver le personnel qualifié, de préférence issu du club fidèle à cette feuille de route. Quand on y regarde de près à Toulouse, tout vient du club et tout procède du club.

UBB

Penaud

En ce qui concerne le match, peu de chose à dire sinon que le cavalier seul des toulousains a complètement écrasé une équipe bordelo-béglaise incapable de réagir dans le combat au sol, ayant toujours un temps de retard dans l’engagement sur les rucks. La touche défaillante aussi bien dans le lancé que comme dans la prise de balle. Des lancements de jeu plutôt "mollasson" et ce ne sont pas les quelques velléités de Buros ou de Penaud qui ont inversé le cours du jeu. Quand l’UBB est rentrée sur le terrain de Marseille, elle avait fini sa saison en conjurant l’écueil de la demi-finale en battant le Stade Français en jouant à la maison au Matmut Atlantique. C’est là où on voit que le mental est important car au mois de mars les bordelo-béglais l’avaient emporté par 31 à 28 face au Stade Toulousain, avec il est vrai avec un Jalibert et un Tameifuna en pleine possession de leurs moyens. C’est quand même la deuxième fois que l’UBB se singularise dans ce Top 14 avec cette année jamais finie de 2020 ou le titre leur tendait les bras et ce score historique encaissé en finale, du jamais vu ! Il faut voir cet échec comme une péripétie, certes de taille, de la construction d’un club qui veut affirmer son identité mais cela ne se fait pas du jour au lendemain. On voit que même un peu plus de dix ans sont bien courts pour obtenir ce résultat. En faisant jouer un Jalibert et un Tameifuna diminués le staff a sûrement commis une erreur mais pour l’instant l’UBB n’a pas le réservoir du Stade Toulousain alors avec de la patience et une stratégie affirmée ça viendra. On verra lors du premier match à Chaban en septembre si le public lui en tient rigueur.