Le COVID-19 fait tomber les masques

« Nous sommes en guerre. » déclarait Macron, les premiers jours de la pandémie . Mais quels soldats montent en première ligne, chaque jour, et avec quelles armes ? Qui pour conduire les taxis de la Marne : les couturières (des villes) de la Marne ?




Le secteur pharmaceutique est t-il sur le pied de guerre ? Et où sont les munitions ? Fournir aux professionnels de santé et aux patients : masques, solutions hydroalcooliques, visières, surblouses et plus encore tests, respirateurs ; sans compter les traitements en soins intensifs et services de réanimations ; tel que curare, anesthésiant … dont les besoins augmentaient rapidement ; durant le premier mois , en fonction de la progression du virus dans les départements. Tandis que la Région Grand Est et l’Île de France ont été prises de court ; que les hôpitaux en Rhône Alpe se remplissent , notre Sud Ouest a pu relativement se préparer à affronter le pic de la pandémie. Mais cela suffit il ?

Petit tour de France du système pharmaceutique… faute du Tour en juillet ! Comment ce secteur organise , habituellement, la répartition des médicaments ? Sans entrer dans le détail, la distribution en gros de produits pharmaceutiques est assurée par des grossistes-répartiteurs pour les officines ; par les entreprises du médicament pour les pharmacies à usage intérieur (hôpitaux, cliniques, maisons de santé…) . En ce qui concerne les entreprises de répartitions et l’hexagone en compte sept, elles connaissaient déjà un phénomène de concentration à l’échelle européenne. L’objectif de qualité nécessite la présence d’un pharmacien responsable pour encadrer ces opérations de logistiques pharmaceutiques. Car la gamme de produits gérés comprend plus 5300 spécialités, pour lesquels les grossistes ont l’obligation d’en référencer les 2/3 et de livrer les commandes des officines sous 24h . Dans les établissements de soins, la procédure d’achat peut différer du privé au public ; on parle alors de commande privée ou publique. Notons que dans le cadre du public, sont autorisés à l’achat, uniquement les médicaments inscrits sur une liste ministérielle, après avis de la Commission de Transparence. (Source : Chambre Syndicale de la Répartition Pharmaceutique)

Or qu’en est t-il depuis le début de la crise sanitaire en France ? Un grain de sable ou plutôt un microbe - s’est introduit dans cette mécanique qui semblait bien huilée .

D’un coté une médecine de ville, avec son armée de médecins et d ‘infirmiers libéraux, sensés être fournis en matériel de protection par les pharmacies, qui elles même devraient l’être via les stocks de l’état, ceux de l’Agence Régionale de Santé … vraiment au compte goûte depuis plus de quatre semaines ! Que se passe t-il ?

Masques FFP2

Prenons le cas des masques, fer de lance du combat médical contre la propagation du coronavirus. Durant les semaines déjà écoulées, il est à noter que l’A.R.S. a pu donner :
- Tout d’abord une cinquantaine de masques à chaque pharmacie, dont le responsable peut décider d’en céder ou non à ses employés, qui ne sont pas officiellement prioritaires. Selon le témoignage d’une préparatrice en pharmacie, qui continue à se rendre au centre de Bordeaux pour son travail depuis le début du confinement et d’accueillir les patients au guichet : « Nous, préparateurs en pharmacie, ne sommes pas prévus dans la dotation de masques, ni pour la garde de nos enfants… »
- Rappelez moi ce que déontologie signifie ! Aussi , pour se protéger elle s’est résolue à acheter sur internet une soixantaine de masques FFP2, en passant par une plateforme qui vend « une large sélection d’articles (en tout genre et) à prix mini ». Qu’elle a reçu au bout d’une dizaine de jours, soit dit en passant ! - Tandis qu’au bout d’un mois, les stocks nationaux ne sont toujours pas livrés en quantité suffisante dans ces mêmes officines, afin d’être redistribués aux médecins de ville, infirmiers… services d’aide à domiciles. Ce que confirme à son tour Valérie, IDEL (Infirmier Diplômé d’État Libéral) dans l’agglomération bordelaise : « Sur les quatre semaines que durent d’épidémie, je n’avais pas de FFP2 la première semaine ; nous en avons reçu six (qui datent de 2001 et dont les élastiques peuvent céder en milieu de journée) par semaine (les deux suivantes) et toujours rien la quatrième ! Alors que nous avions déjà des patients atteins du Covid. Et ce pendant que nombre de personnes se baladent avec des protections , alors qu’elles n’ont rien à faire dans la rue !  ». La fatigue morale est palpable ; les applaudissements du soir ne suffisent pas !!
Cela soulève une question : faut il acheter ses propres masques pour se protéger en tant que professionnel de santé, policiers ... alors que l’état ne parvient toujours pas à remplir son rôle, ni dans les temps, ni dans les volumes ? Quid de l’interdiction de la vente des masques N95 (du 23 mars) devant être réquisitionnés par l’état ? N’est ce pas la porte ouverte au marché noir ? A Hendaye un réseau de malfrats propose déjà des masques livrés à domicile, afin d’obtenir les éléments des cartes bancaires de leurs victimes potentielles. L’alerte a été donnée… Pire, un pharmacien de la CUB qui non seulement ne redistribuait pas les masques confiés aux officines par l’état (au compte goûte) pour les professionnels de santé
libéraux… mais les revendait aux particuliers 7,10E la pièce – sachant qu’un paquet de 10 masques chirurgicaux est vendu habituellement 1,20E !

La vérité sur la pénurie de masques - Karim Duval (Vidéo Humouristique)
par [Karim Duval->https://www.youtube.com/channel/UC57bDOxg_KlFMn2ze5f0QlQ]
https://www.youtube.com/watch?v=KluVuTECEUE

L’évolution permanente des consignes officielles concernant les masques ; mais aussi les tests favorise cette situation. Il était tant que le président se positionne clairement ! C’est chose faite depuis hier soir, lors de son dernier discours du lundi de Pâques : « Le 11 mai, date du début du déconfinement progressif des Français, nous serons en mesure de tester les personnes qui présentent les symptômes du Covid. »

De l’autre coté, hôpitaux et cliniques qui doivent accueillir les patients les plus critiques. Bordeaux Gazette a souhaité donner la parole à des pharmaciens hospitaliers. En temps normal, ils exercent des activités de dispensation, de reconstitution de médicaments ; également d’information des patients et de l’équipe médicale. La pharmacienne d’un établissement privé bordelais interrogée sur la gestion de la crise actuelle nous confit : « Depuis un mois, je n’ai pas l’impression d’exercer le même métier ; nous passons notre temps au téléphone, avec mon assistante, pour contacter les laboratoires, afin de compléter nos réserves de matériel de protection ( surblouse, charlottes et lunettes... ). En ce qui concerne les simples masques chirurgicaux et les FFP2, l’ARS nous en a fourni en provenance de l’hôpital Haut-Lévêque. Ces derniers , la Société d’Hygiène Hospitalière ne les recommande que dans les secteurs Covid ». Les autres services ont été grandement vidés de leurs patients ; les RDV à venir reportés… d’où un certain sentiment de désœuvrement dans cet établissement du secteur médical privé. Mais, à Bordeaux, les constatations dans chaque secteur, voir chaque service peuvent différer de beaucoup. Actuellement ; une infirmière d’une Unité de Gériatrie Aiguë voit décéder un patient par jour du Covid 19. La cadre d’un des services d’urgence hospitalier résume également son sentiment sur la situation : « L’été 2003 en raison de la canicule, l’hôpital avait pu connaître , certes , une situation de crise, des manques en perfusion par exemple… mais limitée à deux trois semaines. Alors qu’en 2020 , après un mois de crise sanitaire, le pic de la pandémie n’est pas encore derrière nous dans le Sud Ouest. Même si nous avons profité des effets de l’enfermement de prés de la moitié de l’humanité depuis des semaines , par rapport aux premières régions touchées en France et à l’étranger ; si nous avons bénéficié également et malheureusement des enseignements italiens et chinois - peut on s’y fier totalement. La mondialisation nous rend de surcroît très dépendant des fournisseurs étrangers en matériel médical : nous le constatons de manière cinglante. Dans ces conditions , les estimations de stocks semblaient difficiles… entre le principe de précaution reproché à Roseline Bachelot et la politique hospitalière actuelle de flux tendu . Mais peut être que ce manque de matériel nous amènera à revoir nos pratiques de soins : politiques et médicaux, main dans la main. »

Si l’on s’éloigne de la métropole aquitaine, Anje pharmacien au Centre hospitalier de Saint Palais ( Groupement Hospitalier Territorial de Bayonne ) déclarait, la semaine dernière, le Pays Basque ne pas encore être touché réellement par l’épidémie ; seuls quelques cas envoyés à Bayonne depuis l’est de la France. Mais en souvenir de la canicule 2003 (ou les perfusions avaient également manqué) lors de l’apparition du coronavirus en chine ce pharmacien hospitalier avait pris les devant auprès de ses fournisseurs, du Groupements d’Achat d’Aquitaine ; il a reçu des dons également, des dotations de l’état au bout de quinze jours : Mais on passe des heures au téléphone pour obtenir des masques qui ne sont finalement que chirurgicaux, suffisant en l’état actuel des choses a savoir tant que l’épidémie n’a pas encore frappé la région. Tout cela laisse un goût amer.

Quelles améliorations apporter dans les semaines à venir ? Le dernier mot appartient au président : « 90 entreprises françaises se sont déjà lancées dans la fabrication de masques. En parallèle, une centaine d’études thérapeutiques ont débuté - Quid de la chloroquine ? » Effectivement, des entreprises françaises non pas attendu pour se mettre à fabriquer non seulement des masques (Armor Lux le fabriquant breton de vêtements, des papeteries telle que Prat-Dumas en Dordogne ; de mouchoirs, de serviettes...) de leur propre initiative ; mais aussi gels hydroalcooliques tels que les labo Yves Rocher, Pierre Fabres... ou Pernod-Ricard qui n’est plus à présenter !

A propos d’alcools et spiritueux : « A touts les gérants de bars et cafés, il est conseillé en vu du dé-confinement, d’anticiper vos commandes de vins et spiritueux » pour ne pas aboutir a la même situation de pénurie… Même si Emmanuel Macron a expliqué aux Français que les lieux publiques, bars et restaurants rouvriraient en dernier et en fonction de l’évolution de la situation sanitaire. Coup dur pour la profession… et pour la saison touristique de notre région !!

Ecrit par Vassof


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