Avant-dernier journaliste de l’ étonnante collection de ces hommes qui ont vu et ont fait la Révolution, Florence Mothe tracera, le dimanche 12 décembre à 17 h, au château de Mongenan à Portets, le portrait de Jean-Baptiste Suard. Drôle de personnage, connu surtout, non pour ses œuvres, non pour son siège de secrétaire perpétuel de l’Académie française, non pour avoir épousé la sœur du grand éditeur Panckoucke, mais pour avoir, en pleine Terreur, fermé la porte de son jardin au proscrit Condorcet qui était l’amant de sa femme. Vengeance posthume de minable cocu, acte de lâcheté d’un écrivain médiocre jaloux de la célébrité de son rival, pleutrerie égoïste d’un pauvre type ? Allez savoir comment nous aurions réagi dans ces temps effroyables ? En tout cas, Jean-Baptiste Suard sera un des rares journalistes à survivre à la Révolution. Il s’exila brièvement à Coppet où il retrouva sa grande amie, Mme de Staël, qui ne manquait pas de courage et ne cessait de comploter contre tous les régimes. Suard méritait de figurer dans la galerie de portraits que Florence Mothe a patiemment dessinés, conférence après conférences depuis le mois de septembre. Tous les journalistes, même ceux qui ont du talent, ne sont pas des héros. Suard s’est fait remarquer par son art subtil de ne prendre aucun parti quand tout le monde se battait. La postérité des indécis devrait, de ce point de vue, lui édifier une statue.

Renseignements :
Château de Mongenan : 05 56 67 18 11
Visite commentée du musée du XVIIIème siècle à partir de 14 h.
Conférence à 17 h suivie de la dégustation gourmande des vins du domaine. Entrée 10 €.