Le préfet Michel Delpuech est venu présenter les modifications qui vont affecter les Conseils Généraux lors du renouvellement de 2015. En fait la communication était pour avis simple sans pouvoir changer quoi que ce soit au texte sinon à la marge comme changer le nom des cantons. Les contraintes ont été ficelées par le Conseil Constitutionnel dont la principale est de ne pas s’écarter de plus ou moins 20% d’un chiffre moyen de population. Avec cette réforme on s’approche d’un parlement départemental mais on reste en droit de se demander quelles seront ses ressources et ses compétences ?
Michel Delpuech a précisé lors de son intervention : La loi organique n° 2013-402 et la loi n° 2013-403 du 17 mai 2013 constituent en effet une étape majeure dans l’évolution de l’institution départementale.
En instaurant un scrutin majoritaire binominal et paritaire dans le cadre de circonscriptions cantonales recomposées sur la base de critères démographiques, la loi du 17 mai 2013 renoue le fil de l’histoire des départements et fait oeuvre de modernité en garantissant un triple objectif de parité, de proximité et d’égalité. Les 63 cantons actuels de la Gironde à l’aune de ce projet vont passer à 33 qui est un chiffre hautement symbolique pour la Gironde et donc sur le plan du symbole opération réussie par contre en terme d’économie c’est un peu raté car cela va faire 66 conseillers départementaux alors qu’il n’y avait que 63 conseillers généraux. Cette augmentation est simplement due au fait que l’on passe d’un scrutin uninominal à un scrutin binominal car chaque canton sera représenté par un homme et une femme, histoire d’ancrer dans les mœurs la parité au détours de ce choix électoral. La formule va amener à faire "passer par la fenêtre" 2/3 de la composition de l’actuel Conseil Général de la Gironde et il y a eu des absents lors de cette séance. Défenseur du projet, Philippe Madrelle s’est évertué tout au long de la discussion à répéter pour justifier le redécoupage qu’il s’agissait de "trouver un territoire pour faire élire deux représentants" face aux critiques qui se sont faites jour. Si Philippe Plisson qui a pris la parole après Mr le Prefet s’est aussi positionné comme un défenseur du texte, les critiques ont fusé aussi bien de la part des urbains de l’assemblée car l’enjeu pour Bordeaux est évident, mais il faudra attendre la suite, que des ruraux qui considèrent que le monde rural est trahi et c’est l’urbain Pierre Lothaire qui a fait remarqué que "ce projet est une sanction flagrante pour le monde rural". On s’est envoyé à la face des arguments de charcutages électoraux, mais c’est récurrent dès qu’on touche à une carte électorale et de plus dans ce cas la modification est importante car il a fallu assembler et redécouper en tenant compte des critères émis par le Conseil Constitutionnel. Alain David est intervenu pour proposer de renommer quelques cantons.
Curieusement pendant ce débat nul n’a demandé si le patron de cette nouvelle assemblée devra être une femme ou un homme et ils seront 66 à voter ce qui risque de poser problème en cas d’égalité parfaite. La position de Jean-Jacques Paris est plus critique sur le fond que sur la forme, il réclame carrément un scrutin à la proportionnelle et il a posé en des termes précis la question du devenir du département. En gros il s’agissait d’informer et non de proposer car tout est déjà arrêté et la seule satisfaction que l’on puisse tirer de ces modifications c’est que pour l’instant le département est confirmé dans son existence puisqu’il a son parlement. Au contraire, la précédente réforme avec le conseiller territorial, être hybride par essence et cumulard de fait ne pouvait donner de consistance à une structure qu’au détriment de l’autre et qui risquait de passer son temps à détricoter le lendemain ce qu’il avait tricoté la veille. Il restera quand même à définir les compétences de chaque assemblée territoriale afin d’éviter les doublons entre département et région.

Ecrit par Bernard Lamarque
Co-fondateur de Bordeaux Gazette
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