Ce mythe de la trilogie des Atrides, maintes fois raconté, Gurshad Shaheman a eu la lourde tâche de se l’approprier pour le transposer dans notre siècle tourmenté et barbare.
L’intrusion de la modernité comme la conférence de presse d’Agamemnon face à des comédiens-journalistes disséminés dans la salle ou le reportage du procès final d’Oreste, sont autant de rappels à l’intemporalité et à l’universalité du sujet : « il n’y a pas de guerre propre ».

Pour cette ouverture de saison et comme souvent au TnBA, les décors et lumières sont magiques : des branches feuillues se balancent doucement en fond de scène, au centre de l’espace, un cimetière vertical d’où peu à peu vont s’extirper les fantômes pour se mêler aux vivants. A cour, des gradins sur lesquels viendront se poser tour à tour les comédiens.
La distribution franco-portugaise est brillante.
Il faut particulièrement saluer les prestations remarquables des deux Clytemnestre : Bénédicte SIMON et la portugaise Teresa COUTHINO, celle d’ORESTE magnifique Mickaël PELISSIER, l’époustouflante Phytie (Inès DIAS), la jeune fille Telma CARDOSO, Carlos MALVARES dans le rôle d’EGISTHE, et enfin Tomé QUIRINO qui interprète Agamemnon et le journaliste avec brio.
Sauf pour certains monologues un peu longs, le sous-titrage en français ne gêne pas le spectateur. Seule l’interchangeabilité des personnages perturbe quelquefois, en particulier pour ceux de Clytemnestre et d’Oreste.
La musique d’Esteban Fernandez participe aussi à la beauté de ce spectacle et le violoncelle de Garance Degos enchante.

Le final déclamé par la jeune fille est un coup de poing, elle crie le désespoir d’une jeune génération qui refuse le monde tel qu’il est aujourd’hui et qui voudrait d’un univers inclusif, non genré, où les nations disparaîtraient et où la paix et la générosité règneraient enfin. Cela s’appelle L’UTOPIE … C’est donc, vous l’aurez compris une pièce très, (trop ?) politisée.

Mais c’est avant tout un très beau spectacle très maîtrisé et parfaitement construit grâce à ses deux metteurs en scène, et qui marquera certainement l’histoire du TnBA, les applaudissements sont nourris et mérités.
A voir absolument …

Pour que les vents se lèvent

Texte Gurshad Shaheman
Mise en scène Nuno Cardoso et Catherine Marnas
Avec 6 comédien·nes français·es :
Zoé Briau, Garance Degos, Félix Lefebvre, Léo Namur, Mickaël Pelissier, Bénédicte Simon.
et 6 comédien·nes portugais·es
Carlos Malvarez, Gustavo Rebelo, Inês Dias, Telma Cardoso, Teresa Coutinho, Tomé Quirino

Assistanat à la mise en scène Janaína Suaudeau
Lumières José Alvaro Correia
Scénographe Fernando Ribeiro
Création sonore Esteban Fernandez
Costumes Emmanuelle Thomas

En partenariat avec le Teatro Nacional São João (TNSJ), Porto et le FAB – Festival international des Arts de Bordeaux Métropole

Projet labellisé dans le cadre de la Saison France-Portugal 2022 de l’Institut français
Production TnBA – Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine, Teatro Nacional São João (TNSJ), Porto

Avec le soutien de l’Institut français, du fonds d’insertion de l’éstba financé par la Région Nouvelle-Aquitaine, de la DRAC Nouvelle-Aquitaine, de la Ville de Bordeaux – Institut Français

Durée Durée estimée 3h

Spectacle en français et portugais surtitré en français

4 – 8 octobre 2022
Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine

20 octobre – 6 novembre 2022
Teatro Nacional São João (TNSJ), Porto (Portugal)

16 – 17 mars 2023
Le Meta, Centre dramatique national de Poitiers

1er – 7 avril 2023
Le Préau, Centre dramatique national de Vire