Bordeaux
Malgré la pluie et un lendemain de réveillon, tôt dans la matinée de nombreux Bordelais se sont rendus sur les quais pour inaugurer par une balade à pieds le pont Chaban-Delmas qui relie les quartiers de Bacalan et de La Bastide.
Dans la lumière tamisée du matin, l’ouvrage d’art révélait son élégance, livrant des points de vue inédits sur les contrastes des deux rives. En amont ; d’un côté la majestueuse façade des quais de Rive Gauche, épousant la courbe du Port de la Lune ; de l’autre la berge bastidienne, encore nature pour ne pas dire toujours sauvage. En aval les installations du port maritime avec l’entrée des Bassins à Flots. Pour la première fois depuis deux décennies, les Bordelais découvraient que le port de commerce que l’on croyait exilé dans de lointains avant-ports est toujours là, plus près que jamais, aux portes de la ville. L’expression de « Bordeaux maritime » jusque là quelque peu technocratique prenait tout son sens.
Tout au long de la journée, le soleil revenant et les vapeurs du réveillon s’éloignant, la foule se fit de plus en plus dense ; de même que les conversations. A 14h45 on comptait déjà plus de 12 000 visiteurs et près de 40 000 en fin de journée. Venus en voisins de Bacalan et de La Bastide ou de plus loin, grâce au tram, les visiteurs ne se contentaient pas d’admirer l’esthétique du pont. Ils évoquaient l’avenir d’un quartier promis à un bel avenir. Les uns tentaient d’imaginer ce que pourrait donner le futur centre du vin ; d’autres rêvaient déjà de la visite du musée maritime de Norbert Fradin ; d’autres encore déclaraient attendre avec impatience le premier passage d’un paquebot sous le pont ou la semaine maritime et la fête du fleuve (fin mai début juin).
Certains promeneurs, plus politiques, soulignaient la continuité dans l’action de la CUB, rappelant que le pont avait été voulu et décidé sous la présidence d’Alain Juppé, élaboré sous celle d’Alain Rousset, et réalisé sous Vincent Feltesse. Pendant que les photographes et cinéastes s’en donnaient à cœur joie, tous, enfin, s’étonnaient de la rapidité avec laquelle on franchissait le fleuve grâce au pont : moins de dix minutes. En réunissant les deux quartiers de Bacalan et de La Bastide, le « pont Baba » a fait tomber l’une des dernières frontières de Bordeaux.

Ecrit par Antoine Lebegue
Recherche
Sur le même sujet
Bordeaux Gazette Annuaire
