A Bordeaux on a fait le lien avec les fusillés du camp de Souge car c’est vers eux que sont allés les pensées des acteurs de cette commémoration car quelque part c’est la reconnaissance pour tous les étrangers morts pendant la Seconde Guerre Mondiale car tous n’ont pas eu droit au statut de "Mort pour la France". C’est a l’appel du Parti communiste que de nombreuses célébrations ont eu lieu à Bordeaux et particulièrement celle du cimetière de la Grande Chartreuse ou le secrétaire départemental Sébastien Laborde a accueilli les participants à cet hommage qui va donc bien au delà de la personne du poète Missak Manouchian membre du parti communiste et résistant qui n’avait pas obtenu sa naturalisation que ce soit en 1933 ou en 1939 alors qu’il la désirait et se disait « Français de préférence ». Cet accueil au Panthéon du couple Manouchian est vécu comme une reconnaissance tardive de ce que que les combattants étrangers ont apporté à la France dans sa lutte contre le nazisme et sa libération car c’était un membre des FTP-MOI (Francs Tireurs et Partisans - Main-d’œuvre immigré )qui a mené la lutte à Paris et qui lors de son procès a apostrophé les personnalités fascisantes présentes en prononçant ces mots "Vous avez hérité d’être français par votre naissance, nous nous l’avons acquis par le sang". Aujourd’hui celui qui voulait être français est devenu le symbole de la France résistante et libre accompagné de ses 23 compagnons d’armes.

Jean Lavie Lors de son discours avec à ses cotés Sébastien Laborde

C’est bien de cela dont il s’agit de cette nationalité française qu’implicitement tous espéraient et qui n’a pas forcément été reconnue à tous ces combattant étrangers évoqués dans le poème de Louis Aragon "L’Affiche Rouge " mis en musique par Léo Ferré "Nul ne semblait vous voir Français de préférence". C’est ainsi que dans son discours Jean Lavie, président de l’Association du souvenir des fusillés de Souge a eu l’occasion de rappeler ramenant la commémoration à la dimension bordelaise et girondine "que parmi les 256 fusillés de Souge victimes des nazis et de la police vichyste, 26 étaient nés à l’étranger (un parmi eux avait été naturalisé en 1938), auquel s’ajoutait un descendant né de parents étrangers, soit 11%. Parmi eux on dénombre 9 espagnols, 6 soviétiques, 5 italiens, 2 polonais, 2 allemands, 1 roumain, 1 hongrois, 1 haïtien", tous se considérant en "soldat régulier de l’Armée française de la Libération". On peut retrouver plus de détail sur la page Souge (Gironde), 1940 - 1944. La municipalité était présente en la personne d’Olivier Escots qui a aussi pris la parole au cours de cette manifestation très symbolique où le Parti Communiste a honoré un des siens, entré au parti communiste en juin 40. Missak et Mélinée Manouchian font leur entrée au Panthéon le 21 février 2024, quatre-vingts ans jour pour jour après l’exécution de Missak.

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient le cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant.
Louis Aragon