Dans les deux dernières décennies du XXe siècle l’idée chemine de créer un grand centre culturel du vin sur les bords de la Garonne. Un projet que légitiment l’engouement pour le vin à l’époque et la place de capitale mondiale qu’occupe Bordeaux. Un leadership que personne ne conteste comme le prouve le succès du salon Vinexpo, créé en 1981. Toutefois, si l’idée séduit il faut attendre 2008 pour qu’elle prenne corps, quand le maire de Bordeaux Alain Juppé décide de créer la Cité du Vin ou plus exactement la Cité des Civilisations du vin comme initialent dénommée . Confié à Sylvie Cazes, la sœur de Jean-Michel alors conseillère municipale, le dossier va demander huit ans de gestation et de réalisation pour aboutir à la Cité du vin d’aujourd’hui.

Le Hall d’accueil

Parfois comparée au musée de Guggenheim de Bilbao, la cité doit être un pôle de développement touristique pour la ville et le vignoble. Le bâtiment conçu par l’agence parisienne XTU est tout sauf banal. Sur la base du cahier des charges de la mairie (une base surmontée d’une tour) ce cabinet d’architectes imagine un bâtiment dans le style qu’il affectionne, c’est à dire tout en courbes. Haut de huit étages, il s’inspire d’une carafe à décanter mais laisse le promeneur libre d’imaginer d’autres objets, qui peuvent varier selon l’angle de vue, d’un cep de vigne à … « une chaussure », pour reprendre l’expression d’un photographe.
A l’intérieur, le visiteur trouvera trois types de locaux :
Des bureaux, qui occupent quatre étages dans la tour.
Des espaces commerciaux libres d’accès (cave à vins, restaurant, snack, guichet de l’office de tourisme de Bordeaux métropole etc.) ainsi qu’un salon de lecture et un petit auditorium de 300 places (au 1er étage).

Accès par l’esscalier

Et surtout le cœur de la cité : un parcours permanent de 3 000 m². Accessible après avoir acheté un ticket d’entrée (20 € pour un adulte, 10 pour un jeune de moins de 18 ans et 8 pour un enfant de moins 12 ans) cet espace propose un parcours libre autour de 19 thèmes : le tour du monde des vignobles avec leurs paysages spécifiques ; planètes vins montrant par des globes interactifs et ludiques l‘extension de la vigne dans le monde ; la table des terroirs ; l’e vigne, consacré à la viticulture ; les métamorphoses du vin, voué à la vinification ; portraits de vins, avec six bouteilles présentant chacune une famille de vins ; les vins au fil de l’eau, les routes fluviales et maritimes du vin ; à bord, une traversée virtuelle ; la galerie des civilisations, héritage du premier projet ; le mur des tendances, le design et le vin ; le buffet des cinq sens, la dégustation ; le banquet des hommes illustres ; Bacchus et Venus ; le vin divin ; boire et déboires ; tout un art de vivre, la convivialité ; tête à tête avec les experts ; Bordeaux, une ville, un vignoble ; la grande saga de Bordeaux.
Si tous ces sujets n’ont rien de bien original, leur traitement, en revanche l’est avec un appel aux techniques numériques les plus avancées, notamment grâce à un système d’audio-guidage qui se présente sous la forme d’un casque audio captant les sons des écrans que regarde le visiteur tout en permettant de dialoguer avec ses voisins.

La boutique

Si le président et le maire ont pu faire le tour de la cité en un peu moins d’une heure, ils ont évité en revanche de croiser les manifestants qui ont célébré l’inauguration à leur manière : militants de la CGT contestant la loi travail du chef de l’Etat ou écologistes protestant contre l’usage des pesticides. Ces derniers ont organisé un “die in” (sit in couché) auquel s’est joint Pierre Hurmic qu’ils ont invité alors qu’il n’avait pas convié à la cérémonie officielle, seuls les adjoints au maire ayant pu y participer à cause des contraintes draconiennes imposées par l’Elysée et la préfecture. Peut-être pour éviter la présence des élus du Front national ? Signe d’un pouvoir aux abois ? Ce comportement peu démocratique et républicain pour ne pas dire peu civique aura eu pour effet de priver de cérémonie les représentants de la gauche (PS et Verts). Autre conséquence de ces craintes élyséennes, les mesures prises par la préfecture et les services de police : certains témoignages laissant penser que des personnes ont dû patienter plusieurs heures pour rejoindre leur travail, même à pied et sur la rive droite pour cause de périmètre de sécurité. Dans ces conditions, on peut se demander ce que sera la vie des Bordelais pendant l’Euro ?
Malgré ces incidents plus que regrettables, l’inauguration a été réussie et la cité est un bel outil qui doit maintenant séduire les visiteurs et le monde du vin de Bordeaux.