Reprenons ces quelques lignes de l’auteur et metteur en scène Jérôme Batteux :
« … même si c’est un sujet en soi. Être homosexuel n’a jamais défini un être. C’est une parcelle de l’identité ...
De même, dans Come Out, c’est une parcelle dans la vie de cette famille. Il y a, au même titre le divorce planant des parents, la compétition entre la mère et sa fille, la situation professionnelle du père. Les rôles qu’ils ont pris et qu’ils aimeraient changer ou garder à tout prix. Aussi, j’ai voulu raconter en parallèle à l’histoire de cette famille, celle de Thomas, premier amour d’Olivier rencontré sur Internet dont la révélation aura des répercutions tragiques. Deux histoires donc. L’une pour construire, l’autre pour alerter ... »
Le plateau pendrillonné et noir, vide et auréolé de lumières étudiées en faisceaux violents ou atténués comme le désir, la révolte aussi ponctuent l’action et soulignent l’âpreté, la tendresse, le quotidien des personnages … Deux seuls cubes blancs laissent imaginer sans difficulté aucune les lieux différents de cette histoire de famille.
Drôle de famille …tellement ordinaire mais si peu commune pourtant.
La mère omnipotente (Françoise Goubert), majestueuse ; le père (Eric André) en ombre portée comme un arc en ciel ; la fille (Julie Hercberg) virevoltante et le fils (Jean-François Coffin) brillamment juste de sensibilité et d’émotions.

Olivier (Olive) le fils joue dans sa chambre alignant des biscuits pour mieux bousculer les incertitudes qui noient son cerveau d’ado en construction d’existence … Sa mère veut qu’il grandisse, qu’il s’affirme, et le harcèle de tas de questions et de recommandations « d’hygiène de bonne vie » alors qu’il n’a qu’une seule préoccupation celle de lui dire qu’il l’aime mais aussi celle de lui confier un secret qu’il porte comme un péché … Elle ne veut pas comprendre ce qu’elle redoute, cette mère lassée de sa vie de couple qu’elle rejette, particulièrement son mari dont elle se sépare et qui lui, vit dans son monde qu’il s’est construit comme une forteresse pour mieux se préserver de tout ce qu’il a déjà bien deviné.
Et enfin la sœur que l’on croirait superficielle et qui, sans cesse, avec dextérité, humour et amour déconstruira pour mieux reconstruire ce jeu fragile de cubes instables et de dupes ... Mais qui est qui ?
La souffrance, les non-dits, les vérités lâchées comme des coups de poings, le mal vivre de tous mais surtout l’amour de tous pour les bonheurs des autres finiront par vaincre sans aucun pathos mais avec une vraie sincérité cette belle histoire d’un autre amour que chacun préservera …Sans craindre mais en la criant … la vérité.
Le talent est là dans une mise en scène épurée, sur un fil tendu et souple à la fois, fragile aussi, mais soutenu par une interprétation globale solide et solidaire.