Bordeaux

Cela pourrait être le titre d’une chanson d’amour voire un film d’auteur au parfum oriental ou bien encore un best-seller romantique d’un écrivain tombé sous le charme du désert.



Bien au contraire, tout commence le plus humainement possible, comme un conte de fées, une envie de faire le bien ensemble. Comme si le ciel sombre et menaçant venait à exploser sous la force généreuse et chaleureuse du soleil caché.

"Les yeux d’Aicha" est une rencontre entre plusieurs personnes, toutes animées par le même but, essuyer les larmes tristes et désœuvrées de la petite fille, qui n’ose plus rêver.

"Si tu n’as pas donné jusqu’ à tes yeux, tu n’as rien donné !" Cette phrase si symboliquement évocatrice indique la volonté intérieure de ceux qui ont décidé d’en faire leur credo. Parler d’une association humanitaire vient souvent à citer et expliquer ses actions, évoquer ses destinations, ses choix puis à dire "Bravo !" Je ne dérogerai pas à cette règle mais en vous invitant à aller naviguer sur le site ou tout est dit.

Ce qu’il y a de plus extraordinaire, c’est de pouvoir dévoiler le fragile enfoui au fond du cœur de ceux qui ont voulu ça. Alors en quelques mots, je vais essayer de vous livrer ce qu’ils ont bien voulu m’offrir pour que je tente de vous le retranscrire au plus juste. Et l’on sait parfaitement que verbaliser l’émotionnel d’un autre, relève de sa force à pouvoir ouvrir son cœur !

Me voilà donc plonger dans une aventure intérieure, aux confins de la sensibilité humaniste et du don de soi. Assis devant moi, une femme, Véronique, aux yeux brillants de mille soleils, au verbe enivrant de sincérité et un homme, Guy, au ton de voix calme et suspendu et au regard maritime.

En amont des "yeux d’Aïcha", une rencontre entre deux femmes, l’un médecin et l’autre patiente fit jaillir d’ entre les cœurs l’association qui porte aujourd’hui ce nom. Depuis un pénible mais nécessaire chemin a été entamé, dans le Sud Maroc, pour venir en aide aux orphelins de Ouarzazate.

La découverte d’un monde, si prés et si loin à la fois, où l’effroi côtoyait l’innommable, agressa tellement fort nos voyageurs du cœur que le séjour prit l’ampleur d’un périple. D’un endroit humiliant, sale et inapproprié à un immeuble flambant neuf, construit par la fondation Mohamed V, ce passage obligé permit de caresser l’espoir.

Ce présent ne devint qu’un grand sourire que lorsqu’il fut habitable et sécurisé, et pour ceci la vie fut généreuse. De la force et du courage, de la sagesse et de l’humilité avec la beauté altruiste eurent raison de ce défi. Mais n’omettons pas les deniers nécessaires des donateurs divers sans qui l’aménagement des locaux, la formation des nounous, la recherche et l’éducation des bénévoles ne pourraient pas exister, ciment indispensable et vital à la pérennisation financière du projet initial.

Ce combat quotidien pour la vie meilleure de ces « enfants du monde » a bouleversé indubitablement ceux qui leur viennent en aide. De telles rencontres avec soi-même fixent dans le miroir personnel la silhouette ambigüe de l’aboutissement voire de la révélation soudaine du sens de la vie, jusque là trop enfoui ou trop caché par une société consumériste et faussée.

Ainsi, c’est en se décentrant, en allant vers les autres, ces orphelins de Ouarzazate notamment, pour leur rendre l’envie et le goût, leur apprendre leur propre corps, les laisser glisser librement vers juste un peu plus d’autonomie physique et intellectuelle ou tout magnifiquement les soigner que les membres des « yeux d’ Aicha » se construisent.

Pour que cet orphelinat existe, l’association « les yeux d’Aïcha »emploie à ses frais de multiples personnes sur place et cherche, encore et toujours, les moyens d’effacer des perspectives néantes, mais plutôt de parler d’éducation et de la faire, d’ éduquer dans le soin et l’attention, de construire et réfléchir à partir des besoins pour améliorer les conditions de vie et de travail. Mais les limites surgissent et érodent incessamment, comme les vagues lancinantes de l’océan sur le littoral, les objectifs futurs qui donneraient un peu plus de Lumière. Comme ce projet de panneaux solaires, dans ce pays de feu, qui diminuerait substantivement les dépenses électriques et augmenterait le budget restant pour un autre poste. Ces considérations matérielles sont pourtant à l’initiative d’hommes et de femmes d’exception qui cherchent à rendre le bonheur de vivre décemment.

S’intéresser aux autres peut paraître anodin, mais le faites vous vous-même ? Ici ou ailleurs, la misère guette et n’est pas insurmontable. Elle existe parce que l’on tourne la tête, parce qu’un autre s’en occupera certainement et que le monde s’est habitué à vivre avec. Nous tous sommes citoyens du monde, sans aucune différence et il n’y a que la pauvreté d’esprit qui veut convaincre du contraire. Alors, ce sont « les yeux d’Aïcha » maintenant qui demande de l’aide, pas pour eux mais pour des orphelins marocains au regard de sable, qui rêvent de courir dans les dunes, le sourire aux lèvres, dans une profonde inspiration de plénitude.

Association, Les Yeux d’Aïcha :
74, rue de Bel Orme, 33000 Bordeaux

A lire absolument "Dos de femmes, dos de mulets" Hicham Houdaifa Journaliste marocain www.etlettres.com

Ecrit par Denis Lalanne


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