Bordeaux
Entre sentiment d’agression ou de mépris ressentis par les uns et les autres, les échanges au sein du Conseil municipal bordelais ne respirent pas la sérénité. Nul doute par ailleurs qu’indépendamment des affaires évoquées lors de la séance, la candidature du maire de Bordeaux à la primaire de la droite et du centre ne risque pas de calmer les esprits au sein d’une opposition particulièrement remontée et, même selon certains, en service commandé.
Le financement du grand stade
Si nul ne peut douter du travail de « bénédictin » effectué par le conseiller municipal Mathieu Rouveyre, de sa pugnacité (et même, selon pas mal de conseillers, de son agressivité), Nicolas Guenro (PS) allant même jusqu’à suggérer de lui « décerner une médaille », le énième débat à propos du « PPP honni » fait cependant apparaître que celui-ci s’avère moins coûteux qu’à l’origine pour les finances municipales en raison de la baisse des taux d’intérêt des emprunts et de la révision des services fiscaux et que sans PPP, le stade n’aurait pu être construit, ce qui n’aurait cependant pas déplu aux élus écologistes déplorant en outre des mini panneaux photovoltaïques ridicules et une luminothérapie concernant la pelouse beaucoup trop énergivore..
Difficile pour ne pas dire impossible de concilier les points de vue au sujet du PPP, entre une opposition dont certains membres voient dans l’entreprise privée le « diable en personne » et une majorité qui, en raison de l’état des finances publiques, voit dans le PPP, un passage nécessaire, pour ne pas dire obligé.
Le non emprunt bordelais
Le soupçon d’emprunt fictif dans les comptes municipaux que Mathieu Rouveyre a soumis au Préfet, lui demandant de saisir la Chambre régionale des comptes a donné lieu à une réponse très agacée d’Alain Juppé, lequel se dit serein et confiant dans l’issue de la procédure engagée :
« Dans tous les budgets, on inscrit des investissements qu’on ne peut pas tous réaliser dans l’année et on doit inscrire les recettes correspondantes, mais on n’actionne pas ces emprunts tant qu’on n’a pas à payer, tout le monde fait ça ».
Deux approches très différentes
Distinguer au sein d’un budget, les bonnes dettes qui financent les investissements porteurs de recettes, de développement économique et d’emplois locaux, des mauvaises dettes le plus souvent liées à une insuffisance récurrente de recettes et à des coûts de fonctionnement trop élevés, se questionner quant à l’utilité et à la pertinence d’un emprunt à court terme alors que des recettes exceptionnelles sont attendues (104 Millions d’actions Régaz), se projeter dans l’avenir, en concevoir les aléas, illustrent on ne peut mieux les approches différentes que sont celles de la majorité municipale et de l’opposition en matière de gestion et de développement et les évidentes limites d’une évaluation des bilans municipaux à partir de simples lignes de débit et de crédit.
- Matthieu ROUVEYRE (PS)
Les investissements de proximité
Accuser le Maire de pratiquer la politique du maquillage en matière budgétaire, telle est désormais la ligne résolument adoptée par l’opposition socialiste.
Alain Juppé quant à lui souligne qu’après deux années de dépenses exceptionnelles (Cité municipale, archives municipales, grand stade), les investissements de la ville vont retrouver progressivement leur niveau historique et, priorité municipale oblige, assurer le maintien des interventions en faveur des équipements de proximité.
En réponse à une remarque quelque peu alarmiste de Madame Ajon (PS), nous apprenons à ce sujet que la ville n’a jamais eu l’intention d’attendre que l’école de la Benauge s’écroule sur les élèves et qu’un large programme de rénovation de cinquante établissements scolaires va être mis en œuvre cet été à Bordeaux.
Juppé dans le viseur
Eu égard aux importants investissements réalisés, à la progression sans précédent de l’attractivité de la ville et à l’examen précis de la dette d’autres villes françaises, l’état des finances de la commune de Bordeaux apparait loin d’être catastrophique, sauf pour ceux qui en ont par avance décidé ainsi.
Les attaques de l’opposition à l’encontre d’Alain Juppé souvent évoquées par nombre de commentateurs, comme un « ordre qui viendrait de l’Elysée », semblent s’intensifier au fil des semaines. Nul doute que pour se permettre de dramatiser à ce point le cas bordelais, tous ces indignés ont oublié en regardant un peu plus au nord, la gestion catastrophique et gravement controversée de la région Poitou-Charentes, ainsi que la récente distribution de milliards, promise par notre Président. Décision électoraliste source de nouveaux emprunts, qui pourraient bien participer à nous conduire dans le groupe des pays européens au déficit budgétaire record, aux côtés de l’Espagne et du Portugal.
Pas vraiment de quoi donner des leçons et s’indigner outre mesure de la gestion de notre ville qui comme tout projet dynamique, ne saurait être un long fleuve tranquille !!!

Ecrit par Dominique Mirassou
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