Bordeaux

Le Déluge de Gérard Rancinan et Caroline Gaudriault submerge le Musée Mer Marine de Bordeaux

C’est un raz-de-marée artistique qui s’est abattu vendredi soir sur le Musée Mer Marine de Bordeaux. À l’occasion de la présentation officielle de l’œuvre monumentale “Le Déluge”, le public bordelais a découvert une création d’envergure mondiale, portée par le photographe Gérard Rancinan et l’auteure Caroline Gaudriault. Une immersion vertigineuse dans l’imaginaire collectif d’un monde au bord de la submersion, à la croisée de l’art, de l’écologie et du mythe.



Une œuvre, deux artistes, un choc visuel et narratif

Sous les voûtes du Musée Mer Marine, en présence des artistes et du fondateur du lieu, Norbert Fradin, l’installation de “Le Déluge” a été révélée au public. Pièce centrale de l’exposition, la photographie monumentale de 3 x 5 mètres signée Rancinan saisit par sa puissance scénographique. En une seule prise de vue, une trentaine de modèles, venus des quatre coins du globe, interprètent une scène de chaos urbain noyée sous une vague cataclysmique. Le décor, entièrement construit en studio — piscines, rochers, arbre naturel, fond peint à la main sur 240 m² — évoque une mégapole en perdition. « C’est New York qui nous a semblé le plus menacé par la montée des eaux, mais en réalité, toutes les villes côtières sont concernées, y compris Bordeaux  », a expliqué Rancinan lors de la présentation.

Présentation de l’œuvre Le Déluge au Musée Mer Marine
Caroline Gaudriault, Norbert Fradin et Gérard Rancinan

À ses côtés, Caroline Gaudriault a dévoilé un livre-installation de format hors norme (100 x 70 cm), posé sur un lutrin comme un objet rituel. Sur ses planches originales, les matériaux se croisent : fusain, argile, collages, calligraphies, peinture... Le texte, nourri de témoignages de scientifiques et explorateurs, explore les significations du mythe du Déluge à travers les siècles — du récit de l’Épopée de Gilgamesh jusqu’à l’alerte écologique contemporaine. « Le Déluge, c’est une rupture, une remise en question. On s’interroge : quelles traces laisserons-nous après la catastrophe ? », a-t-elle confié.

Une mise en œuvre titanesque, entre art total et performance

Rancinan et Gaudriault, duo complice depuis plus de 25 ans, signent ici une œuvre totale. Le photographe, habitué des expositions dans les plus grands musées internationaux, s’inscrit dans la tradition picturale tout en convoquant l’esthétique contemporaine. « Je ne suis pas là pour inventer la roue. J’hérite des géants comme Géricault ou Delacroix. Mon travail, c’est d’accompagner mes contemporains, de témoigner de mon époque », a-t-il rappelé.

Le projet a mobilisé une quarantaine de collaborateurs pendant plusieurs mois. Parmi eux : décorateurs de cinéma, peintres de fond, accessoiristes, modèles venus de Shanghai, Barcelone, Ghana, Bordeaux... Tous réunis dans un même studio à Chartres, où la première présentation de l’œuvre a eu lieu avant son installation à Bordeaux. « Ce n’est pas du photomontage. Tout est réel. Les gens, l’eau, les décors. On a recréé un déluge, comme au temps de Méliès », a insisté Rancinan.

Présentation de l’œuvre Le Déluge au Musée Mer Marine
Parmi la trentaines de modèles venus de Shanghai, Barcelone, Ghana, une bordelaise a également participé à l’œuvre.

Un cri visuel pour un monde submergé

Au-delà de la prouesse technique et artistique, “Le Déluge” est un appel à la conscience. L’œuvre se veut un miroir du monde actuel, pris dans ses convulsions climatiques et ses incertitudes politiques. « Nous vivons une époque où l’on se sent tous un peu perdus. Le dérèglement climatique, la montée des eaux... c’est une réalité. Et l’art a ce rôle d’alerte, d’éveil », souligne Gaudriault.

Le Déluge
Le Déluge

Le parallèle avec le mythe ancestral du déluge prend ici une dimension contemporaine. À travers les symboles — la colombe de Noé, les vagues, les survivants — les artistes évoquent non seulement la peur collective, mais aussi la résilience, l’adaptation. « Le message, ce n’est pas que tout est perdu, c’est qu’un renouveau est possible. À condition de changer de cap », résume Gaudriault.

Une œuvre mondiale née à Bordeaux

Soutenue par la Fondation Albert II de Monaco, engagée pour la protection des océans, l’exposition bordelaise marque le point de départ d’un parcours international. Après Bordeaux, “Le Déluge” rejoindra Bratislava, Monaco — lors des Sommets des Nations Unies sur les océans — puis New York. Un itinéraire à la mesure d’une œuvre qui, à partir d’un mythe universel, questionne notre avenir commun.

Au Musée Mer Marine, jusqu’au 31 août 2025, l’exposition “Le Déluge” invite à la réflexion, à l’émotion, à l’éveil. Une expérience sensorielle et intellectuelle saisissante, qui laisse le visiteur face à une question essentielle : que voulons-nous préserver du monde, quand tout menace de s’effondrer ?

Ecrit par Jean-Sébastien Dufourg

Créateur du site Bordeaux Gazette et Président de l’association.


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