Pessac

Les Maohis amorcent un virage

Après une saison longue et éprouvante, finalement achevée par un parcours sans faute en playdowns, les Maohis ont assuré leur maintien en Nationale 2 pour la saison prochaine. L’occasion de faire le point avec Doryan Riffaud, entraineur-joueur de cette équipe depuis sept ans. Il nous parle de la saison écoulée mais évoque également les changements à venir.



PV : Doryan, on attaquait la saison en Nationale 2 avec comme objectif les playoffs et on finit sur par un plateau de maintien : l’écart est grand et même inattendu. Comment expliquer ce décalage et sais-tu le justifier ?

DR : Premièrement on le vit mal car ce n’étaient pas des paroles en l’air et un réel objectif que de finir dans les quatre. Je pense qu’il y avait, en tout cas en début de saison, vraiment la place. De notre côté plusieurs facteurs entrent en compte mais le principal reste surtout les autres équipes qui se sont beaucoup plus améliorées que nous. Par exemple Tarbes qui était déjà très solide l’année dernière avec un point faible dans les cages est allé chercher un gardien élite qui est aux portes de l’équipe de France. Cela leur a fait beaucoup de bien puisqu’ils finissent champion de France et joueront en N1 l’année prochaine.

A titre personnel j’avais effectivement sous-estimé Colomiers qui nous avait certes posé problème l’an dernier mais avait terminé derrière nous au classement final. Eux aussi ont bien recruté à l’intersaison et tout au long de l’année pour finir très très fort, on savait également qu’Anglet allait être solide et je pensais vraiment, à partir de ces constats, que la place de troisième ou quatrième était atteignable par notre groupe.

Il y ensuite Cholet qui a fait une bonne saison avec entre autre des matchs à domicile joués le dimanche à 11h00 qui ont posé problèmes à beaucoup d’équipes qui avaient un gros déplacement à faire. Et après, La Rochelle ça se joue à pas grand-chose chez nous et ce sont à mon sens sur ces matchs là, sans parler de séries finales à ce moment précis, que l’on aurait pu assurer une fin de saison beaucoup plus tranquille en loupant le coche. Cela nous a envoyé vers une suite bien plus compliquée.

Après pour l’expliquer...De l’intérieur (et sans chercher d’excuses) on a eu une saison galère du point de vue des blessures avec des petits bobos à répétition qui ont pas mal perturbé le groupe (on n’a pas dû jouer deux matchs d’affilé avec le même line up), on a eu des départs inattendus en cours de saison également quand Vincent Thuillat (malheureusement pour nous mais tant mieux pour lui) nous a quitté pour une opportunité professionnelle dans les Alpes alors qu’il commençait à trouver ses marques, Jennifer Auger qui s’intégrait petit à petit a fait le choix personnel d’aller visiter l’autre bout du monde, Yoann Le Chapelain qui avait besoin d’un peu plus de temps pour ses études et donc n’a pas été aussi disponible qu’on l’aurait souhaité (mais impossible là encore de blâmer qui que ce soit pour un tel choix) ou que je le pensais.

Tout ça mis bout à bout complique les choses pour travailler sereinement et face à des équipes, je le répète, qui ont bien progressé et le résultat se fait là. Je n’ai pas la sensation qu’on soit moins bon que l’année dernière, très honnêtement mon sentiment est que nos adversaires ont plus progressé que nous.

Quand on dit qu’elles ont plus progressé que nous, à part la qualité et la profondeur des alignements, est-ce que cela s’est traduit également de façon indéniable dans la facture du jeu produit ?

La différence se fait sur le terrain forcément puisque c’est la seule vérité qui compte mais mis à part certains matchs comme Tarbes à domicile ou Cholet chez eux je n’ai jamais eu le sentiment que notre groupe était archi-dominé.

Pourquoi ça n’a pas basculé plus souvent en faveur des Maohis alors ?

Ça tient à la qualité individuelle des joueurs et à la sérénité du groupe je pense. Il y a eu, en face de nous, des joueurs capables de faire la différence à certains moments que ce soit offensivement et surtout défensivement quand on a été fébriles. L’absence d’automatisme due à ces rotations forcées d’effectif n’a pas apportée la base de confiance nécessaire à des moments clés comme les fins de matchs ou de périodes où quand il faut faire le dos rond dans les temps faibles. Nous n’avons pas été bons dans la gestion de ces moments là où on est capable de prendre trois ou quatre buts en deux minutes.

Il est vrai qu’on a souvent vu une équipe capable de mettre des buts les uns derrière les autres mais également de les enchaîner contre soi avec en plus, vu de l’extérieur, la sensation qu’il n’y a aucun moyen de réagir de la part de l’équipe.

Oui c’est ça.

N’y a t’il pas un palier mental à franchir ? Le fait d’annoncer les playoffs comme objectif n’a t’il pas inconsciemment bridé quelques esprits ?

Bridé je ne pense pas non, mais inconsciemment on a sûrement du se voir trop beau c’est possible. Il y a forcément un souci à ce niveau là. Si on compare sur le papier individuellement les autres équipes à la notre on manquait sûrement de profondeur car si on prend par exemple Romain Coste ou Sébastien Lesur, ils ne font tâche dans aucune des équipes que nous avons affrontées. Ce manque de profondeur fait que lorsque l’un des joueurs du groupe est un peu "en dessous" comme c’est arrivé, tu le paies cash et ce sans même parler d’un match entier. Il suffit d’un passage à vide et c’est presque déjà irrécupérable une fois que tu refais surface. Le match contre Saint Médard (chez nous) où personne nous voyait gagner est aussi le contre-exemple parfait du jour où tout le monde a pu hisser son niveau de jeu en même temps en allant de notre gardien Seb Verdois jusqu’à notre pointe Romain Coste qui fait un festival offensif. Dans ces moments là on peut faire douter n’importe qui comme à Tarbes où l’on part avec une ligne de N3 et à la mi-temps il n’y a que 3-3...Dans le jeu on a été capable mais il a manqué en plus je pense cette régularité aussi...

Ce que l’on ne peut ne pas reprocher à cette équipe c’est l’envie, la capacité à se mobiliser dans les moments durs et la perspective des playdowns. S’il fallait retenir un point pour reconstruire et avancer vers la saison prochaine c’est cette synergie que le groupe a su trouver ?

Je n’ai jamais été inquiet de ce point de vue. La capacité du groupe à réagir ne m’a jamais inquiété. J’aurais aimé en revanche qu’il soit plus dans l’action que la réaction, cela nous aurait permis d’éviter quelques déconvenues. Je n’ai pas envie de parler de "satisfaction" pour décrire le fait de savoir faire bloc quand ça ne va pas. C’est bien sûr quelque chose de positif mais c’est le message que je me suis évertué à faire passer dans le groupe : pour moi ces playdowns, ce plateau de maintien, c’était d’abord l’occasion de révéler que ce qu’il s’est passé cette saison était un accident. Que l’on n’avait pas notre place ni à l’échelon du dessous ni dans ces plateaux de maintien. Là effectivement la capacité à se remobiliser a été importante durant tout le processus qui va de la préparation de la dernière phase jusqu’à l’ultime coup de sirène de la saison. Les mecs ont été sérieux sur la prépa, l’assiduité et la rigueur mise aux entraînements ou durant les matchs amicaux disputés. La confiance était toute relative mais on a su faire ce qu’il fallait pour que cela se termine bien. On ne peut pas dire que je sois satisfait que l’on se soit maintenus par ces plateaux...je suis trop compétiteur pour être satisfait par ce biais là.

Néanmoins grâce à cela vous retrouverez une nouvelle fois la Nationale 2 la saison prochaine.

Oui...mais c’est plus un soulagement qu’une satisfaction.

S’il y avait un moment haut et un moment bas à garder de la saison régulière ce serait...

Le moment bas serait sans conteste la défaite à domicile face à La Rochelle qui nous fait basculer indéniablement dans le dur alors qu’en cas de victoire on restait dans la course aux séries finales. On ne fait pas un mauvais match ce jour-là mais le résultat n’est pas en notre faveur et met un gros coup au moral. On enchaîne qui plus est avec une défaite face à Cholet... Ca a été la mauvaise période à ce moment.

Pour le moment haut... Il est en deux parties. Le double affrontement contre Saint Médard : La victoire chez nous bien évidemment mais la défaite chez eux, même si c’est une défaite, a révélé un état d’esprit dans le groupe à ce moment là et j’ai vraiment pris du plaisir à le diriger. Ces deux rencontres face aux Bugs que ce soit dans la victoire ou dans la défaite restent deux moments très forts.
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Viennent ensuite les plateaux de maintien à proprement parler, une seule solution : partir à la guerre pour rester en N2. Quand la décision est irrévocable, comment on prépare tout ça ?

Déjà on se fâche et je me fâche très fort contre la fédé où à une semaine de l’échéance on ne sait rien. On ne sait pas où cela va être disputé. A Camon ? A domicile ? Ce qui n’est pas optimal pour la préparation…

Pour ce plateau il y a Camon, Villard-Bonnot, Pessac et Villeneuve-la-Garenne.

Oui sachant que Villeneuve est forfait général pour la saison et voyant ça je me dis qu’ils seront forcément forfaits pour les plateaux de maintien. Donc j’envisage un plateau à trois équipes où il faut "juste" ne pas finir dernier avec Pessac comme recevant puisque le point logique géographique d’après le règlement nous désignait comme tel. Finalement on nous annonce que Villeneuve est réintégré après un passage devant le CNOSF et que cela se jouera sûrement à Camon sans garantie d’avoir la salle enfin bref...un gros flou artistique. Ça reste des bénévoles et je ne vais pas charger un peu plus mais de notre côté ça ne transpire pas le sérieux pour préparer l’évènement qui approche.

Malgré tout, on a bossé à notre rythme en soufflant un peu pendant quinze jours où l’on ne s’est retrouvé que pour faire retomber tout ça et juste garder des sensations de jeu avant de remobiliser tout le monde pour une série de matchs amicaux face à La Teste qui de son côté préparait ses playoffs pour accéder à la N2. Deux victoires à l’arrachée qui sans nous mettent vraiment en confiance instaurent une dynamique de victoire et enfin deux rencontres face à notre N3.

On a pu se présenter à Camon dans de bonnes conditions en apprenant finalement sur place que Villeneuve ne se déplacera pas et ce qui a le don de m’énerver pour deux raisons : un s’ils l’avaient annoncé depuis le début le plateau aurait eu lieu chez nous (et ma casquette de vice-président sur la tête me fait dire que cela aurait été meilleur pour notre bilan comptable) et deux, je sens mes gars un peu moins concentrés du fait de l’interrogation du planning des matchs, etc. Je les recadre un peu, Romain Coste joue son rôle de capitaine de manière impeccable. Il a parlé au groupe arguant que la gestion avec la fédé se ferait de notre côté à nous et qu’ils devaient se centrer sur les matches à venir. Sur le coup la fédé a été très efficace travaillant jusque tard dans la nuit.

Un week-end qui démarre face à Villard-Bonnot.

Et avec un départ laborieux contre où l’on encaisse deux buts sur les deux premiers shifts et où l’on aurait peut-être affiché moins de solidarité durant la saison régulière dans de telles circonstances. Malgré tout l’équipe se remet en place, travaille et refait le retard sans paniquer. Notre powerplay nous remet dedans et ça finit d’un but à notre avantage. Un petit but d’avance mais avec la sensation de n’avoir pas vraiment été inquiétés au final, c’est le sentiment que j’ai eu ce match fini.

Vu de l’extérieur ce résultat est surprenant car, pour moi, avec le travail amont que l’on a pu faire c’était l’équipe potentiellement la moins à redouter si elle était prise correctement.

Oui du point de vue statistique c’était la formation la plus abordable mais leur gardien sort un gros match. C’est clairement lui qui les a tenus dans cette rencontre.

Vient ensuite Camon.

On revient le samedi soir avec une victoire, à l’arrachée certes, mais avec une victoire et on sait que c’est quasiment fait et lors d’un rapide passage pour voir la confrontation entre Camon et Villard-Bonnot on sait que si Camon s’impose c’est fait. On part le score est à 9-3 pour les locaux...
On sait que notre dernière rencontre ne sert à rien mais on s’attache à la gagner et à la jouer à fond pour finir premier avec l’espoir de recevoir le dernier plateau mais aussi pour prendre un avantage psychologique en vue de la seconde rencontre à venir pour clore la saison.

On s’impose 10-1 face à une équipe ultra indisciplinée, le sentiment d’avoir fait le boulot et en jetant un oeil de l’autre côté pour se rendre compte que ce seront Gennevilliers et Toulouse qui feront le complément du tournoi final. Je me dis que si on respecte la logique sportive c’est l’un des meilleurs septième qui va recevoir (d’autant que Gennevilliers et Camon ont déjà reçu)...

Et non, perdu...

...Et on apprend que le règlement est appliqué stricto sensu, direction Gennevilliers, soit...On boude forcément mais bon c’est comme ça. Financièrement c’est embêtant mais sportivement ce n’est pas une mauvaise chose non plus dans le sens que quand tu as ton groupe à l’extérieur il est centré sur l’échéance. Pour rester mobilisé c’était un mal pour un bien. On part donc à Gennevilliers avec le premier match face à Camon qu’on avait déjà battu sans vraiment savoir si notre première victoire était due au manque d’enjeu ou à la qualité et au final, toujours aussi indisciplinés, ils concèdent le match 10-3 sans nous poser trop de soucis.

Le lendemain c’est Gennevilliers que l’on bat sans difficulté où il y a cette frustration de ne pas se sentir libérés à la fin du match car tu dois attendre le résultat de Toulouse - Camon. Le résultat tombe et est en notre faveur puisque l’on se maintiendra quoiqu’il arrive lors du dernier match. Soulagé mais, là c’est une vraie frustration, frustré de ne pas avoir pu exploser à la fin du match où le résultat ne dépend que de toi. Le groupe entier a vécu cette sensation...c’en était même agaçant.

Cela aurait pu se produire s’il avait fallu battre Toulouse sur le dernier match par exemple...

...ou que Toulouse ait battu Camon avant nous et qu’en battant Gennevilliers on assure nous même notre maintien. Le dernier match se fait donc à zéro pression, l’organisation fait que l’on se retrouve dans le même vestiaire que les Hocklines pour s’équiper qui sont eux aussi détendus avec un maintien assuré. Mes gars ont tendance à vouloir "lâcher prise" un peu et je remobilise un peut tout le monde pour livrer une belle dernière prestation ne serait-ce que pour le sport lui-même mais aussi pour Gérard Rambelo et Frédéric Marmillod qui nous ont accompagné durant ce périple, bref faire la saison jusqu’au bout du bout, que l’on gagne ou que l’on perde on se devait de jouer sans mépriser ce dernier match.

Les conditions ont été difficiles en plus : Romain Coste avait le dos bloqué et a dû déclarer forfait sur ce match là, Cédric Luquet s’était blessé au mollet la veille et donc s’équipe tant bien que mal pour jouer sur une jambe, il est 14h, il n’a jamais fait aussi chaud à Paris, sous une verrière qui diffuse une chaleur incroyable et à dix minutes de la fin j’ai Mathieu Beguery, mon gardien, qui nous fait un petit malaise pour voir Eliot Ardouin finir devant la cage pour nous faire deux arrêts décisifs complètement improbables.
Cédric Luquet
La saison se finit comme ça, encore une fois il y a la satisfaction mais toujours pas d’explosion du match décisif. Une vraie décompression mais sans plus qui me fait directement enchaîner à la remontée dans le minibus sur les préparatifs de la saison 2015-2016 avec des réponses à donner aux joueurs qui étaient en attente, aux partenaires et à la mairie...

Pas de break pour ainsi dire et présentement tu es déjà sur la saison à venir mais tu vas souffler un peu quand même non ?

Je vais souffler quand la vraie saison de hockey sera finie puisqu’on a la chance d’avoir la salle jusqu’à fin juin. Jusqu’à cet horizon cela ne va pas vraiment s’arrêter. A titre personnel ça fait deux semaines que j’ai coupé tout entraînement par besoin de récupération mais on est dans une période où la saison commence en partie à se jouer et je ferais un break sur juillet et début août.

Tu veux donc prendre le temps de régler les affaires courantes pour amorcer au mieux 2015-2016 ?

Exactement. Il reste l’AG du club au 30 juin et ensuite, une fois que tout sera bouclé, on partira vraiment en vacances. L’idée est qu’à fin juin je connaisse 90% de mon effectif, que le camp d’entraînement soit bouclé, que les matchs amicaux soient planifiés, etc.

A cette heure, tu as déjà quelques certitudes sur une partie de ton effectif ?

Non. Il y a d’un côté une idée de base avec l’effectif actuel et on voit par ailleurs à faire fructifier des pistes intéressantes qui ne dépendent pas entièrement du caractère sportif des joueurs concernés susceptibles d’intégrer le groupe. On change notre manière de travailler à l’inter saison car il y a un vrai ras le bol vis à vis des équipes de la région qui ne se gênent pas dès février / mars pour passer des coups de fils aux gars de mon effectif et donc, c’est la première fois que je vais le faire, mais je vais prendre mon téléphone et appeler moi aussi ceux qui m’intéressent...j’ai toujours été dans la démarche : "Vous connaissez le club, vous me connaissez, si vous voulez des infos, si vous voulez venir, vous savez où appeler" et pour en avoir discuté avec certains j’ai eu des retours où l’on m’a dit : "Moi je n’attendais qu’un coup de fil pour venir".

Vu la qualité des joueurs en question, à un moment tu réfléchis et tu te dis qu’il faut s’adapter et évoluer en même temps que notre sport car les autres équipes s’arment et si l’on veut jouer dans la même cours le minimum est d’essayer de le faire à armes égales. De là à dire que je vais vendre mon âme ou l’âme du club au diable non ! On fonctionne à 100% sur le bénévolat et cela ne changera pas quoiqu’il, je ne passerai pas non plus l’été à appeler les mecs pour dénigrer leur club actuel et les inciter à venir chez nous mais en revanche les appeler pour leur dire que je les ai vu jouer, que leur profil m’intéresse et leur présenter le projet du club et comment ils peuvent s’inscrire dans ce projet ça je saurai faire. Expliquer ce qui sera proposé en termes de qualité et de temps de jeu selon l’implication. Aujourd’hui on passe d’une phase plus ou moins attentiste à une phase de recrutement active, volontaire et raisonnée.

En clair tu nous expliques que pour rester compétitif il faut amorcer un changement dans la gestion de l’effectif et des périodes de transition parce que le sport évolue dans ce sens lui aussi.

C’est cela. J’en parlais avec un de nos partenaires (Promoglace) lors de sa venue à l’occasion du Tournoi International des Benjamins que nous avons organisé. Quand il a découvert l’état d’esprit du club, il ne me croyais pas quand je lui disais que j’avais des difficultés à recruter de nouveaux joueurs. Je lui expliquais que très peu de joueurs partaient de chez nous (sauf pour ambitions sportives plus élevées mais jusqu’ici je ne pense pas que cela ait porté ses fruits plus que cela). Sauf erreur de ma part, et j’attends qu’on vienne me dire en face le contraire si l’on estime que je me trompe vraiment, pas un seul joueur n’a quitté ce club au motif qu’il ne se retrouvait pas dans les valeurs véhiculées chez nous ou que l’ambiance ne convenait pas ou qu’il n’était pas respecté. En résumé, jusqu’ici pour garder les gars : on sait faire. Là où on pêche c’est pour les faire venir, leur expliquer que : "Oui, chez nous tu peux être bien". Je ne dis pas qu’ils ne sont pas bien là où ils sont actuellement, je ne connais pas la vie des clubs mais si il y a une envie d’aller voir ailleurs alors je le dis clairement : "Chez nous, tu verras, c’est vraiment pas mal !".

On est le club de la région bordelaise le plus proche du campus...Il y a bien à mon avis deux ou trois joueurs sur le contingent d’étudiants qui transitent ici qui savent jouer correctement au roller hockey, non ? On a un véritable axe de progression dans ce domaine.

C’est tout un travail de réseau, de communication, ce sont beaucoup de choses à organiser aussi...

C’est beaucoup de boulot et on est bien soutenu par la mairie sur ces points mais effectivement c’est un gros chantier. Les perspectives d’évolution de l’infrastructure sont réelles (mise en place de tribunes, nouveaux vestiaires,buvette, salon de réception pour les partenaires, etc.) et il y a une vraie volonté de la municipalité de nous accompagner pour faire autre chose que jouer le maintien en Nationale 2.D’ici fin 2016, début 2017 date de livraison de la salle, ma volonté est que l’on soit en train de jouer les séries finales pour jouer la monter en Nationale 1. L’objectif est clair.

Ça représente tout de même un drôle de virage par rapport à ce qu’est le club aujourd’hui tant en gestion interne qu’en communication ou même en visibilité depuis l’extérieur.

L’un ne va pas sans l’autre. Il est vrai qu’on a un gros déficit de communication mais à bien y regarder en faire plus ne serait pas utile à l’heure actuelle : On ne va pas communiquer sur des matchs où les gens vont devoir être debout dans un couloir derrière un poteau...Le potentiel de communication existe sur la ville et même autour de la ville mais tant que tu ne peux pas apporter une prestation satisfaisante en terme de structures ou même de spectacle il ne faut pas s’épuiser pour rien. Il faut d’abord s’armer sportivement pour être attractifs le moment venu : les gens préfèrent tout de même venir voir une équipe qui gagne ou joue le haut de tableau...

C’est donc l’objet du travail amont qui se met en place aujourd’hui en appliquant une nouvelle méthodologie (du moins pour Pessac) afin d’avoir l’effectif répondant à ces besoins ultérieurs.

On veut se donner les moyens de nos ambitions...

Ça devrait faire une inter saison très chargée tout ça, tu es sûr que tu vas pouvoir vraiment "couper" un peu ?

Chargée oui mais pas plus que d’habitude...Je vais travailler différemment mais sans bouleversement majeur. On va attaquer les dernières réunions collectives avec les joueurs avant de faire les bilans individuels de la saison écoulée et entendre clairement quels sont leur perspectives et leurs intentions pour ensuite terminer sur la présentation collective du projet de la saison prochaine qui englobe la N2 mais également la N3...

La Nationale 3 doit jouer son rôle de vivier.

Elle le joue déjà en partie mais doit continuer d’évoluer et de se développer aussi.

Une fois qu’on aura fait le tour de tout ça je m’attacherais à essayer de combler les éventuels manques qui pourraient apparaître dans mon line up. J’ai par exemple Cédric Luquet qui ne peut suivre le rythme imposé tout en vivant et travaillant à Dax, Jean-Pascal Le Chapelain a annoncé qu’il stoppait après une belle et longue carrière.

Tu as déjà perdu deux défenseurs là...

Deux arrières oui à un poste où en plus l’on n’était déjà pas très fourni. Que va faire Yoann Le Chapelain ? Je ne m’engagerais pas vis à vis de lui cette année pour revivre le scénario de celle qui vient de s’écouler. Que va faire Romain Coste...

Il n’y a pas aussi l’impact de la glace à Bordeaux ?

Oui...Eliot Ardouin devrait être plus concerné par la Magnus ou les U22 Elite, maintenant Yoann Le Chapelain sera-t-il lui aussi intéressé par ce niveau d’U22 ? Je ne vais pas m’avancer sur ce point avant de les avoir rencontré mais il va falloir qu’eux aussi prennent des engagements. J’ai eu trop de complication à gérer les différences d’investissements d’un joueur à l’autre mais d’un autre côté il est impossible de dire à quelqu’un qui te prévient d’une absence pour réviser ses diplômes : "Mais non, laisse tomber tes études vient plutôt jouer avec nous !". Tss...Pour le coup c’est moi qui ne paraîtrais pas sérieux. Et puis il y a des cas où tu es limité dans ta capacité à proposer une alternative : quand un joueur te dit qu’il part en vacances en famille je lui réponds quoi ? : "Tu ne seras pas payé ce mois-ci" ? Alors bon ...

Toutes les raisons sont bonnes mais toutes les absences pénalisent.

N’atteint-on pas les limites d’un système ou d’une organisation où la frontière du sport de haut de niveau et de ses exigences est tangente à celle du choix à faire pour le joueur ?

Oui je le crois et pour en revenir à la question du début, cette année c’est probablement cet investissement qui nous a fait défaut. On ne peut pas le reprocher mais tu es obligé de le dire et de mettre les gars face à cette vérité là et donc leurs responsabilités.

Le message est clair, si tout met pas toutes les chances de ton côté et que tu te donnes pas les moyens (ça passe par l’assiduité aux entraînements, la ponctualité, l’intensité) t’as pas le droit d’être déçu à la fin du match. Surtout qu’on a vu que lorsqu’on le faisait, les choses étaient beaucoup plus faciles pour nous. C’est frustrant mais d’un autre côté c’est dur de le reprocher plus que ça car on a tous une vie de famille, des contraintes professionnelles... mais à un moment il faut savoir ce que l’on veut faire.

On a atteint vraiment les limites du "professionnalisme" dans l’amateurisme cette saison.

Exactement. Je pense qu’il y a moyen de faire mieux, le club a besoin que cela se passe mieux, il a besoin d’une équipe première qui tire tout le monde vers le haut qui draine du public via la communication et donne l’exemple au niveau des jeunes. Est-ce que ce sera avec cet effectif là ? Faudra-t-il en renouveler une grosse partie ? Est-ce que les gars ont pris conscience de ces manques là ? Ce mois de juin va être déterminant au même titre que celui de septembre au niveau du camp.

Selon le recrutement la place de chacun n’est pas assurée et il va falloir se préparer pour gagner sa place ou la garder.

On reste toujours sur la formule entraîneur - joueur te concernant ?

De ce côté-là aussi nous allons avoir une autre approche : Cédric Luquet pour qui j’ai annoncé plus haut un retrait du groupe « joueur » va prendre le relais sur le banc dans les moments où mon attention devra se focaliser sur mon rôle de joueur à proprement parler.

On se rapproche de la solution choisie en Nationale 3 cette année où ce sont Romain Coste et Marian Rauscher qui ont exercé sur le banc. Même si l’on n’est pas sur un duo à plein temps avec Cédric on rationalise un peu plus les rôles ?

Effectivement, je reste l’entraîneur de cette équipe et assumerai les choix des joueurs. Cependant ces décisions seront prises en concertation avec Cédric qui, lors des matchs, assurera une continuité du travail effectué en semaine. C’était pour moi une condition indispensable au fait de travailler avec un binôme. Je voulais quelqu’un de compétent, légitime vis-à-vis du groupe et avec qui je serai capable d’échanger. Nous avons évoqué avec Cédric cette idée. Lui voulait cesser la compétition et le rythme d’entraînement que cela impliquait mais ne souhaitait pas couper avec le club dans lequel il a toujours évolué et avec cette équipe dont il était un membre important. Nous avons donc décidé de travailler ensemble. Je m’occuperai des entrainements et lui gérera les matchs. Son apport sera précieux dans la mesure où il me permettra de me concentrer sur mon jeu, il pourra plus facilement gérer les rotations et apporter des retours aux joueurs. De plus, son analyse sera précieuse dans ma préparation des séances de la semaine.

Bien, une approche relativement différente des années précédentes tant dans la gestion de l’intersaison que dans la vie du groupe et de son management. Que souhaiter si ce n’est la réussite et une belle saison ?

Que le groupe adhère au projet et passe une excellente saison. Ils le méritent et le club également. Que de nombreux joueurs nous rejoignent et participent à cette belle aventure qu’est le Roller Hockey à Pessac !

Merci Doryan et bon courage pour la suite.

Ecrit par Patrice Villey


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