Bordeaux
Cette année 2023 à Bordeaux va être festive et sportive avec le retour du tour de France et cinq matchs de la Coupe du Monde de rugby, ainsi c’est à bord du Marco Polo à la proposition de Frank Jouanny que la Mémoire de Bordeaux a accueilli Jean Trillo l’ancien international de rugby du CAB devenu aujourd’hui UBB
Chez les Trillo le rugby c’est génétique car après le père et le fils le petit fils fait parti des futurs pépites couvées par le club bordelais. Le grand-père reste un fabuleux conteur de son histoire qu’il considère comme une chance car n’ayant toujours fait ce qu’il voulait, il considère qu’il n’a jamais travaillé bien qu’étant professeur d’éducation physique, prof de sport disait on à l’époque. Né à Condom il a passé sa jeunesse à courir "le sport c’est ma vie et quand je courrais j’étais heureux" et il est toujours jeune quelque part car à 78 ans il continue à courir tous les jours malgré des douleurs dorsales. Bien sur les moins de cinquante ans sont en droit de se demander qui est ce Jean Trillo qui aujourd’hui appartient à l’histoire du rugby français et qui a fait les beaux jours du rugby béglais et français dans une époque où le rugby était considérer comme un jeu d’évitement, de vitesse et d’intuition qui étaient les bases de ce jeu. Quand on lui demande qu’aurait fait Gachassin dans le rugby d’aujourd’hui, il répond " il aurait trouver la solution" car à cette époque il n’y avait pas vraiment de rugby imposé et les joueurs de Villepreux à Lux en passant par Claude Dourthe (le chameau) y ont amené leur patte voire plutôt leur sens du jeu, leur vision et leur jambes. Le regretté Jean-Pierre Lux alors étudiant en dentaire à Bordeaux disait à ses partenaires d’équipe universitaire "mes jambes sur le terrain, elles m’amènent ou je veux", le rugby privilégiant à cette époque évitement, vitesse de course et replacement , ce french flair que décrive les anglais. Jean Trillo, non seulement international avec 28 sélections et à ses dires en avoir refusé quelques autres, considère Jo Maso comme son meilleur partenaire au centre en équipe de France "on n’avait pas besoin de se parler on voyait la même chose sur le terrain", l’époque voulait qu’on délivre la meilleure passe possible à son co-équipier, André Boniface la voulait moelleuse et on est loin de cette philosophie aujourd’hui où les centres le plus souvent sont des coffres-forts à ballon.
- Jean Trillo interrogé par Gérard Berliet
L’histoire de la finale de 1969 face au Stade Toulousain est superbement racontée par Jérôme Prevot texte a retrouvé sur le net en cliquant sur le nom de l’auteur. Jean Trillo reconnait "on n’avait pas les joueurs pour être champions de France, on avait perdu la finale de 1967 contre Montauban et on était en position de survie mais la volonté, l’engagement, la solidarité et les moteurs de mobylette qu’il y avait dans chacun de nous, d’où l’intérêt de la course, nous ont amené à brandir le bouclier de Brennus cette année là". Quand on lui parle de sa carrière internationale et qu’on lui demande quel est son meilleur souvenir, il répond sans hésiter "la première sélection". Il reste plutôt critique sur le rugby d’aujourd’hui en spécifiant "curieux jeu que le rugby où l’on fait la passe en arrière pour avancer et les mentalités ont changé aujourd’hui" ajoutant "il y a des choses que l’on pouvait garder". Tout au long de sa carrière il a varié les activités mais comme il le spécifie "le pognon c’est pas ce qui me plaisait vraiment" sous entendant que sa vraie passion c’était le jeu et le jeu comme il l’aime " (à la française) ainsi que le sport en bon professeur d’éducation physique toujours curieux d’une nouvelle expérience. Il s’est frotté à de nombreuses disciplines et il est même monté sur un ring à titre d’expérience personnelle et la aussi il a trouvé que la vitesse ça compte. De sa carrière d’entraineur entre l’équipe de France ou il a été adjoint, son expérience au Stade Bordelais, son passage en Italie, c’est au PUC qu’il garde le meilleur souvenir ou les gens venait au match pour participer à la troisième mi-temps avec ce formidable esprit étudiant qui présidait au club dans la plus pure tradition des clubs anglais ou on fait la fête après le match et tout le monde participe. Pour lui "quand je vois les filles, je me retrouve, elles ont la liberté" et aussi pour lui, ce sont les Néo-zélandais qui alternent le mieux le jeu avec un bagage athlétique sans pareil.
Ecrit par Bernard Lamarque
Co-fondateur de Bordeaux Gazette