Le Crime de la Pizzéria

Le Crime de la Pizzéria : Chapitre X

Tino, que personne n’appréciait beaucoup, a été retrouvé assassiné le nez dans sa pizza quatre fromages.
CHAPITRE 10 : Une plaisanterie qui tourne mal.

Léo qui connaissait à présent le nom de presque tous les lépidoptéristes qui posaient joyeusement sur la photo me chargea de faire les recherches sur les amateurs de papillons encore en vie ! J’adore fouiller sur la toile. Le site des amateurs de papillons en remontant le temps, m’apprit beaucoup de choses. Je tombais sur un certain Hubert Leloup ex-professeur de violon dans un lycée, je dis bien ex, car il était décédé depuis quinze jours ! On l’avait découvert dans la rue, sans vie sous des cartons, alors qu’il rentrait de chez une certaine Corinne Barns. Nous avions retrouvé celui que le photographe appelait Ysengrin ! Ce n’était donc pas notre assassin !

Son cœur avait lâché. C’est le portable du défunt qui donna l’adresse de l’endroit d’où il venait, par contre, elle, elle avait disparu de la circulation. Apparemment, elle avait fait sa valise le soir de la visite d’Hubert et n’était pas reparue depuis.

Voilà qui était étrange et cela faisait d’elle une suspecte de choix, car la liste se rétrécissait à vue d’œil. Léo partit à la chasse à la Corinne. Son métier, son passé, ses relations, il y avait tout à faire et à chercher. L’élimination systématique de tout un club ne peut pas être anodine. Il s’était passé quelque chose, il y a peut-être longtemps, en rapport avec ce club d’amateurs de papillons qui avait déclenché la colère de quelqu’un au point de vouloir tous les assassiner, les uns après les autres. Leo comprenait bien qu’il avait affaire à une vengeance. Il eut alors un éclair que je qualifierais de génie quand il demanda tout à coup :

- Mais qui prend la photo ?

- Mystère !

- Puisqu’ils sont tous décédés ou presque, il nous reste encore la fameuse Kitty dont nous ignorons de qui il s’agit.

Je cherchais sur Facebook s’il y avait un compte au nom de Corinne Barns. Je le trouvais facilement et je remarquais une photo en particulier.

- En fait mon cher frère, ils sont tous sur la photo, excepté celui qui la prend ! il ne doit pas faire partie de ce club. Kitty et Corinne sont une seule et même personne. Regarde ! elle a quatre chats ! elle en parle ; trois persans et une isabelle. !... Kitty est la mascotte japonaise, c’est un petit chat. Et si c’était justement cette survivante du groupe qui avait commis les meurtres ? Après tout elle est la seule en vie, enfin pour le moment, à ce que nous en savons, avec bien sûr le ou la photographe...
...
Mais revenons à mon quotidien. Comme je vous l’ai déjà signalé, nous résidons dans un des bâtiments de la maison de retraite d’anciens professeurs. C’est Léo qui gère, mais il a tout délégué à des professionnels. Finalement je me sens assez bien dans cette ambiance calme. J’ai personnellement vécu longtemps au sein d’une secte avant que mes parents adoptifs ne m’en sortent illico, mais ça, c’est une autre histoire.

Et donc, pendant que Leo partait en vadrouille, je restais, car ma nièce Camomille venait passer le week-end à la maison. C’est une gentille petite fille de neuf ans, qui aime bien tous ces vieux à qui elle lit des contes de fée. Après le goûter, quand certains commencent à s’assoupir, elle s’assoit au centre de la pièce et pour ceux qui sont encore assez conscients, elle raconte des histoires de fées et d’ogres. À la fin, ils applaudissent, et ceux qui dorment se réveillent alors et applaudissent aussi. Il y en a toujours un, plus éveillé que les autres qui ne manque pas de parler de l’auteur, de son histoire et de sa vie...

Nos retrouvailles avec mon frère sont toutes récentes, je ne connais cette petite nièce que depuis peu. Mais après des débuts difficiles, nous commençons à nous apprécier.
...
Corinne Barns ne fut pas difficile à trouver, elle était chez ses parents ! qui fuyait-elle ? c’est la question que Léo lui posa en premier. Elle nia qu’elle fuyait quiconque, puis comprenant que Léo savait beaucoup de choses elle avoua.

- Le problème c’est que je ne sais pas qui me poursuit ! j’ai appris que tous ceux du club des papillons étaient morts. La dernière fois, on s’était retrouvé à l’enterrement de Barbara. Son suicide, qu’elle horreur ! c’est vrai qu’elle était très fragile. Elle avait peur de tout. C’était il y a si longtemps.

- Comment ça si longtemps, je croyais qu’elle était morte il y a seulement quelque temps.

- Oh non ! cela fait bien trois ans ! après, ce n’était plus pareil, le club s’est dissout.

- Pourquoi ?

- On se sentait un peu coupable, je pense.

- Coupable de quoi ?

- Disons que nous lui avons fait une blague un peu rude. Elle ne put s’empêcher de sourire.

- C’est-à-dire ?

- C’était idiot, un soir à la pleine lune on s’est tous déguisé, Hubert en loup-garou, moi je me suis trouvé un costume de chat maléfique, Philo, Dakota et Tino en des sortes de gollum, vous savez la créature dans le seigneur des anneaux. Tino avait enregistré des sons effrayants sur son téléphone et le fait est que nous formions un groupe assez abominable. Cela dit, on s’est réellement amusé, sauf qu’elle, elle a vraiment eu peur.

- Que s’est-il passé ?

- Elle a pété un plomb. Elle s’est mise à crier, hurler, on ne pouvait plus l’arrêter. On s’est enfui. Elle n’a pas su que c’était nous. Et on n’a jamais raconté cette histoire à personne, on avait trop honte. Elle est partie en vrille, on ne savait pas à quel point elle était fragile. On a su après qu’elle avait déjà fait des séjours en hôpital psychiatrique. Elle s’est suicidée un peu plus tard, elle était alors en maison de repos, mais elle n’a jamais pu émerger de son cauchemar. Un soir, elle a fait le plein de cachets et elle les a tous avalés d’un coup. Elle n’était plus dans sa chambre. Elle s’était cachée dans un champ de maïs, on n’a pas pensé à la chercher là, sinon on aurait peut-être pu la sauver. C’est horrible.

En disant cela, Léo vit une larme couler le long de sa joue.

Ecrit par Marie-Laure Bousquet

Rédactrice à Bordeaux-Gazette, elle intervient le plus souvent dans les rubriques sur le théâtre. Elle alimente la rubrique « Et si je vous racontais » avec des nouvelles fantastiques ou d’anticipation. Elle est aussi l’auteure de plusieurs romans : Les beaux mensonges, La fiancée du premier étage, Madame Delannay est revenue, Le voyageur insomniaque, Enfin seul ou presque, Raid pelotes et nébuleuses. D’autres romans sont à venir. https://www.amazon.fr/Marie-Laure-BOUSQUET/e/B00HTNM6EY/ref=aufs_dp_fta_dsk


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