Dylan continuait son récit, le regard dans le vague.
« Je me suis penché sur ma mallette, et tout en fouillant à l’intérieur j’ai vérifié que j’étais hors de vue de quiconque. Notre goût, partagé avec ce salaud de Tino, pour la discrétion, allait payer. Je me suis relevé, je tenais le grand couteau.

Le destin fit bien les choses, les planètes étaient alignées. J’ai vu le sourire de Barbara un instant qui se superposait sur le visage de Tino. J’ai planté le couteau qui s’est glissé entre ses côtes, il s’est affaissé aussitôt sans un cri, les yeux agrandis d’étonnement et moi, je me sentais enfin heureux. Un peu sonné, quand même, je me suis levé discrètement, je n’ai croisé le regard de personne, je me suis éclipsé.

Je me sentais apaisé, et aussitôt, je me suis souvenu de manière très aigüe des autres salauds qui avaient fait du mal à ma sœur. La bienfaisante sensation s’était évanouie, il fallait qu’ils payent.

Le poison dans le laboratoire où je travaille est facile à trouver, je m’en suis servi plusieurs fois. Le plus fou, c’est que je ne regrette rien, ils l’avaient tous bien mérité et je n’ai été que le bras de la justice. Barbara a dû les attendre là-haut juste avant qu’ils ne disparaissent en enfer ! Maintenant, je n’ai plus de raison de vivre, j’ai accompli mon destin. Mais il faut que je vous donne quelque chose, je l’avais préparé il y a longtemps. »

C’est ainsi que Dylan passa aux aveux.

Leo pensa que la punition était quand même un peu raide ! même si le fameux Tino se l’était bien cherché. Si on devait tuer tous ceux qui nous ont offensés, la terre serait moins peuplée...d’ailleurs cela ne fait-il pas partie d’une prière ? ...comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés... ? Etc.…Dylan qui semblait croire en Dieux n’avait pas choisi la clémence. Mais était-ce une raison pour assassiner à tour de bras ! certes non, mais bon, au moins Tino avait fini de dispenser le mal autour de lui. À présent, c’était Dylan, l’assassin, qui allait devoir payer.

Son récit achevé, Dylan prit dans le tiroir d’une commode, un manuscrit signé et alors que Léo s’en saisissait, il nous a dit adieu tout en se retournant et avant que nous ayons pu faire quoi que ce soit, il sautait dans le vide pour s’écraser en bas près d’un massif d’hortensias bleus.

Nous nous penchâmes sidérés, il ne bougeait plus, c’était bien fini. Après notre appel, la police ne mit pas longtemps à arriver.

Pour Leo, la surprise fut grande quand il découvrit en lisant la lettre, qui l’avait commandité, car on l’avait bien payé pour découvrir qui avait assassiné Tino. Il s’agissait de Dylan lui-même ! Le texte du désormais défunt assassin le stipulait bien, il voulait que la vérité éclatât, pour que sa sœur puisse reposer en paix et que le monde apprenne ce qu’elle avait enduré. L’adresse mail était celle de Barbara sa jumelle.
...

Voilà donc une affaire rondement menée. Une seule personne en a réchappé ; Corinne dite Kitty qui depuis travaille comme bénévole dans de multiples associations de charité. Son histoire au grand jour lui a procuré plus de honte que de soulagement.

Cette affaire nous a rapporté un peu de prestige, mais aussi assez d’argent puisque le commanditaire était aussi l’assassin. Il nous a donné tout ce qu’il avait, il comptait bien mettre fin à ses jours à la conclusion de sa série vengeresse de meurtres. Bien sûr, techniquement, aucun assassinat n’a pu être évité sinon celui de Kitty.

C’était ma première enquête avec mon frère Léo ! quelle joie de partager ces recherches et d’élucider ces mystères. Je lui ai démontré que notre association allait faire des merveilles, il m’a fait remarquer que jusqu’à présent il se débrouillait très bien sans moi. Cela dit, il a ajouté que pour lui aussi ce fut un plaisir et l’occasion de mieux me connaitre. Mes connaissances sur l’outil de recherche avaient été un plus dans cette affaire. Notre collaboration ainsi célébrée fut arrosée avec une coupe de champagne ! Tout était parfait quand Bettina, la mère de ma nièce Camomille, l’ex de Léo est arrivée.

Toute joyeuse, elle a voulu trinquer avec nous, elle avait, elle aussi, une nouvelle à nous annoncer. Elle revenait vivre avec Léo ! Enfin, pas exactement, elle comptait s’installer dans un des appartements qui jouxtent la cantine. Elle a déclaré qu’évidemment elle payerait un loyer. Camomille était ravie, Léo un peu moins, il a protesté, mais moi je sais qu’il a toujours un faible pour elle. Bien entendu, il a cédé.

L’été s’achève et voilà que l’automne nous apportera peut-être une autre affaire mystérieuse à résoudre, mais ça, c’est une autre histoire...

FIN