Qui a tué Pollux ?
Au cours d’un séminaire de détente, un assassinat inopiné vient contrarier la zénitude du lieu. Qui a tué Pollux ? : Chapitre III
En voiture Sissi !
Quand Léo s’ennuie, il mange. Du chocolat, des gâteaux, des fruits... Et donc, depuis la dernière affaire de meurtre élucidé, ne voyant rien venir de bien intéressant, il grossissait. Mais cette expansion physique était compensée par une activité sportive très intense. Le vélo, la musculation, et le trampoline.
Son bureau, qu’il partageait avec sa sœur, se trouvait dans un grand bâtiment qui abritait une belle maison de retraite dont il avait hérité après le départ de son oncle et de sa tante pour les Antilles. Il ne manquait de rien. La maison était bien gérée et, outre les résidents habituels, elle abritait une locataire particulière qui payait régulièrement son loyer : son ex-femme Bettina, dont il avait une fille Camomille.
Son affaire de détective privé ne marchait pas vraiment, car il n’acceptait que les affaires qui l’intéressaient et donc il éliminait toutes les histoires sordides en général et en particulier. Lui, il recherchait les beaux meurtres, les personnes en détresse qui cherchaient quelqu’un comme dans l’affaire Delannay et il ne crachait pas sur les meurtres en série comme dans le crime de la Pizzeria.
Léo lâcha le granola de sa main droite et l’haltère de sa main gauche pour saisir son téléphone. À la fin, il posa une drôle de question :
Tu es au camp de naturistes ?
Mais non, chuchota Sissi, c’est un petit centre en dehors de Vandays Montalivet où le port du vêtement est fortement apprécié. Mais je dois te laisser, quelqu’un vient.
Il rassembla ses idées pour récapituler ce qu’il venait d’entendre. Sa sœur Sissi, qui était partie en Espagne en vacances, avait quitté le centre dans un fourgon après la découverte d’un des dirigeants morts près de la piscine. Les vacanciers malchanceux, éjectés de leur lieu de résidence, s’étaient réveillés en France dans un autre centre, cette fois à Montalivet au bord de l’Atlantique. Elle n’avait pas eu le temps de lui en dire plus. Elle avait dû raccrocher. Première question, pourquoi se cachait-elle pour parler au téléphone ? Qui était ce type assassiné ? Dans quel pétrin s’était-elle fourrée ?
Depuis le dernier coup de fil, il essayait régulièrement de rappeler Sissi qui ne répondait plus. Il avait toujours des contacts avec la police en la personne de son meilleur pote Maximilien qui voulut bien se renseigner et lui assura qu’il n’y avait pas eu de meurtre signalé à l’Escala en Catalogne ce mois-ci.
L’inquiétude s’insinua fortement en lui à cette dernière information. Sa sœur, si elle était très originale et enjouée, ne dédaignant pas faire des blagues à l’occasion, n’aurait jamais plaisanté sur un sujet pareil. Et puis, il l’avait entendu dans sa voix ; une légère anxiété, tout à fait inhabituelle chez elle !
Première chose à faire, il fallait la retrouver. Il chercha tous les centres de vacations de Montalivet encore ouvert en octobre. Ensuite, il consulta tous les sites possibles du cru, passa des coups de fil et ne trouva rien. Il se décida à partir là-bas.
Vendays Montalivet en automne, comment dire, c’est très romantique, avec le bruit ronflant de la mer, sa couleur bleu sombre et étincelante, les pins qui s’élancent toujours vers le ciel, la plage déserte au sable froid qui crisse sous les pieds. Mais voilà, les touristes en sandales envolés comme un escadron de moineaux, tout parait terriblement différent. Léo comprit que la substance qui nourrit les centres de vacances, une fois disparue, n’avaient aucune raison de rester ouverts.
Il sollicita à nouveau son ami Maximilien, pour lui demander de localiser le portable de Sissi. Celui-ci regimba, alors, Léo dut faire une demande de recherche pour personne potentiellement en danger. Quand on est haut placé dans une hiérarchie, ce qui était le cas de son ami, il est plaisant de constater comme les obstacles s’amenuisent jusqu’à disparaître.
...
Notre nouvelle résidence dans le centre de vacances, avant notre arrivée, était tout à fait vide : Lia, Carmen, Carla, Tommy et moi, ainsi que Paula et Miranda, étions les seuls résidents, jusqu’à ce qu’un nouveau venu se présente. Un blond glabre aux yeux bleus qui s’adressa à nous avec un accent parisien très prononcé.
Je m’appelle Nicolas et je suis le gérant de ce lieu qui est heureux de vous accueillir pour la suite de votre séjour. Nous savons que vous avez subi un traumatisme terrible, mais nous tenons à vous informer que Pollux a été pris en charge par l’hôpital et qu’il va très bien.
Je m’écriais :
Quoi ! il n’est pas mort ?
Absolument pas, c’est une bonne nouvelle non ?
Si bien sûr, mais tout ce sang et...
Oui c’est impressionnant, mais le cou saigne beaucoup alors, c’est une illusion.
M’enfin, c’est la veine jugulaire forcément que ça saigne beaucoup...
Je vous dis qu’il va bien c’est ce qui compte non ?
Inutile de vous dire que je n’aimais pas la façon dont il me répondit.
Pourquoi nous avez-vous amenés ici ? Allons-nous retrouver notre lieu de vacances ?
Oui, tout à fait, mais nous allons y aller en bateau ! n’est-ce pas formidable ?
Quel bateau ?
Celui-là !
Il nous conduisit au dehors et effectivement, sur la sauvage Atlantique se balançait une frêle péniche miniature, une pénichette quoi !

Ecrit par Marie-Laure Bousquet
Rédactrice à Bordeaux-Gazette, elle intervient le plus souvent dans les rubriques sur le théâtre. Elle alimente la rubrique « Et si je vous racontais » avec des nouvelles fantastiques ou d’anticipation. Elle est aussi l’auteure de plusieurs romans : Les beaux mensonges, La fiancée du premier étage, Madame Delannay est revenue, Le voyageur insomniaque, Enfin seul ou presque, Raid pelotes et nébuleuses. D’autres romans sont à venir. https://www.amazon.fr/Marie-Laure-BOUSQUET/e/B00HTNM6EY/ref=aufs_dp_fta_dsk
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