Qui a tué Pollux ?
Au cours d’un séminaire de détente, un assassinat inopiné vint contrarier la zénitude du lieu. Dernier chapitre.
Carmen l’échappée du séminaire de détente, assise dans un fauteuil bien profond, contemplait la vapeur qui s’élevait en fines volutes de sa tasse de thé. Devant elle Léo et Bettina attendaient avec une impatience soigneusement contenue ses explications.
En fait, ils m’ont abandonné sur la route après notre balade en bateau. Il ne restait plus que Lia, Tommy, Wendy, Sissi et moi. Tous les autres résidents sont restés en Espagne. Ils nous ont dit qu’ils avaient été redirigés ailleurs. En fait Pollux avait fait semblant d’être mort et, quand nous l’avons revu, il s’appelait Nicolas. Je n’ai pas trouvé la blague très amusante, ils m’ont répondu que le séminaire était Soleil Musique Zen et Aventure. La mention aventure était si minuscule que, si je l’avais vu, je ne serais jamais venue ! moi j’avais besoin de calme, luxe et volupté, comme dit mon patron, Lucien Chalumeau, c’est le bourgmestre de Charleroi. Un type comme ça !
Elle leva son pouce vers le haut comme si elle voulait être prise en stop. Elle sembla réfléchir, puis elle ajouta :
Enfin, volupté peut-être pas...
Oui, mais où sont les autres ?
Aucune idée, mon débarquement était très violent, cela m’a vexée... je ne sais pas où ils peuvent être.
Bon nous avons des prénoms, mais nous n’avons pas de nom.
Il y avait Sissi que vous connaissez, il y avait aussi Lia qui est propriétaire d’un cheval de course Ferdinand du romarin, un nom comme ça... qui gagne tout d’après elle, elle avait l’air d’être à l’aise au niveau finance si vous voyez ce que je veux dire. Quant à Wendy, il était inspecteur des impôts et puis il a changé, beaucoup changé
... il s’est transformé en janvier ou février de l’année dernière, depuis, c’est une femme extra, magnifique et d’une gentillesse ! Sur Tommy je ne sais rien, il n’était pas très bavard.
Léo consultait son ordinateur en même temps qu’il écoutait Carmen qui rapetissait, s’enfonçant de plus en plus comme absorbée par les coussins du fauteuil. Bettina l’examinait avec curiosité telle une prédatrice qui observe une proie qui se prend à son piège. Il y eut un long silence. Quand Léo intervint, elle se secoua et lui accorda toute son attention. Elle chuchota.
Elle vient de s’endormir !
Ha ! c’est ces fauteuils il font toujours cet effet.
Bon, inutile de la réveiller, elle se remet de ses émotions, ne la dérangeons pas.
Le fauteuil possédait des roulettes, il s’approcha et le déplaça avec précautions. Il l’amena dans la pièce à côté où d’autres résidents faisaient également une petite sieste. Une musique douce se diffusait dans la salle accroissant la sensation de bien-être. Elle ne broncha pas, poussant même un petit soupir d’aise.
Léo retrouva Bettina qui pianotait sur l’ordinateur.
Qu’est-ce que tu fais ?
Je cherche des renseignements et justement, avant que tu n’arrives, j’avais quelque chose sur Lia à partir de son cheval Ferdinand du romarin, j’ai son nom c’est Lia Bordache.
Très bien je vais contacter sa famille.
Bettina se replongea sur la toile pour trouver d’autres renseignements. Tout à coup elle s’écria.
J’ai Wendy Carpolovich, elle a écrit un livre qui a eu beaucoup de succès sur sa transition. Il y a des photos d’elle où elle parait très à l’aise, regarde on la voit devant sa maison, je veux dire son manoir ! avec la voiture, je ne m’y connais pas, mais cela sent le pognon à plein nez. Quant à ce Tommy, je n’ai rien trouvé.
Après un temps de réflexion le regard perdu dans le vide, Léo repensa à la demande de rançon. Il s’exclama.
Mais dis donc ! ils sont tous extrêmement riches ! J’ai compris, comme Sissi, il s’agit d’un kidnapping généralisé !
Il regarda sa montre.
Le courrier doit être passé ! j’y vais.
En effet, il croisa Ben l’orthophoniste, la vingtaine, un peu maigrichon en blouse bleu. Il lui tendit une lettre. Il était hilare.
C’est pour vous, mais dites à votre secrétaire que je ne suis pas votre coursier. Enfin elle est si mignonne que je ne peux rien lui refuser. Vous savez si elle a quelqu’un ?
Non, mais donnez-moi cette lettre merci.
Il avait répondu un peu sèchement, reconnaissant l’écriture sur l’enveloppe non cachetée. Un style torturé comme si l’auteur avait choisi d’écrire avec la main opposée à celle qui utilisait d’habitude.
Ben ne s’attarda pas. Léo seul avec Bettina ouvrit l’enveloppe. Une petite clé numérotée accompagnait la lettre.

Ecrit par Marie-Laure Bousquet
Rédactrice à Bordeaux-Gazette, elle intervient le plus souvent dans les rubriques sur le théâtre. Elle alimente la rubrique « Et si je vous racontais » avec des nouvelles fantastiques ou d’anticipation. Elle est aussi l’auteure de plusieurs romans : Les beaux mensonges, La fiancée du premier étage, Madame Delannay est revenue, Le voyageur insomniaque, Enfin seul ou presque, Raid pelotes et nébuleuses. D’autres romans sont à venir. https://www.amazon.fr/Marie-Laure-BOUSQUET/e/B00HTNM6EY/ref=aufs_dp_fta_dsk
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