Bordeaux
Samedi prochain le Carnaval des Deux Rives, qui s’élancera des allées de Tourny en début d’après-midi, se mettra à l’heure chinoise. Une occasion pour nous de faire un point sur l’influence chinoise à Bordeaux.
Si les achats de château du vin par des Chinois fait la une des journaux, les relations entre la capitale aquitaine et la Chine sont loin de se limiter à ce seul aspect. Ainsi l’an dernier ont été créés des cours gratuits de chinois, donnés à l’Athénée et lancés lors d’une manifestation au Musée d’Aquitaine. Comme dans une petite école communale à la campagne, tous les âges et les niveaux sont mélangés, créant une atmosphère sympathique. D’abord réservés au seuls enfants de la communauté chinoise bordelaise, ces cours vont s’ouvrir à tous les jeunes (et moins jeunes) quelque soit leur origine.
Si les effectifs de la communauté chinoise établie dans l’agglomération sont réduits, il n’est pas de même du nombre d’étudiants suivant un cursus sur les rives de la Garonne. On compte aujourd’hui quelque 3 000 étudiants (et étudiantes) inscrits dans un établissement d’enseignement supérieur bordelais. L’attractivité de Bordeaux est bien évidemment liée à la notoriété de son vin en Asie. Toutefois il ne faudrait pas croire que tous suivent des cours d’œnologie ou de viticulture. En fait la grande majorité poursuit des cursus n’ayant rien à voir avec ces disciplines. On ne peut que se réjouir du rayonnement de Bordeaux en Chine et apprécier les moments festifs et folkloriques que représentent des événements comme la célébration du Nouvel An chinois ou le Carnaval des Deux Rives. Mais on peut aussi s’inquiéter du risque de communautarisme. Certains reprochant parfois la Mairie de l’encourager en mettant en avant sa volonté de favoriser la diversité.
L’association des Chinois de Bordeaux dont le président est Linsheng Huang, qui est à l’origine des cours de chinois, et l’ambassade de Chine, qui la soutient, sont bien conscientes du risque. Le N° 2 de l’ambassade, présent lors de la réception au Musée d’Aquitaine et lui-même ancien étudiant à Bordeaux dans les années 70, insista sur le fait que cet enseignement ne devait pas développer une attitude de repli sur soi communautariste mais au contraire favoriser l’intégration. D’où l’ouverture des cours aux non-chinois et le nom choisi par l’association : non pas les Chinois de Bordeaux, mais « Passerelle » en chinois, les Chinois bordelais devant être un trait d’union entre l’Empire du Milieu et le Port de la Lune.
Ecrit par Antoine Lebegue