Bordeaux
Du 21 novembre jusqu’au 10 janvier est installée au Musée d’Aquitaine l’exposition Hikari – Regards croisés sur le Japon. Celle-ci a été mise en place dans le cadre du festival FACTS. Elle entremêle le travail de deux photographes : Ferrante Ferranti et Arnaud Rodriguez. Bordeaux Gazette a interviewé ce dernier.
Arnaud Rodriguez habite au Japon depuis 2014. Il a fait plusieurs voyages dans ce pays qui l’ « attirait sans trop savoir pourquoi », avant d’y poser définitivement ses bagages par « hasard » en « rencontrant un amoureux du Japon ». Il dit avoir un regard « distant » et « curieux » avec cette contrée, « un monde bien différent du nôtre où on est toujours surpris ». Les discussions entre amis et la sociologie japonaise lui ont semblé indispensables pour « mieux saisir le fonctionnement de ce pays ».
« Plus de quatre mois se sont écoulés entre la naissance du projet et la finalisation », même s’il souligne avoir fait ce travail par intermittence. Ces photos exposées au Musée d’Aquitaine représentent majoritairement des scènes du quotidien. Selon lui, « la vie quotidienne est par définition d’une banalité déconcertante et pourtant en même temps d’une importance capitale. C’est peut-être un peu prétentieux, mais ce qui m’intéresse c’est de transformer la banalité en quelque chose que l’on regarde. Je cherche en quelque sorte à glorifier l’anodin, le peu, le rien… et surtout à le montrer non pas en tant que détail mais en tant que partie d’un grand ensemble. En même temps, il y a parfois de belles surprises. »
« Je prends tout en photo et je voulais que cette exposition le montre. La caractéristique principale c’est l’absence de ligne, d’une direction, d’un type de sujet. » La pénombre apparaît ainsi comme « une composante de ce qui fait le quotidien » : au Japon le soleil se couche tôt et « les rues sont moins éclairées qu’en France ». « Lorsque je venais en vacances, je n’en saisissais pas l’importance » « surtout pas avec un regard de photographe ».
Certaines de ses photos exposées ont été réalisées avant son installation au Japon, d’autres pendant qu’il réfléchissait aux formats et à l’accrochage pour l’exposition. Il évoque la sélection des photos comme un « long processus ». Les grands formats lui sont apparus comme des évidences avec des « images très fortes ». Le plus compliqué à été de déterminer les moyens formats. Il a ajouté les petits formats en dernier afin de « rééquilibrer visuellement cet ensemble » L’équilibre entre les couleurs et les atmosphères était trouvé.
Ferrante Ferranti et lui se sont envoyés l’un et l’autre leurs sélections de photos, s’échangeant leurs réflexions. « Cela m’a aidé à faire le choix final » affirme Arnaud Rodriguez. Les échanges se sont fait aussi à distance lors de l’accrochage, n’ayant pas pu installer leurs photos simultanément.
Concernant la complémentarité de ses travaux avec Ferrante Ferranti, Arnaud Rodriguez déclare : « c’était important pour moi de me démarquer sur le fait que j’y habite (ndlr : au Japon) et qu’il y est allé trois fois, en général dans un but précis. Plus largement nous n’avons pas du tout la même pratique. Quand je parle de l’anodin, je parle aussi du « faire avec » photographique : faire avec le mouvement, la lumière… parfois avec la répétition des jours qui suivent. Ferrante est plutôt dans la recherche de sublimer l’image, en particulier avec la lumière. Concernant la lumière d’ailleurs, il ne fait jamais de photo de nuit. »
La prochaine exposition d’Arnaud Rodriguez sera au Japon, « toujours sur cette idée du quotidien et de comment le montrer, interroger ce que l’on voit autour de nous, comment toutes ces images forment un tout. C’est donc une petite mise en danger : montrer aux japonais comment je regarde leur pays. »
Ecrit par Marie Verger