Derrière ses grandes lunettes rondes, Globule est un enfant discret, souvent qualifié d’"être dans la lune" par son père. Ce dernier, pressé par le quotidien, impose un rythme de vie structuré : réveil, école, douche, dodo… Un emploi du temps réglé au millimètre, qui ne laisse que peu de place à la rêverie. Mais Globule a un secret : lorsqu’il enlève ses lunettes, le monde devient flou et se transforme en un terrain de jeu où tout peut arriver. Des histoires absurdes, drôles et parfois effrayantes prennent vie sous ses yeux.

Mais à force de plonger dans ce monde de songes, ne risque-t-il pas de perdre pied avec la réalité ?

Un spectacle à la croisée de la bande dessinée et du théâtre d’ombres

Mise en scène par Magali Esteban, cette première création explore un univers visuel inspiré de la bande dessinée et du stop-motion. Sur scène, de grands panneaux disposés en demi-cercle évoquent les pages d’un album qui s’animent au gré des projections et des manipulations. L’histoire se construit "de bulle en bulle", guidant les spectateurs à travers le quotidien rythmé de Globule et ses échappées imaginaires.

Le dispositif scénique repose sur deux rétroprojecteurs qui permettent à la marionnettiste d’animer ombres et objets à vue. Un tapis roulant placé au centre du plateau symbolise le trajet du petit garçon vers l’école, renforçant cette impression de course perpétuelle imposée par son père.

L’esthétique du spectacle puise son inspiration dans les illustrations épurées de Jean-Jacques Sempé et Quino, créant un contraste saisissant entre le noir et blanc du quotidien structuré et les touches de couleur qui surgissent dès que Globule se laisse emporter par son imaginaire.

Un langage universel porté par la musique et les images

Peu de dialogues dans Globule, mais une bande-son immersive signée Thomas Fiancette, qui mêle compositions originales, bruitages et voix enregistrées. Ce travail sonore accompagne chaque moment clé du spectacle, renforçant les émotions et les atmosphères, qu’elles soient légères et oniriques ou plus oppressantes.

La voix de Globule, quant à elle, est interprétée en direct par la comédienne-manipulatrice, à travers un langage inventé proche du "grommelot". Une manière subtile d’inviter les enfants à projeter leurs propres interprétations sur les scènes qui se déroulent sous leurs yeux.

Un regard tendre sur l’enfance et la place du rêve

Au-delà de son esthétique soignée, Globule porte un message profond sur l’enfance et le rapport au temps. À travers le personnage de Globule et son père, la pièce interroge le rythme effréné de nos vies et l’importance du rêve dans le développement de l’enfant.

Comme l’explique Magali Esteban, ce spectacle est une invitation à ralentir, à observer le monde à travers d’autres prismes et à réapprendre à s’émerveiller. Une réflexion qui trouvera un écho aussi bien chez les jeunes spectateurs que chez les parents, souvent pris dans le tourbillon du quotidien.

Avec sa poésie visuelle, son esthétique soignée et son univers délicatement absurde, Globule s’impose comme une parenthèse enchantée, un instant suspendu où l’imaginaire reprend ses droits.

Ne manquez pas cette escale onirique, le 12 février au Royal de Pessac, pour une plongée tout en douceur dans l’univers d’un enfant rêveur qui, le temps d’un spectacle, nous rappelle que voir flou, parfois, c’est aussi voir autrement.

Infos Pratiques :
Billetterie : https://billetterie.pessac.fr/
Cie Le Clan des songes : https://clan-des-songes.com/