S’il est évident de constater que les primaires de la droite et de la gauche ne contribuent pas à solutionner la crise traversée depuis pas mal d’années par les partis politiques français, le bénéfice qu’elles sont susceptibles d’apporter à la démocratie est quant à lui fort discutable et sujet à controverse.
Une réponse aux mœurs de l’époque …
Au sein de partis politiques où ni leader incontestable ni programme dominant ne s’imposent, les primaires sont apparues pour répondre aux mutations de la vie politique et aux mœurs de surmédiatisation de notre époque.
Tout en permettant à plusieurs personnalités politiques de se faire connaître, les primaires conduisent aussi sur le devant de la scène des candidats en aucun cas expérimentés et susceptibles d’assumer la fonction présidentielle et alimentent ainsi une course à la notoriété dont la démocratie n’a nul besoin.
De quoi désespérer du manque d’unité au sein de nos grands partis, partis ni structurés ni dirigés, et ne pas se féliciter d’une offre multiple de candidats conduisant beaucoup plus à la confusion et à l’expression d’ambitions personnelles multiples et inappropriées qu’au triomphe de la démocratie et des idées nouvelles.
Electoralement pas motivantes …
Avec par exemple en 2011, lors des primaires de la gauche, à peine 6% de la population en âge de voter ayant participé aux primaires, et un taux d’abstention lors des présidentielles de 2012 resté inchangé, le réveil du vote attendu suite aux primaires n’a pour l’instant pas eu lieu, nul réveil de la démocratie n’est à constater … Pâles copies des élections présidentielles, les primaires ne font qu’impliquer les partisans …
Le risque de fausse piste … et de confusion
Dans un monde où la radicalisation des idées est de plus en plus d’actualité, le triomphe d’un candidat ayant convaincu les partisans les plus inconditionnels de son camp ne garantit absolument pas que ce vainqueur soit ni le plus à même de rassembler les Français, ni tout simplement le meilleur candidat. La fameuse élection des « champions » de la droite et de la gauche destinés ensuite à se mesurer, évoque beaucoup plus un affrontement qu’une démarche démocratique.
Est-il acceptable pour séduire deux électorats distincts, que le même homme doive se livrer à quelques mois d’intervalle à deux discours différents, celui de la primaire puis celui de la présidentielle ?
L’insupportable campagne électorale permanente !
Même si le sentiment de campagne électorale permanente semble malheureusement et depuis longtemps bien ancré dans l’esprit des Français, la préparation des primaires durant un septennat devenu depuis 2000, un quinquennat, n’a fait qu’empirer les choses.
Le mandat ainsi ramené à 5 ans condamne tout le personnel politique à se concentrer très vite sur la préparation de sa réélection, au détriment de la mise en place d’une politique dans un délai minimum de sérénité qui devient introuvable, tout à fait désastreux !
La fragmentation des partis
En ce qui concerne par exemple les primaires de la gauche, on constate un pluralisme contradictoire et irréductible illustré par des différences idéologiques, pour ne pas dire des abîmes, qui laissent rêveur.
Ainsi claironner l’union et le rassemblement de tous, à l’issue de ces primaires, ne peut sérieusement convaincre que les plus écervelés et les plus optimistes d’entre nous.
Fragmentés et même parfois pulvérisés par ces joutes politiques de présélection, les partis politiques qui n’attirent plus grand monde devraient finir par comprendre que certaines unions de circonstance ne sont plus, ni crédibles ni « vendables », ni sérieuses et que la « magie rassembleuse » supposée des primaires, ne fonctionne plus.
Beaucoup de bruit pour rien …
Difficile et même impossible en raison de tous ces aléas, de voir en quoi ces primaires peuvent bien servir le pays. Se réjouir du triomphe de la démocratie en raison de la participation au vote de 3 ou 4 millions de Français, constitue une bien maigre consolation qui ne fait d’ailleurs que combler de bonheur les organisateurs et eux seuls !
Beaucoup trop d’agitation pour un résultat bien médiocre et surtout « beaucoup de bruit pour rien » comme aurait pu dire Shakespeare … Car si deux candidats ont bien été désignés suite à ces primaires, le bénéfice démocratique pour le pays reste quant à lui, plus que discutable !
Indépendamment de toute préférence partisane, il est permis de constater et même selon pas mal d’observateurs, de penser, que lors de la primaire de la droite, le candidat le plus à même de rassembler les Français a été nettement battu en une victoire de la démocratie d’échantillon plus stupide que remarquable !!!
Pas sûr que le pays ait à s’en féliciter !
Ecrit par Dominique Mirassou