Bordeaux
Début janvier, la célèbre salle de concert associative de Bordeaux, le VOID, fermera ses portes définitivement pour raisons économiques. Retour sur ce lieu qui, depuis des années, anime les nuits de bien des passionnés
« Voilà la triste réalité, nous ne sommes certainement pas les seuls dans ce genre de situation. Et c’est franchement dégueulasse » confie l’un des dirigeants du VOID, salle de concert associative et indépendante à Bordeaux. Le 11 septembre, ils annoncent la fermeture de l’établissement sur Facebook. La crise sanitaire les a poussés à mettre la clé sous la porte, expliquent-ils avec une amertume non dissimulée. Depuis plusieurs années déjà, le VOID s’était imposé comme un incontournable Bordelais. « Le 58 rue du Mirail, c’était un endroit où on croisait des gueules cassées, des musiciens, des artistes, des gens qui, le temps d’un soir devenaient comme des amis » témoigne Géraldine, une habituée des lieux au cœur gros. La salle de concert se trouve dans une cave à l’ambiance tamisée, « dans le style des afterparty à l’anglaise » commente Seb, membre du collectif Multiverse, organisant des soirées au VOID. D’après les habitués, le lieu, théâtre de soirées à l’ambiance chaleureuse et mouvementée, a été à l’origine de bien des rencontres.
- Ambiance
Adrien, membre de groupes de punk, en témoigne : « Au fil du temps, nous avons fait la connaissance de pas mal de personnes, ça devenait la grande réunion des copains ! Parfois, je n’allais à un concert que pour voir du monde et profiter de l’ambiance. ». Géraldine opine : « Il y avait ce côté un peu comme à la maison, où nous nous sentions forcément bien. Alors, nous pensions que Bordeaux n’était pas encore complètement endormie ». Au fil des années, l’association qui dirige l’établissement a tissé de profonds liens avec les artistes et le public : « De cette expérience, nous retenons beaucoup de stress, de rires, de larmes, et de sueur. D’histoires humaines, et d’instants inoubliables. » confient les dirigeants. Les concerts au Void réunissaient et rythmaient les soirées des Bordelais. « Si l’on aimait les livres, la musique métal ou le hard core-punk et plus généralement, que l’on cherchait une culture plus alternative, c’était là qu’il fallait aller. » affirme Géraldine. Pour le grand bonheur des clients, les programmations étaient riches en artistes : groupes amateurs ou expérimentés, et collectifs associatifs venaient s’y produire. Un véritable tremplin pour certains. « C’est ce qui m’a lancé ! Le Void m’a insufflé la création de notre collectif et mon implication dans l’évènementiel Bordelais » s’émeut Seb.
- DJ au Void
Depuis l’annonce de la fermeture de l’établissement, musiciens, et fans de culture alternative, sont soucieux. Où se rendre lorsque la crise sanitaire permettra de nouveau de sortir ? L’option la plus évidente, ce sont des bars organisant à l’occasion des concerts. Si certains s’en contentent, pour d’autres, comme Seb, « cette ambiance, cette capacité et cette facilité d’ouverture à une scène vraiment large » que possédait la salle restent pour le moment introuvables. « Désormais, je ne sais pas trop où les artistes vont poser leur bazar créatif. » s’inquiète Géraldine. Les membres de l’association tenant le Void ne sont pas moins incertains quant au futur. Mais, piquant cruellement notre curiosité, ils nous expliquent travailler désormais pour un « avenir radieux ». Les sorties nocturnes devront tout de même attendre. La réouverture des salles de concert est prévue pour le 7 janvier, quand celle des bars et restaurants devrait se tenir le 20 du même mois.
Ecrit par Amandine Dargenton