Ne comptant en aucune façon renier sa formule à propos de l’identité heureuse, expression employée pour la première fois, il y a maintenant deux ans et fondatrice d’une partie de son programme présidentiel, Alain Juppé ne manque pas d’être critiqué par ses rivaux.
Naïf et « bien pensant »
Face à un Alain Juppé affirmant et assumant on ne peut mieux cette position, Nicolas Sarkozy réplique qu’il n’y a pas d’identité heureuse quand des milliers de Français en viennent à haïr leur pays à ce point, ou bien encore quand les règles de la République sont à ce point bafouées, quand des millions de Français sont au chômage, quand le terrorisme s’étend sur le territoire, etc ….
François Baroin quant à lui ne manque pas de souligner que cette identité heureuse correspond à un manque total de réalisme : « Il n’y a pas d’identité heureuse aujourd’hui. C’est une grave erreur que de le penser, une immense naïveté ».
Geoffroy Didier tout en ne mettant pas en doute la lucidité d’Alain Juppé, considère qu’étant donné les urgences nationales alors que les Français ne supportent plus les postures morales, la question de l’identité heureuse chère à Alain Juppé est une erreur de diagnostic au moment où des dérives communautaristes menacent l’unité de la République.
Côté présidence, François Hollande quant à lui, subitement éclairé et apparemment beaucoup plus inspiré comme candidat que comme président n’a pas manqué de donner sa leçon de haute réflexion, leçon selon laquelle l’identité n’aurait aucun intérêt, etc ….
Du mauvais Mitterrand !
- Geoffroy Didier
- © UMP Photos
« Tous les coups sont permis »
Si lors des joutes politiques souvent qualifiées de véritables combats, il est bien connu que tous les coups sont permis. L’arène attire cependant de moins en moins de spectateurs (deux tiers des Français n’éprouvent aucun intérêt pour les primaires !!!) tant les méthodes employées sont lassantes et grossières pour ne pas dire assez souvent tout à fait malhonnêtes. La mauvaise foi quotidienne des brèves de « comptoirs de bistrots » bien connue des Français n’est pas acceptable à ce niveau du débat public et les Français qui ne sont pas dupes, n’apprécient guère d’être pris pour des imbéciles. Etre d’accord ou non avec les idées d’Alain Juppé n’empêche pas de comprendre que « l’identité heureuse » dont il parle est un objectif et non un constat ! Et qu’une telle ambition collective est plutôt souhaitable.
« Pas assez ferme ? »
La vraie question pour certains électeurs concerne le soi-disant manque de fermeté d’Alain Juppé mis en avant par ses adversaires, ainsi que son constat trop indulgent de la situation actuelle et son trop plein d’optimisme quant à l’avenir.
Alors que de très nombreux Français semblent apprécier sa mesure et sa sagesse, tant il leur semble important de ne pas casser la France en deux afin de pouvoir prétendre harmoniser diversité et unité du pays, bon nombre d’électeurs potentiels d’Alain Juppé sans aucun doute influencés par ces attaques sommaires, semblent encore s’interroger sur le niveau de détermination et de fermeté dont il sera capable de faire preuve en cas de victoire.
Nul doute qu’Alain Juppé, comme il l’a prouvé à Bordeaux depuis plus de vingt ans, ne manquera ni d’autorité ni de conviction ni de détermination pour aller au bout de ses idées et de son projet et mettre en œuvre les réformes qu’il a annoncées. Tout cela sans aucun tapage ni excès de langage, tel un véritable homme d’Etat.
Ecrit par Dominique Mirassou