16 heures, nous embarquons sur nos esquifs, deux canoës rouges. Je voyage avec Boris notre guide. Il m’a affecté à l’avant, la place de celui qui ne sait rien faire sinon pagayer avec ardeur, cela n’est pas pour me déplaire, car les manœuvres, sans être compliquées, demandent une certaine attention dont je suis par le fait délivrée. Dans l’autre canot, un jeune couple, un anglais et une Hollandaise. Ils s’entendent bien, visiblement, la sauce à l’air de prendre. Ils se prénomment Daniella et Bowie.

Nous suivons attentivement un briefing sur les règles de la navigation et la sécurité.
Cette fin de mois d’août, il fait un bon 36°, mais sur la rivière, une fine brise vient en calmer le feu. Devant nos regards étonnés, notre guide nous rassure, la couleur brunâtre de la Garonne n’est pas une preuve de sa saleté, bien au contraire, brassée deux fois par jour par les marées le fond argileux se soulève et en opacifie son eau.
La balade a commencé, nous longeons la rive quelques instants pour nous échauffer puis nous traversons pour nous approcher de l’île D’Arçin .Un arbre au large tronc déploie ses épaisses racines en tubulures torturées, hors du sol.

Plus loin, nous admirons les carrelets qui projettent leurs cabanes de pêcheurs comme des têtes curieuses sur de longs cous tendus au-dessus du fleuve.
Nous passons sous les ponts qui enjambent la Garonne. Si près de l’eau, les piles énormes du pont sont impressionnantes et le bruit assourdi des voitures qui passent au-dessus de nos têtes accentue notre sentiment de petitesse.
C’est la longue courbe décrite par le fleuve qui a donné au port son surnom sélénite de « port de la lune ».

Une heure et demie plus tard, nous voilà au niveau de Port Bastide, la traversée nous a menés de découverte en découverte.
La marée basse nous permet d’ apercevoir des épaves émergeant de l’eau comme des icebergs de fer et devant nous, le pont Chaban Delmas se superpose à la cité mondiale du vin en un paysage étrange entre la guerre du passé et un présent si récent qu’il semble encore appartenir à l’avenir.
Notre guide a traduit toutes ses explications simultanément en anglais, il nous a fait découvrir la Garonne et son lien avec sa ville. Nous ne nous sommes pas ennuyés ; beauté de la nature, histoire de la ville ou anecdotes méconnues. Attentif à l’environnement, Boris par son érudition sait très bien faire partager sa passion.
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