Mérignac
Cela fait plus de deux ans que Thomas Boisserie a cofondé Les Nouvelles Fermes d’aquaponie à Mérignac (Gironde). Une exploitation à mi-chemin entre agriculture conventionnelle et biologique, tant sur le plan écologique et économique.
Si ses grands-parents cultivaient à l’ancienne, Thomas Boisserie mise sur l’aquaponie, « l’agriculture de demain », en cofondant Les Nouvelles Fermes, à Mérignac, en 2019. L’idée ne date pourtant pas d’hier. Les Aztèques utilisaient déjà ce concept alliant hydroponie et aquaculture il y a 4 000 ans.
Pour l’agriculteur en revanche, tout part « d’une serre sur le toit d’un supermarché Whole Foods Market, à Brooklyn. Ils y faisaient pousser des fruits et légumes en hydroponie, qui avaient donc les racines dans l’eau. Mais je trouvais l’idée de dépendance aux intrants agricoles chimiques de synthèse un peu chiante. C’est en fouillant un peu plus le domaine que je suis tombé sur l’aquaponie. »
Un circuit fermé presque bio
Thomas Boisserie et quatre autres associés créent donc une première ferme test de 1 000 m2 en serre froide, « qui n’a pas besoin d’être chauffée », en 2019 à Lormont. Ils y ont testé « plus de 400 variétés de légumes de saison » en créant un « écosystème en trois parties. Les déjections des truites arc-en-ciel que nous élevons vont se mélanger à l’eau, qui va ensuite être transférée dans une cuve contenant des bactéries. Elles vont grignoter ces minéraux pour les transformer en azote, en phosphore et en potassium. Cette eau atterrit ensuite dans les bassins des plantes, qui vont absorber les nutriments et filtrer l’eau à 90 %, qui retourne ensuite chez les poissons. », détaille Thomas Boisserie.
« On utilise dix fois moins d’eau, cinq fois moins d’énergie et on émet en moyenne 30 % de CO2 en moins »
Les cultivateurs se sont ensuite agrandis en créant une nouvelle ferme de 5 000 m2 à Mérignac, « l’une des 8 fermes de cet ampleur dans le monde », en 2022. Si ce système écologique n’utilise pas de vaccins pour les poissons ni de traitements chimiques, il ne possède pas le label agriculture biologique. « On s’interdit même certains traitements que le bio s’autorise comme le sulfate de cuivre. »
Une agriculture et une économie locale comme « solution de demain »
Les produits de la ferme sont ensuite vendus « à 60 % dans une quinzaine de grandes et moyennes surfaces, à 30 % pour une dizaine de restaurants et à 10 % aux particuliers dans un rayon de 15 km. », explique Thomas Boisserie. Des produits vendus « près de 15 % moins cher que le bio ». Dans une époque où l’agriculture rencontre de plus en plus de problèmes économiques, les Nouvelles Fermes pallient ce problème en « récupérant toute la marge que pourrait prendre des intermédiaires habituels. Pour ça, on a internalisé le packaging, la logistique, le marketing, le commercial et la RH. »
Une exploitation qui pourrait être « l’une des solutions de l’agriculture de demain à l’heure où l’agriculture est le premier vecteur de l’effondrement de la biodiversité, déplore Thomas Boisserie. On utilise dix fois moins d’eau, cinq fois moins d’énergie et on émet en moyenne 30 % de CO2 en moins » que l’agriculture conventionnelle. Les agriculteurs envisagent d’ici 2025 de créer six hectares de fermes en île-de-France.
Ecrit par Antonin Besnard