Au risque d’apparaître comme désespérément pessimiste, ce qui n’est pas le cas, je pense que l’harmonie universelle, pas plus que la concorde fraternelle n’ont jamais existé et très certainement n’existeront jamais sur notre terre. Pas plus d’ailleurs que la justice dans un monde où la « vérité » dans son sens le plus noble reste tout à fait inaccessible aux humains que nous sommes.
Le paradis
De quelle foi, de quel aveuglement face aux méfaits des humains, de quelle espérance en la générosité du ciel et dans la perfectibilité humaine faudrait-il faire preuve pour envisager ces lendemains enchanteurs et un monde harmonieusement accompli.
Dans un monde trop souvent infernal, le seul vrai remède à nos maux, le seul vrai support de nos espérances, c’est à l’évidence en nous-même qu’il nous faut le chercher, dans le principe à la fois mystérieux et intemporel de notre nature. Dans ces moments où avec ou sans conscience du divin la matière se dissout, les ténèbres s’éloignent et où la vie comme la mort perdent toute gravité.
En ces moments où la conviction intime qu’une partie de nous échappe à la durée et que projetés loin en nous-mêmes, un saisissement inqualifiable rend vains et inutiles nos inquiets questionnements et nous permet d’accéder à l’essence permanente des choses habituellement cachée.
Ainsi une nostalgie intériorisée et une vie plus attentive, plus apte à percevoir tous ses aspects les plus sensibles laissent à penser que si le paradis existe, il se trouve au plus profond de notre être.
Le vide
Avoir vécu plus ou moins intensément permet d’expérimenter que tous les paradis de « l’histoire humaine », révolus ou attendus, entre illusions, passions, hystéries ou autres fanatismes ne sont que sources de déception.
Alors que le fondement de nos espoirs recherché au plus profond de notre moi originel, ne manque pas d’évoquer souvent le vide angoissant attaché à notre condition, il n’en est pas moins source d’une plénitude, certes fragile, mais tout à fait impossible à trouver dans l’histoire chaotique et tragique de l’humanité.
Ecrit par Dominique Mirassou