Bordeaux
La célèbre bataille de Castillon marque non seulement l’épilogue de la guerre de cent ans, mais aussi la mort de la « commune libre » de Bordeaux. Le 19 octobre 1453, les bannières du roi de France sont accrochées sur les tours de Bordeaux, mais le roi Charles VII ne se présente pas aux portes de la ville : il dédaigne sa nouvelle conquête, ce qui insupporte les bordelais.
Des conquérants français ignorés par la population
Après un siège de deux mois, la défaite et la mort du général anglais, Talbot, le 19 octobre, les conquérants français entrent dans une ville silencieuse et triste. Les Anglais sont déjà partis emmenant avec eux les vingt principaux seigneurs gascons bannis par le roi de France. La répression va être féroce, les nobles sont soumis ou exilés, les bourgeois ruinés, les religieux asservis, le peuple réduit au silence, Bordeaux est livrée pieds et poings liés au pouvoir royal français.
- Mort de Jean Talbot à Castillon
La langue gasconne bannie
Les deux chefs de la résistance bordelaise, rebelles aux Français, subissent un sort opposé. Le bourgeois Bernard Angevin qui accepte de rallier le roi, conserve ses seigneuries, alors que Pierre de Montferrand est pris, jugé, condamné décapité sur le champ, écartelé, mis en pièces et pendu en divers lieux.
Le gascon cesse d’être la langue officielle, le roi Charles VII fait rédiger les lettres patentes en français alors que les paroisses résistent et rédigent toujours leurs registres en gascon. De nombreux nobles et bourgeois, atteints dans leur honneur et dans leurs biens, choisissent l’exil en Angleterre. Ruinés par les événements, ils tentent de fonder une colonie française outre-Manche. Le sort des 200 familles ayant fui l’Aquitaine va être très variable, certains parviendront à regagner la France après l’amnistie.
Les bordelais soumis
Malgré la promesse du roi de laisser aux bordelais l’administration de leur cité, la répression va être féroce. Toutes les juridictions sont supprimées et rattachées à Paris, y compris la Jurade. L’Université perd son indépendance, la bourgeoisie commerçante perd ses privilèges, de nombreuses taxes sont prélevées au profit du roi et la monnaie bordelaise dévaluée.
L’Eglise est aussi durement frappée, l’archevêque Pey-Berland, véritable saint populaire, très aimé à Bordeaux, est l’objet de persécutions, il doit abandonner le siège épiscopal et se retirer au collège Saint Raphaël où il décède cinq ans après.
Les seigneuries vacantes, celles des gascons alliés aux anglais, sont distribuées aux fidèles du roi. Le roi de France se réserve le choix du maire et récompense son maître artilleur Jean Bureau, auréolé par ses victoires, il le nomme, maire « perpétuel de Bordeaux ». Perpétuité qui cependant ne durera guère, il sera remplacé après sa mort en 1460, par Jean de Lalande.
- Portrait de Charles VII, attribué à Fouquet
Bordeaux retrouve son activité
La bourgeoisie bordelaise privée de tout commerce depuis 10 ans va accueillir très favorablement l’accession à la couronne de Louis XI en 1461 suite au décès de son père Charles VII. En effet Louis XI disant vouloir « une France marchande ayant l’amour du travail », va prendre toute une série de mesures et faire que Bordeaux va retrouver son commerce, son monopole sur les vins entre la Garonne et les pays du Nord et va donc se remettre à faire des affaires, pour le bonheur de tous les bordelais …
Une page douloureuse à maints égards de la vie de notre cité, épisode souvent mal connu, est en train de se tourner. Louis XI crée le Parlement de Bordeaux dont le ressort d’influence comprend la Gascogne, les Landes, l’Agenais, le Bazadais, le Périgord, le Limousin, la Saintonge. et lui attribue comme siège, le palais de l’Ombrière.
L’Aquitaine, non sans douleur, et pour longtemps, est bien redevenue française.
Source : Histoire des Maires - Les dossiers d’Aquitaine.
Photo Une : Palais de l’Ombrière
Ecrit par Dominique Mirassou