Reactionnaire, qu’est ce que ça veut dire ???



Réac …. Comme l’écrivait Denis Tillinac : « Le mot n’a pas bonne mine. Il présume au mieux une ganache rétro, une chaisière mal baisée, un rentier confit dans l’aigreur, au pire un beauf obtus, suintant la haine du romano, du clodo, de l’intello, du prolo, de l’homo, de l’écolo ». En résumé, un bien triste sire, à tous égards. Jadis attribué aux partisans de l’ordre antérieur à la Révolution et autres allergiques au monde moderne, le terme de « réactionnaire » ne qualifie plus du tout de nos jours une opinion politique passéiste et ne qualifie d’ailleurs plus grand-chose, pour ne pas dire rien du tout, tant il disqualifie systématiquement, frappe d’hérésie le supposé « suppo de la réaction » et érige sans discussion le bûcher destiné à réduire en cendres ce mal absolu.
Le portrait-robot du réac, depuis pas mal de temps assimilé à celui d’un raciste, xénophobe, bigot, « flicophile » a ainsi acquis un sens aussi schématique que caricatural et in fine tout à fait faux. Il fournit à tous ceux qui prétendent incarner (avec difficulté d’ailleurs) le progressisme, l’antithèse malfaisante, coupable de tout, le mal absolu qui contrarie la mise en œuvre de leurs hautes et généreuses pensées. Du réac au facho, dans un monde où la connaissance précise du sens des mots se perd, la frontière a été allégrement franchie tant il est beaucoup plus simple de disqualifier définitivement « l’infâme réac » sans lequel tout irait beaucoup mieux.
Les soi-disant réacs, les vrais, tout simplement conservateurs, mais en rien fachos, rangés parmi les Ultras, caricaturés, ignorés et très souvent méprisés, n’ont plus voix au chapitre car la modernité au pouvoir, parée de ses élans progressistes, de ses avancées sociétales et d’une part non négligeable d’aveuglement chronique, ne saurait perdre son temps à débattre avec des gens qui trouvent notre société trop souvent vulgaire et pitoyable, cynique, mercantile, agitée, harcelante et faussement compassionnelle …
Quand un Cahuzac chasse un Tapie, quand un PSG de mercenaires milliardaires enthousiasme les foules, quand la richesse de certains tourne à l’insolence, quand les affaires politico financières s’accumulent, quand des donneurs de leçons pas vraiment exemplaires envahissent les médias, quand nos élus écolos jouent aux khmers verts, le réac ne suit plus, le réac n’adhère pas. Tout en ayant un peu de mal à voir des fachos partout, le camp de la bien « pensance » use abondamment du terme de réactionnaire pour désigner ce genre d’opposants, comme s’il y avait des gens allant dans le sens de l’histoire et d’autres contre.
Ce retour en force du terme réactionnaire est toujours resté très usité dans le vocable progressiste, dès lors qu’il s’agissait de lutter contre les êtres infâmes, sources de tous nos maux. C’est d’ailleurs en l’an III après la chute de Robespierre que le terme « réactionnaire » apparaît dans tout son sens politique, qualifiant ceux qui voulaient abroger la terrible et sanglante « Terreur », et qui n’avaient certainement pas tout à fait tort de vouloir mettre fin à un carnage aussi souvent aveugle, approximatif et injustifié que sanglant. En tant que réaction à des évolutions déviantes jugées insupportables, ce mouvement de pensée conservateur est revendiqué notamment par tous ceux qui pour des raisons diverses, sont en délicatesse avec leur époque et qui loin des dissidences officielles, loin des discours, subordonnent la recherche d’une société plus juste à une nette amélioration des consciences individuelles et à la primauté des actes sur les paroles.
Si porter la contradiction aux moralistes et autres agitateurs patentés qui entendent refaire le monde et penser pour nous, pouvait seulement faire que dans un élan de lucidité, ceux-ci cessent de croire qu’ils sont l’incarnation achevée du bien et comprennent que leurs remèdes sont plus que discutables, le pays pourrait retrouver peut-être un peu de calme et se remettre à penser.
Penser avec tous, sans oublier les curieux « hommes modérés à l’extrême » ainsi que les « réactionnaires de progrès » qui comme aurait dit Vialatte sont là pour tout compliquer, perturber les cerveaux et brouiller les cartes des joueurs à la stratégie simpliste !!!

Ecrit par Dominique Mirassou


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