Gradignan
La Mission Patrimoine confiée à Stéphane Bern, déployée par la Fondation du patrimoine et soutenue par le ministère de la Culture et la FDJ, contribue à la sauvegarde du patrimoine français dans toute sa diversité. Depuis quatre ans, la Mission Patrimoine s’est engagée dans la restauration de 627 sites, dont 297 sont d’ores et déjà sauvés : les travaux sont achevés pour 115 d’entre eux et en cours pour 182 autres sites.
Afin de sauvegarder le site de la Poterie à Gradignan, entre Villenave-d’Ornon et Canéjan, ce site patrimonial en pleine dégradation nécessite une campagne urgente de restauration. La première tranche de travaux consiste à réhabiliter un four-bouteille du XIXe siècle pour le sauver de l’effondrement et le protéger des attaques extérieures grâce à la construction d’un auvent. En effet, le four atteint un état de ruine avancé et nécessite d’être restauré (murs, planchers, charpente et sols). En outre, à l’origine le four n’était pas à l’air libre et les aléas climatiques, les nichées d’oiseaux et le développement de la végétation contribuent à sa dégradation. La fonctionnalité du four sera également rétablie et une mise aux normes de sécurité sera réalisée (équipements électriques, plomberie, chauffage, etc.). Inscrit à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques, ce four-bouteille fait partie d’un ensemble de trois fours-bouteilles bâtis entre 1841 et 1855. Deux tranches de travaux supplémentaires auront pour objet la rénovation de l’autre four encore existant et le réaménagement des espaces extérieurs du site pour l’accueil des publics.
- Le four-bouteille avec sa forme caractéristique à proximité du bâtiment
Née sur le site d’une ancienne tuilerie du XVIIIe siècle, la Poterie se pare de trois fours-bouteilles entre 1841 et 1855. D’une hauteur de 10,80 mètres et construits avec des matériaux locaux (terre, briques, bois), ils permettent alors de monter jusqu’à 1300 degrés pour la fabrication de pièces émaillées. A l’époque, l’activité est vite florissante, partagée entre la poterie, une tuilerie et une faïencerie. A partir de 1890 le site se consacre uniquement à la poterie et emploie une cinquantaine de personnes fabriquant des pots à résine et de la poterie de ménage (plats, casseroles et pichets). En 1955, confrontée à l’évolution des techniques, la Poterie cesse son activité. Désaffecté, le site n’est racheté par la Ville qu’en 1982 pour un franc symbolique. Un premier potier s’y installe en 1987 et est suppléé en 2010 par l’Association Terre d’Art et d’Argile qui y établit ses activités, avec plus de 150 adhérents et de nombreux projets d’animation. Ce four-bouteille est l’un des rares témoins encore existants d’un modèle industriel et d’une technique de chauffe répandus au XIXe siècle. Les deux fours du site sont uniques en Nouvelle-Aquitaine et il n’en reste que 6 dans toute la France d’où l’intérêt de pouvoir visiter ce site, une fois sauvegardé est indéniable.
A l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine, une cérémonie publique de remise de cette dotation aura lieu le 18 septembre prochain à 11h30.
Ecrit par Bernard Lamarque
Co-fondateur de Bordeaux Gazette