Bordeaux
Jusqu’au 28 mai, la foire internationale de Bordeaux se met à l’heure US. La nouvelle exposition de la foire invite les visiteurs à vivre le rêve américain en se plongeant au cœur de l’histoire de cette route fascinante. Nous avons décidé de vous proposer une série d’articles afin de vous y faire voyager.
La Route 66 fait partie du club très fermé des routes considérées comme mythiques. Surnommée « Main street of America », elle est la 8ème plus longue route du monde et s’étend sur 3620 kilomètres. De Chicago à Santa Monica, elle traverse huit États et chevauche trois fuseaux horaires. Partout lors de ce périple règne le parfum de l’aventure, du rêve et de la nostalgie. Cette route mythique est née de la volonté d’un Homme d’affaires, Cyrus Avery, qui réussit à fédérer huit États sur lesquels s’appuiera la future route. L’objectif étant à l’époque de désenclaver le Midwest et tisser à partir de routes déjà existantes une immense toile routière à travers les États-Unis, dont la 66 serait l’axe majeur. Inaugurée en 1926 et complètement pavée en 1938 dans le cadre du New Deal du président Roosevelt.
Et c’est dans l’Illinois que le voyage commence, à Chicago plus précisément. La ville d’Abraham Lincoln est choisie pour être au commencement de cet axe, dont le premier mile originel se situe dans le Grant Park de la ville. La « Mother Road », comme on aime à la surnommer, traverse l’Illinois sur 467 km en passant par sa capitale, Springfield. Sur la route nous pouvons retrouver les villes de Joliet, patrie des Blues Brothers ou encore Wilmington, lieu on l’on vénère le célèbre personnage en fibre de verre Gemini Giant. Le fameux « Chain of Rocks Bridge » marque la jonction entre ce premier État et le Missouri, dans la fameuse ville de Saint Louis. La 66 traverse l’État sur 483 km. Elle passe par le deuxième Springfield de ce trajet, connu pour avoir été le théâtre de la sanglante bataille de Wilson’s Creek en pleine guerre de Sécession mais aussi connu pour être la ville des Simpson. Enfin nous arrivons à Joplin, cité minière désormais connue grâce à la Route 66.
Plus loin, nous nous retrouvons au Kansas, où seulement un petit coin de l’État est traversé par la 66. C’en est le plus petit tronçon, long de 30 km et traversant uniquement la ville de Galéna, connue pour avoir été l’une des places fortes de l’exploitation de plomb, notamment lors des deux guerres mondiales. On y trouve aussi le pont Marsh, réputé pour sa forme d’arc-en-ciel. Tout de suite après, l’Oklahoma, emblématique sur le trajet de la 66, qu’elle traverse sur 621 km. Emblématique pour deux raisons : elle est la région natale de Cyrus Avery, considéré comme le père de la route mère, mais aussi pour les fermiers Okies, obligés de quitter leurs exploitations en direction de l’Ouest via la Route 66 à cause de la Grande Dépression ajoutée au fameux « bol de poussière », catastrophe écologique touchant les grandes plaines du Midwest. La capitale, Oklahoma City, connue pour ses gisements de pétrole, est aussi l’un des points de passage importants de la Route 66.
Continuons avec la cité des premiers ranchs et du Far West, le Texas. De Shamrock à Glenrio, l’étape texane fait 299 km. On peut toujours y découvrir des cow-boys ainsi que les fameux steak-houses, qui y sont très nombreux. En passant par Amarillo, on y découvre une œuvre de pop-art étonnante avec des Cadillac plantées dans le sol. Les visiteurs peuvent même y apposer leur petite touche de peinture, qui sera probablement très vite recouverte par le passage d’un autre voyageur. La poursuite du périple se fait par la terre de l’enchantement qui est celle du Nouveau-Mexique. Déjà 2000 km ont été avalés en arrivant dans la ville de Tucumcari, longtemps considérée comme la ville dortoir des voyageurs de la 66. Et c’est sur 606 km que l’on passe au travers de cet État, qui abrite la plus grande des 310 réserves indiennes des États-Unis. On passe ensuite par Albuquerque, ville aux très nombreux motels, mais aussi Gallup, cité des indiens et du charbon.
Avant dernier État de ce fabuleux voyage, l’Arizona ou... zone aride. Ce sont ici 652 km de la route qui le traverse. Peuplé depuis plus de 10 000 ans est riche de son histoire amérindienne. C’est ici qu’un certain Geronimo conduisit le mouvement de révolte du peuple Apache. Sur la 66 on retrouve plusieurs villes d’Arizona, en commençant par Holbrook, cité de cow-boys, éleveurs et bagarreurs qui a toujours été un point de passage important. L’une des grandes attraction de la Route 66 est sans doute le painted desert, 40 000 hectares d’un décor somptueux jusqu’au Grand Canyon, ou le ciel semble refléter les teintes colorées de ce désert unique. Puis vient un autre des passages obligés de la « mother road », Meteor City. On peut y voir un cratère de 180 mètres provoqué par une météorite il y a 50 000 ans. Plus loin encore, la ville de Seligman, véritable musée à ciel ouvert dédié à la gloire de la 66 depuis les années 70. Et enfin Kingman, connue pour sa légendaire station-service Flying A et l’hôtel Oatman où se maria Clark Gable, dont les murs sont d’ailleurs tapissés de dollars en billets dédicacés.
Ce qui nous amène à notre destination finale, la Californie. Il reste désormais 497 km avant de rejoindre le terminus de la 66, Santa Monica et sa célèbre plage. Cet État est le plus peuplé des États-Unis, et probablement l’un des plus connus, tout d’abord pour ses gisements d’or dans les années 30 et désormais pour ses nouvelles technologies avec la Silicon Valley. Sur la route on retrouve la ville de Needles, et c’est principalement l’hôtel El Garces, connu pour ses jolies serveuses « les Harvey Girls », qui fit la réputation de la ville, dont on raconte que beaucoup d’entre elles ont épousé des voyageurs de la 66. Et c’est à Newberry Springs que l’on retrouve au beau milieu du désert de Mojave le Bagdad Café, adresse devenue mythique suite au film du même nom de Percy Adlon. Après ça nous repartons vers San Bernardino, ville fondée par les colons espagnols et où le premier restaurant McDonald’s a été créé, en 1940. Et c’est après les 3620 km de goudron et d’histoires que l’on arrive à Los Angeles. Ici le voyage prend fin ; au pied de la colline d’Hollywood et de Beverly Hills. Sous les pavés, la plage de la Route mère, Santa Monica.

Ecrit par Benjamin Benoit
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