Celui qui commence quasiment toutes ses vidéos par un « Salut tout le monde, je m’appelle Simon ! » enjoué a 19 ans et habite à Bordeaux. Lorsqu’on lui demande de présenter sa chaîne, il nous répond qu’il « essaye de parler de jeux vidéo de manière différente et toujours positive : de donner envie de jouer à des néophytes et d’apprendre deux ou trois trucs à ceux qui jouent déjà ». Son but : que l’on s’intéresse non seulement au jeu, mais aussi à tous les éléments qui existent autour : les inspirations, les développeurs…
Est-ce que tu peux nous parler un peu de ce qui t’a amené à créer Le Jeu Vidéal ?
J’ai découvert les jeux vidéo sur la Super Nintendo de mes frères très tôt, et je n’ai jamais vraiment décroché. En traînant sur Jeuxvideo.fr, un pote m’a proposé d’enregistrer une petite vidéo sur Left For Dead 2 dans la catégorie « Vidéos des Internautes ». C’était une merde, filmée à l’appareil photo qui tremble, mais il y a eu des réactions et ça m’a donné envie de faire quelque chose de propre. J’ai lancé une chaîne sur Dailymotion [en 2011/2012, ndlr] – le choix de la plateforme a été une erreur - mais je me suis arrêté rapidement. J’ai ensuite rencontré un pote avec qui j’échangeais pas mal sur le YouTube Game : on se passait des vidéos, on faisait des critiques entre nous… J’avais envie de faire quelque chose, mais je ne savais pas quoi. J’ai alors découvert une chaîne appelée « Le Canapé » : un couple de banlieue parisienne qui fait des vidéos sur les jeux-vidéo avec un style posé, qui n’est ni du fun, ni du test pur et dur, ni du Let’s Play… Quand ils ont arrêté leurs vidéos pendant quelques mois, j’ai tourné la mienne sur Hotline Miami : je l’ai envoyée au Canapé, ils m’ont répondu que c’était sympa, et j’ai donc continué.
Ta chaîne a décollé soudainement quelques mois après sa création : comment cela s’est t’il passé ?
Après l’épisode trois, j’ai envoyé un message au youtuber Doc Seven en expliquant un peu ce que je faisais. Il m’a alors répondu que c’était cool et qu’il allait me mettre dans son « Salut Internet » [une présentation régulière de chaînes qu’il apprécie, ndlr]. Le soir où sa vidéo est sortie, j’étais en pleine séance de kiné : quand je suis ressorti et que j’ai pris mon téléphone, j’étais passé de 191 abonnés à 8.000. J’ai donc passé ma soirée à répondre à tous les commentaires qui tombaient ! Dans la semaine qui a suivi, j’ai atteint les 27.000 abonnés. Le plus dur sur Youtube, c’est de sortir du cadre « famille- amis » et c’est ce que Doc Seven m’a permis de faire. Ensuite, il y a un rythme de croisière qui s’installe avec de nouveaux abonnés chaque semaine. Commencer à travailler sur le prochain épisode après ce gain soudain d’abonnés a été très particulier. Je n’étais pas content de moi, je n’arrivais pas à savoir si c’était bien : c’est à ce moment que j’ai réalisé que l’enjeu avait changé
Est-ce que tu avais un but particulier quand tu as lancé ta chaîne, un projet à long terme ?
On me demande souvent quel public je visais, ce que je voulais quand j’ai commencé : je n’en sais rien. Quand j’ai démarré, je ne pensais pas « je vais viser tel public, parler de tel truc pour atteindre telle cible » : je ne savais pas, j’ai juste créé quelque chose qui me plaisait. Je n’ai pas de prétention d’en vivre, du tout : ça reste un hobby pour moi. J’ai d’ailleurs monétisé mes vidéos seulement après Doc Seven, donc tout le boost de ce moment là n’a pas été pris en compte. Pour le moment, avec Youtube, j’ai gagné une centaine d’euros le mois dernier : c’est du complément, et ça va le rester très longtemps. J’aime de toute façon faire plusieurs choses à la fois : à court et moyen terme, il est hors de question que ma chaîne passe en projet pro.
Tu t’entoures d’autres youtubers pour certaines vidéos : comment vois-tu cette communauté YouTube, est-ce qu’il y a une sorte de rivalité ?
La vision que j’ai de YouTube pour le moment, c’est celle d’un second cercle de potes, que tu ne vois que sur Skype ou avec qui tu parles sur Facebook. Pour le moment, je ne vois que de la communauté, pas de la rivalité. Il y a des cons sur YouTube, c’est clair, mais personnellement je n’ai pour l’instant eu à faire qu’à des personnes sympas. Ce sont des gens qui s’entendent bien parce qu’ils font la même chose : les plus cools d’entre eux sont d’ailleurs ceux qui mettent pas d’échelle de valeur en fonction du nombre d’abonnés. Je ne connais évidemment pas tout le monde, mais c’est ce que je vois à ma petite échelle. De plus, YouTube est vaste mais n’est pas exclusif : aimer une nouvelle chaîne ne veut pas dire abandonner celles que l’on regarde déjà, ce qui évite la rivalité.
Une petite question de société pour terminer : est-ce que tu penses que YouTube peut remplacer la télévision ?
Pour moi, oui. Mais Internet est très changeant, donc quelque chose peut également venir remplacer YouTube. Je pense que cette plateforme est en train de manger complètement la télé et que lorsque notre génération arrivera à un âge plus adulte, beaucoup de choses changeront. Au final, peu de mes potes regardent la télé : sur YouTube, tu regardes ce que tu veux, quand tu veux, avec un côté affectif. Il y a un contenu énorme, avec un potentiel bien plus puissant que la télé aujourd’hui. La télévision a encore une forme de condescendance envers les youtubers : c’est évident quand on voit la discussion qu’il y a eu entre Léa Salamé et Natoo dans « On n’est pas couchés » [Léa Salamé demandant à Natoo quelle était la « prochaine étape » après la réussite de sa chaîne YouTube, ndlr]. Beaucoup de personnes pensent encore que YouTube n’est pas une finalité en soi, ce qui est faux. Il y a une prise de conscience à avoir, mais ça va se faire : ceux qui pensent que YouTube est une sous-télévision vont finir par changer d’avis.
Le Jeu Vidéal est sur :
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bien évidemment sur YouTube
Sa dernière vidéo sur Mirror’s Edge !
Ecrit par Cécile Pennarun