Bordeaux
La rue de la Course possède un secteur fragile qui lui a valu un arrêté d’interdiction de circulation de véhicules de plus de 19 tonnes en 2007 entre la rue d’Aviau et la place Paul Doumer. En raison d’impératifs de déviation qui devraient se régler avec prudence, la mairie ne doit pas s’affranchir de l’arrêté 200709205 qu’elle a elle-même promulgué pour préserver la voirie.
Décidément la déviation des bus de la rue Fondaudège pour cause de travaux de tram provoque quelques remous et les inquiétudes des riverains à propos des nouveaux itinéraires ne portent pas que sur le nombre de bus passant sous leurs fenêtres et les fréquences de passage. Le poids des véhicules utilisés, les conditions de circulation, les possibilités manœuvrantes des véhicules, l’état de la chaussée et surtout de son sous-bassement et des réseaux enfouis sont autant de sujets d’inquiétudes légitimes pour l’ensemble du quartier en dehors de telle ou telle rue.
Le poids à vide (PV) d’un bus articulé est de 15 à 16 tonnes en moyenne avec un PTAC (poids total autorisé en charge) de 29,1 tonnes pour le Citélis 18, ce qui le met pratiquement hors course pour assurer le trafic sur la portion stipulé dans l’arrêté 200709205 de la mairie de Bordeaux à moins qu’on ne le pèse à chaque fois qu’il empruntera cette portion de rue. Ainsi à condition qu’il ne dépasse pas les 19 tonnes il pourra emprunter le tronçon incriminé, 19 tonnes c’est le PMA (poids maximum autorisé) d’un véhicule 2 essieux (bus non articulés) et donc en toute logique les bus articulés ne devraient pas pouvoir emprunter ce tronçon. La partie la plus croustillante de l’arrêté est rédigé comme suit et on voit l’étendue de la contradiction : " Considérant que la structure de la voie est inadaptée à la circulation des poids lourds, il importe de prendre des mesures propres à assurer la fluidité de la circulation et le respect du bon ordre, de la sécurité et de la tranquillité publique ", c’est la mairie qui le dit comme on le susurre à la campagne, c’est comme les lapins blancs, ils perdent la mémoire en courant.
Sur cette partie de la rue de la course il y a eu des soucis et pas du petit calibre comme cet incident qui a eu lieu dans les années 1987, 1988 rapporté par un riverain qui a produit l’article de Sud-Ouest de l’époque. Une conduite changé en 1977, soit dix ans auparavant et qui suite a des glissements de terrain avait explosé laissant un trou plus que béant dans la chaussée, rempli d’eau avec grosses inondations des caves avoisinantes et aux dires de certains "la rue de la Course était transformée en rivière". Malheureusement il n’y a pas que l’eau, il y a aussi le gaz et là, la dangerosité est maximum. Mais au delà de la rue de la Course, il faut savoir que la fragilité du sous–sol concerne une bonne partie de ce quartier de Bordeaux ; d’ailleurs l’Office international de l’eau a confirmé dans un rapport de 2005 que toute augmentation de trafic dans ce secteur entraînerait des glissements de terrain et des risques de rupture. Plusieurs chantiers rue Mandron ont d’ailleurs nécessité des fondations sur pieux entre 15 à 20 mètres pour consolider les constructions , ce qui témoigne bien de la fragilité du sous–sol. Une enquête est diligentée depuis quelques jours par la Lyonnaise des Eaux pour recenser les caves des immeubles de la rue de la Course et la présence d’eau souterraine. Les membres de l’association Faubourg Traverse ne s’opposent nullement aux travaux du tram mais ils veulent que l’on prenne en compte leurs légitimes inquiétudes en regard des risques encourus et des suites qui pourraient en découler car la noria va durer quatre ans.
Ecrit par Bernard Lamarque
Co-fondateur de Bordeaux Gazette