Timothée Duverger, historien du temps présent, doctorant contractuel à l’Université Bordeaux III, présentait son troisième opus "La modernité relationnelle : une autre histoire de France de 1968 à nos jours" dans les salons Albert Mollat en présence de Christine Bouneau, Professeur d’histoire contemporaine à l’Université Michel de Montaigne - Bordeaux 3, et de Martine Jardiné, conseillère générale du canton de Villenave d’Ornon.
Timothée Duverger part du postulat : "Le moment Mai 68 » est une révolution manquée qui, malgré tout, a ouvert une brèche qui marque une transition sociétale vers la modernité.
Quelle modernité ? A partir des années 1970, deux lignes voient le jour.
La voie hypomoderne
Autogestionnaire et alternative qu’il appelle « ralentisseur de l’accélération et la voie hypermoderne néocapitaliste qu’il appelle »l’accélérateur de l’ accélération ». Ces deux lignes, à première vue opposées, sont convergentes, entraineront une reconfiguration de la modernité. Une nouvelle société. La voie hypomoderne celle du présent long, l’autogestion, l’économie alternative, l’écologie (ralentisseur de l’accélération). Dans la suite immédiate de mai 68, au début des années 70, l’autogestion, utopie, née du mouvement urbain à l’encontre du Parti Communiste tient la corde. Le but de l’autogestion est de contrer le pouvoir. Au début des années 80, on veut rogner ce même pouvoir, le mouvement d’autogestion se change en courant d’alternative. Le tout début du 21° siècle, marque la montée en puissance de l’alter mondialisme, la décroissance, l’économie sociale et solidaire.
La voie l’hypermoderne
- Christine Bouneau, Timothée Duverger et Martine Jardiné
- photo Bordeaux Gazette - Bernard Lamarque
Celle du présent court qui use les institutions concerne la vie de consommation immédiate (l’accélérateur de l’accélération). Expansion du libéralisme, pensée unique qui affirme qu’en dehors de cette pensée point de salut. Pour illustrer son propos, le conférencier cite Feue Margaret Thatcher et son fameux : « There is no alternative » devenu l’acronyme TINA. Ce slogan signifie que le marché, le capitalisme et la mondialisation sont des phénomènes nécessaires et bénéfiques et que tout régime qui prend une autre voie court à l’échec. De ces deux courants qui convergent naît un changement de direction, une bifurcation que l’auteur appelle une reconfiguration de la modernité. Une opportunité de choisir une nouvelle voie qu’il appelle pari et défi.
De la synthèse du courant hypo moderne et hypermoderne apparait
la génération Y (prononcer Why),
Un retour vers une relation plus harmonique entre l’homme et la nature, son environnement naturel rural et urbain, entre l’homme et la technologie. Une relation plus consensuelle, plus àl’écoute de l’autre et plus encline au partage. Pour autant, cette relation qui se veut plus consensuelle ne peut être idyllique. Elle admet les conflits. Elle veut tendre vers la synthèse de l’Homme et de la Terre qui prend enfin conscience de l’essentialité de l’écologie sans pour autant renier les progrès technologiques porteurs d’espoir. Ce que, en guise de conclusion, Timothée Duverger est convaincu que la génération Y génèrera une économie de partage, d’une démocratie de partage, d’une démocratie ordinaire nourrie par les nouvelles technologies, une « immobilité fulgurante » porteuse de resynchronisation. Une modernité relationnelle.

Ecrit par Jean-Michel Lacombe
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