Les apparences sont parfois trompeuses lorsqu’il s’agit d’art contemporain. À travers toutes ces oeuvres, une volonté de redécouvrir la fête foraine et d’en apprendre plus sur ses rouages, ainsi qu’une hypothèse : un lieu privilégié « pour tenter de se rapprocher du ciel ». Le public se promène dans un monde imaginaire en perdition et en perd ses sens. L’ancien entrepôt ombragé offre une véritable mise en valeur des créations, où semblent résonner l’histoire de chacune. Plus que des attractions en elles-mêmes, l’intérêt de cette exposition est de comprendre ce qui en découle. L’idée générale est de former une entité commune, unique, figée dans le temps et la gravité, en témoignent les dessins d’Israel Urmeer et son travail sur la fusion des réalités, ou encore Vivien Zhang transcrivant les échos d’un choc provoqué par des auto-tamponneuses et la mécanique d’un manège de manière générale grâce à la peinture. L’une des oeuvre notable en adéquation avec l’hypothèse proposée se nomme Target Universe de Stano Filko. De loin, un simple stand de tir marqué par de potentielles fissures en bois. De près, la représentation d’une constellation, comme une « tentative de toucher les étoiles ». Une proposition originale et avant-gardiste étant donné sa construction, peu de temps avant les premiers pas de l’Homme sur la lune (1969).

Target Universe de Stano Filko

Outre le manque d’intérêt de certaines oeuvres vis-à-vis du thème ainsi qu’un léger manque d’immersion dans un univers particulier, Barbe à Papa offre néanmoins une autre portée aux travaux : allier la culture à la fête foraine. Même si les bicornes transpercées de cocardes de Mathis Collins semblent amusantes, l’histoire derrière cache une dénonciation. De nombreuses répressions furent menées par les forces de l’ordre à l’encontre de ces événements, ce qui explique ces cocardes transformées en stands de tir. Les rapports de force s’inversent. Entre les voûtes, Le Berceau du Chaos de Bertille Bak, un carrousel dysfonctionnel presque abandonné, dangereux, remet au goût du jour les origines militaires du manège. Les chevaux étaient utilisés comme engins de supplice par écartèlement. Une exposition d’apparence colorée et pleine de gaieté, mais marquée par une autre réalité qui s’éloigne de ces idéaux. Le propos initial pour le moins original et intéressant saura plaire aux petits et aux grands.

Fin de l’exposition : 14 mai 2023
Tarifs : 8€ / 4,50 € tarif réduit / 2€ étudiant -26ans
Adresse : CAPC, 7 Rue Ferrere, 33000 Bordeaux