Difficile de suivre les audaces de maires en mal d’originalité et autres trouvailles destinées à servir l’écologie beaucoup trop défaillante à leur goût dans nos rues, parcs et jardins …
C’est souvent plutôt moche !
Comme le déclare Alexandre Gady, professeur d’histoire de l’art à la Sorbonne : « Il me semble que le concept de nature en ville est devenu un facteur de dérèglement esthétique ». Les options prises par les maires écologistes, souvent élus depuis peu, ne semblent guère en mesure de respecter l’harmonie des lieux qu’ils investissent, d’autant plus qu’un tel respect ne semble pas du tout à l’ordre du jour de leur préoccupations. Une réalisation écologique esthétique, semble même être suspecte aux yeux de ces promoteurs d’une nouvelle vie urbaine.
Et très mal situé …
S‘il est dit par certains sages, qu’il n’y a pas de mauvaises herbes, mais souvent des herbes situées au mauvais endroit, les choix de nombreux élus en rien soucieux de trouver les bons endroits, sèment la zizanie dans de nombreuses villes. Entre « pissotières de la honte » à Paris à l’origine destinées sans avoir pu y parvenir à transformer l’urine en engrais, mobilier urbain allant du tabouret champignon aux bancs palettes le plus souvent transformés en cendriers géants ou encore le désir de régulation douce de la prolifération des rats dans nombre d’immeubles à Strasbourg, c’est bel et bien la saleté et la mocheté qui finissent par s’imposer, détériorations annonciatrices d’un délabrement de plus en plus marqué de nos villes.
- Bordeaux
- Bac à compost
A Bordeaux …
Bien que ne « bénéficiant » pas du plus radical des maires écologistes, la ville de Bordeaux n’échappe pas à l’utopie écologique trop souvent négligente. Dans un jardin public, certes mainte fois remanié depuis sa création, la tendance jardin potager n’a jamais interpellé le visiteur. De quoi peut-être afin de « démocratiser » les lieux, implanter par exemple, comme cela a été fait, des plans de tomates et des bacs à compost qui ne devraient pas tarder à parfumer la terrasse de l’Orangerie voisine. L’espace destiné aux arbres fruitiers implantés parmi les pelouses bénéficie quant à lui de barrières en bois, du style jardin de campagne, en totale dysharmonie avec son environnement immédiat. L’élection d’un président écologiste à la tête du pays, le conduirait-elle pour le bien de la démocratie, à faire planter des choux au sein des massifs devant le château de Versailles ? Car si le Potager dit du Roi existait bel et bien à l’époque, il est aujourd’hui site historique de l’Ecole Nationale de Paysage, classé monument historique et jardin remarquable et bien sûr pas implanté n’importe où.
- Bordeaux
- Plantation d’arbres fruitiers
Un peu d’humilité …
Histoire peut-être d’avoir le souci de faire comme beaucoup de nos architectes qui ont pour seule ambition de réaliser des choses qui ne se sont jamais vues, sans se soucier de respecter l’âme des quartiers, pas mal de nos « écologistes de pointe » seraient bien inspirés de goûter aux charmes de l’humilité en évitant de rompre l’harmonie et l’unité de nombreux lieux symboliquement riches de sens, lieux qui constituent sans aucun doute chacun à leur façon, une partie de l’âme de la ville. Que la sagesse préside à nombre de nos travaux urbains ne serait pas un luxe.
N.B. Le piéton de Bordeaux constate qu’à l’angle des rues Fieffé, Billaudel et Francin, là où la première forêt urbaine a été plantée, de « charmants rouleaux de papier toilettes » certainement peinturlurés par des enfants, ont fleuri au sommet des piquets de bois constituant la palissade. Pourquoi pas la kermesse permanente au coin de la rue ? … On y distribuera peut-être demain les cannes à pêche et les poissons en papier !!! Certains mais pas tous, trouvent ça mignon ...
Ecrit par Dominique Mirassou