Bordeaux
Chaque semaine, sur le site de la piscine universitaire de Talence, la Banque Alimentaire de Bordeaux et de la Gironde (BABG) assure une importante distribution de colis alimentaires afin de venir en aide aux étudiants bordelais en situation précaire.
« Nous, on essaye d’aider, d’être utiles ». C’est dans cet état d’esprit solidaire, poussé par un élan de générosité que Pierre Veit, administrateur de la BABG en charge de l’aide alimentaire aux étudiants, et les 30 autres bénévoles de cette distribution aident, chaque semaine, les étudiants les plus démunis. Ces derniers viennent chercher dans ce lieu une aide précieuse, voire indispensable pour certains, sans laquelle l’alimentation de tous ne serait sûrement pas garantie. Depuis le 18 mars 2020, c’est la seule distribution étudiante que la BABG réalise en direct, sans passer par l’intermédiaire d’associations comme le Secours Catholique, la Croix-Rouge ou encore Médecins du Monde, afin d’assurer un échange spontané et une proximité entre les étudiants et les bénévoles présents. « La précarité étudiante a été révélée avec la crise du Covid » nous confie Pierre concernant la raison de l’élaboration d’une telle initiative d’aide aux étudiants en mars 2020. En effet, cette distribution résulte d’un dispositif d’urgence mis en place en 8 jours par la banque alimentaire en partenariat avec le CROUS et l’association étudiante ATENA lors de la crise du Covid qui a frappé de plein fouet le monde étudiant, dévoilant une fragilité financière et sociale. Pour bénéficier de cette aide alimentaire, les étudiants en difficulté financière ou sociale doivent tout d’abord disposer d’une attestation délivrée par une assistante sociale du CROUS, et doivent s’inscrire chaque semaine sur le site géré par la fédération étudiante ATENA, dédié à cela.
Ce suivi social des étudiants par le service social du CROUS ne s’arrête pas à cette aide alimentaire de première nécessité. Elle dépend des critères sociaux du CROUS et permet aux étudiants de bénéficier, en cas de besoin, d’autres aides précieuses comme les repas des restaurants universitaires à 1 € pour les boursiers ou les personnes jugées éligibles à ces aides.
- Bénévoles de la BABG
Une aide alimentaire indispensable
Épicerie sèche, fruits et légumes frais, œufs, lait, produits d’hygiènes, ces colis d’environ 11 kg veillants à un apport nutritionnel équilibré et composés de produits alimentaires de première nécessité, sont distribués chaque semaine à plus de 300 étudiants, contre 36 en août 2022. Lors de l’année écoulée, ce sont ainsi 8 416 colis, soit l’équivalent de 92,5 tonnes d’aides alimentaires, qui ont pu bénéficier à des jeunes bordelais provenants d’établissements à proximité. Cette augmentation de la fréquentation hebdomadaire pose question quant aux conditions de vie précaire des étudiants qui s’avèrent de plus en plus touchés par des difficultés d’ordre économique ou social. « Quand on est jeune et qu’on vient déjà à l’aide alimentaire, on s’interroge pour l’avenir ». Dans un contexte marqué par l’inflation, cette aide se montre donc indispensable pour certains qui se retrouvent débordés par l’augmentation drastique du coup de la vie. C’est le cas de Joshua et Alessia, rencontrés lors de cette distribution hebdomadaire, sans laquelle il serait difficile de s’en sortir : « les aides du CROUS ne suffisent pas, 50 € par semaine de dépense dans l’essence, 70 € de courses, sans compter le logement, sans cette aide et l’aide familiale ça serait compliqué, ça serait mort ».
Un contexte économique difficile
Ce contexte socio-économique français instable va cependant impacter non seulement les étudiants déjà en précarité, mais aussi les associations qui verront leurs moyens baisser de façon inquiétante. En effet, leurs ressources économiques, qui proviennent d’une enveloppe commune du fond social européen pour les associations d’aides alimentaires, de collectes sur les produits invendus et encore consommables, d’aides de l’Etat, mais aussi des dons d’entreprises qui ne peuvent plus répondre à l’appel à cause de l’inflation, vont être revues à la baisse, offrant moins de moyens pour venir en aide aux personnes dans le besoin : « on s’attend à une année 2023 difficile, l’avenir est incertain ».
Cependant, cet avenir incertain est ponctué d’espoir grâce au formidable travail d’une grande générosité de ces bénévoles, qui continuent leur combat contre la précarité étudiante en accord avec l’Université de Bordeaux et du CROUS, et grâce à l’aide financière précieuse de mécènes, de l’Université et du Conseil Départemental de Gironde pour faire face aux coûts qui s’élèvent aux environs de 28 000 € par an.
Ecrit par Tom Martorelli