Bordeaux
« Cet opéra, qui compte parmi les nouvelles productions très attendues cette saison à l’ONB, comporte des séquences de ballet dansées. Durant ces séquences, Valentina Carrasco met en scène les « autres favorites » : celles de notre temps, toutes ces femmes qui sont devenues peut-être invisibles, masquées par les canons de la beauté qui conditionnent tant la vie des femmes de tous âges. Elle a ainsi souhaité proposer aux femmes de Bordeaux qui le souhaitent de monter sur scène pour participer à ce spectacle. »
Déjà un pari risqué mais généreux pour la metteure en scène Valentina Carasco qui prône une belle expèrience de « Co-Habitation » entre amateurs et professionnels. Peu s’y risquent tant ils redoutent cette pratique rarement, hélas, suivie d’effets bénéfiques et porteurs d’espoirs. En l’espèce et là, c’est une réussite qui se doit d’être soulignée tant ce bonheur d’échanges irradiait l’œuvre de Donizetti. Drôles et émouvantes à la fois, ces dames plus très jeunes sont à leur juste place dans cette œuvre soudainement embellie ... Très chouette !
Créée le 2 décembre 1840 à la salle Le Peletier, (ancien espace de l’Opéra de Paris) elle consacre son auteur en France. Contemporain de Bellini et de Rossini dont il est l’héritier, Gaetano Donizetti est l’un des auteurs italiens les plus fêtés de l’Europe musicale du XIXe siècle. L’œuvre est ici donnée dans sa version en langue française, y compris avec les épisodes de ballet initialement dansés. Chose rare et d’une importance capitale. L’action se situe dans l’Espagne médiévale. Le roi Alphonse XI de Castille, Florian Sempey,- le plus bordelais des barytons -, qui se produit sur les plus grandes scènes internationales - tombe amoureux de Léonore de Guzman - Annalisa Stroppa - qui devient sa favorite. Comme beaucoup de concubines, elle croit en cet amour mais s’aperçoit qu’elle est prise dans un jeu politique et religieux qui la dépasse.
Dans le monastère de Saint James, les moines se dirigent vers le culte. Balthazar - Vincent le Texier - entre avec Fernand - Pene Pati - Il sait qu’il est préoccupé par quelque chose. Celui-ci avoue qu’il est tombé amoureux d’une belle dame encore inconnue. Elle lui a déclaré son amour mais lui cache sa véritable identité. Elle lui a donné rendez-vous sur l’île de Léon, où il est amené les yeux bandés. Elle lui dit qu’ils ne pourront jamais se marier et qu’ils ne doivent pas se revoir, mais lui remet néanmoins un document pour l’aider dans son avenir. Seul, le roi exprime son amour pour Léonore et son désir de divorcer pour l’épouser. En conversation avec le courtisan Don Gaspar - Sébastien Droy - le roi exprime sa satisfaction devant la bravoure de Fernand mais il doit néanmoins l’honorer pour son rôle dans la guerre, et lui demande quelle récompense il aimerait. Celui-ci souhaite épouser la femme qui l’a inspiré dans sa bravoure. Alfonse demande qui elle est et Fernand désigne Léonor du doigt alors qu’Inés - Marie Lombard - lui est pressentie. Le Roi est étonné d’apprendre que Fernand soit son rival. Fernand alors se confie à Balthazar - Vincent Le Texier – et comprend que son amante est la maîtresse du roi. Il la répudie et se prépare à entrer dans sa nouvelle vie religieuse. Léonor entre dans un état d’épuisement et meurt dans ses bras.
- LA FAVORITE ... Donizetti. L’amour vainqueur !
- © Photo Eric Bouloumié
Pene Pati, ténor, à la tessiture de voix aux ressorts de nuances exceptionnelles, déjà remarqué dans Roméo et Juliette sur ce même plateau est multiple et bondissant. Annalisa Stroppa est l’une des mezzo-sopranos italiennes les plus acclamées de sa génération. Elle iradie dans ce rôle taillé à sa mesure ... Un bonheur ! Quant à « notre » baryton Florian Sempey, talentueux « Figaro ? Si » du Barbier de Séville, enregistré à Bordeaux, il ne faillit pas à sa réputation et nous séduit dans ce rôle... Vincent le Texier, baryton déjà remarqué comme Sébastien Droy et la jeune soprano, très prometteuse, Marie Lombard, toutes et tous à leur juste place.
Le décor « mécano » inventé astucieusement par Carles Berga soutenu par les éclairages subtils de Peter van Praet est d’une simplicité efficace. Des voiles, des rideaux, de grands miroirs et des lits superposés disposés en escaliers permettent ces images fortes des personnages qui les habitent. Ils sont amovibles et prisonniers à l’intèrieur de grilles comme dans une cage. Ils figurent la clôture du monastère mais aussi l’austère palais royal.
Paolo Olmi dirige l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine où les cuivres dominent en un périlleux équilibre des volumes. Salvatore Caputo imprime au chœur multiple en voix et jeux de personnages, une force maîtrisée qui s’inscrit dans un ensemble d’une architecture irréprochable.
- LA FAVORITE
- © Photo Eric Bouloumié
GRAND-THÉÂTRE DE BORDEAUX Voir tarifs et réductions sur operabordeaux.com
Durée : 3h30 - 1 entracte - Places de 8 à 115€
DATES DES 4 DERNIERES REPRÉSENTATIONS :
Mercredi 08 Mar. 2023 à 20H00 Vendredi 10 Mar. 2023 à 20H00 Dimanche 12 Mar. 2023 à 15H00
Mardi 14 Mar. 2023 à 20H00.
Ecrit par Pierre Chep