Bordeaux

Les héros du Lycée Montaigne ou le récit d’un massacre !!!

Nul bordelais, élève ou ancien élève du Lycée Michel Montaigne ne saurait ignorer l’épisode tragique de la « Ferme de Richemont », une plaque commémorative sur la façade du lycée, cours Victor-Hugo, en témoigne.



Le Lycée Montaigne en 1940
Le 13 juin 1940, le proviseur du lycée Michel Montaigne, en donnant congés aux élèves pour cause d’occupation des locaux par l’armée ennemie, dissimule à peine, dans sa note aux familles, son souhait de voir les élèves « entrer en résistance ». Seules les classes préparatoires vont rester dans les bâtiments. Les autres élèves vont se répartir dans les autres établissements de la ville. Le lycée Montaigne, anciennement appelé lycée de Bordeaux, mérite selon ses aumôniers, le titre d’Ecole de Héros. Durant la guerre 1914-1918, six professeurs, trois surveillants, dix agents, 500 élèves sont tombés au Champ d’Honneur. En 1939-1945, trois professeurs, 65 élèves sont morts dans les camps de concentration.

Quinze Lycéens résistants
Le 14 Juillet 1944, ils étaient une quinzaine d’adolescents, entre 17 et 22 ans qui, dans une ferme abandonnée de Richemont, composaient le maquis de Saucats. Pour la plupart élèves ou anciens élèves du Lycée Michel Montaigne de Bordeaux où ils préparaient soit St Cyr, soit l’Ecole Nationale de la France d’Outre-Mer, soit Médecine. Certainement joyeux, et emplis d’espoir en cette matinée de juillet, car ils savaient que les libérateurs débarqués depuis plus d’un mois avançaient sans cesse et que le jour de la victoire était proche. Leur mission consistait dans un premier temps, à faire du renseignement, tel par exemple le repérage des emplacements de D.C.A., la surveillance de l’activité sur la base aérienne de Mérignac ou l’infiltration de la base sous-marine. Par la suite, après le débarquement, ils devaient fixer les Allemands en faisant sauter des ponts ferroviaires, pour retarder leur progression près du front de Normandie.
Entrée du lycée Montaigne
La Dénonciation et le Massacre
Dénoncés aux Allemands par suite de l’imprudence d’un des leurs, faiblement armés de 12 mitraillettes et de quelques grenades, ils furent attaqués par deux groupes : d’une part cinquante miliciens arrivant par l’Ouest, de la route du Barp, d’autre part une soixantaine d’Allemands arrivant par l’Est, par la route de St Magne. Tenus en respect par les maquisards, les assaillants firent venir un canon tracté de 105 depuis le Château de Montesquieu à Labrède, où celui-ci était stationné, ce qui mit fin à la résistance des insurgés. Ceux-ci furent achevés sur place à coups de revolver et dépouillés de leurs objets de valeur par les miliciens. Pour éviter les mesures de rétorsion contre leurs familles, les résistants avaient brulé leurs papiers personnels, peu de temps auparavant. Malgré l’interdiction des Allemands, douze tombes furent creusées par les habitants de Saucats le lendemain. La mise en bière effectuée, les gendarmes présents rendirent les honneurs aux victimes.

L’Hommage des Bordelais
Le lieutenant Mosse qui commandait le maquis, avait été tué dès le début de l’assaut, il n’y eut qu’un seul rescapé qui réussit à s’enfuir, et il fallut attendre la Libération, en septembre 1944 pour connaître la liste des morts : 13 jeunes sacrifiés car ils avaient refusé la défaite. Un hommage leur fut rendu le 20 Avril 1945, dans le hall de la Faculté des Lettres de Bordeaux, puis le 21 à la Cathédrale St André. Leur mémoire est commémorée chaque 14 Juillet au Lycée Montaigne, ainsi qu’au Mémorial de Saucats qui fut érigé en leur honneur en 1949, et inauguré en 1953. Fouillant la cendre et les décombres les gendarmes trouveront un livre encore lisible. C’était un livre d’étude ayant appartenu à Jacques ROUIN. Il y avait inscrit la devise de Henri de Bournazel : « Mon âme est à Dieu, mon corps à la France, mon honneur à moi ». Douze furent assassinés ce matin là : Lucien ANERE, Jean-Claude BRUNEAU, Guy CELERIER, Daniel DIETLIN, Jacques GLOTZ, Christian HUAULT, Roger HURTEAU, François MOSSE, Michel PICON, Jacques ROUIN, Roger SABATE, André TAILLEFER. Le treizième, Jean-Pierre BOURON, fut intercepté alors qu’il se rendait vers les lieux du drame, emprisonné au camp de Souge, il y mourut fusillé après avoir refusé d’entrer dans la milice.

Sources : Comité de soutien du Mémorial de la Ferme de Richemont.
Histoire des Maires de Bordeaux – Les dossiers d’Aquitaine.

Ecrit par Dominique Mirassou


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