Les enfants y étaient particulièrement conviés et sans doute, pour certains, était-ce la première fois qu’ils empruntaient ce couloir du temps qui commence à la préhistoire pour se poursuivre jusqu’au XXe siècle. Les organisateurs empressés ne cédèrent pas à la tentation trop facile de s’agacer à ce débordement de foule enthousiaste qui ne prenait pas toujours le bon sens de la visite.

Pour les petits comme pour les grands il était possible de se croire enquêteur lors d’un jeu baptisé « petit crime entre amis » dans lequel il fallait trouver l’odieux agresseur d’un dénommé Hercule, demi-dieu par nature et héros de la mythologie par vocation. Dans plusieurs salles, parmi les vestiges du passé bordelais, des personnages prestigieux ou parfois sortis d’une imagination fertile, incarnés pour l’occasion par de jeunes étudiants, donnaient des indices servant ainsi de fil rouge à cette déambulation dans l’histoire.

Dans une partie du musée, s’exposaient les œuvres des Akans, groupe de peuples installés dans certaines contrées africaines, qui par le passé utilisaient des poids de formes et de tailles différentes, véritables bijoux d’art destinés à peser l’or. Ceci fut le prétexte pour encourager les enfants à déployer leur créativité sur de grands murs, dans une limite raisonnable, puisqu’ils disposaient de feutres de couleurs pour remplir, à leur guise, des formes de toutes sortes déjà dessinées évoquant celles principalement animalières de ces poids.

À la fin de cette promenade, la nuit était à peine descendue sur Bordeaux et les portes des autres musées encore ouvertes pour accueillir les visiteurs d’un soir quand un orage silencieux vint rayer le ciel d’une lourde pluie tiède. Certains esprits superstitieux pensèrent que les dieux de l’Olympe signifiaient leur volonté de rendre Hercule à sa légende.