En Conseil national des Républicains, Nicolas Sarkozy a annoncé son intention de revenir sur l’interdiction du cumul des mandats chez les élus, en cas de victoire en 2017. Alors que la mesure de non cumul adoptée par la majorité actuelle avait rencontré une importante approbation populaire, cette proposition fort critiquée jusque dans son propre camp devrait conduire le candidat Sarkozy à éprouver un grand sentiment de solitude.
La « fameuse » implantation locale
L’impérieuse nécessité pour les parlementaires de posséder un ancrage local, reste l’argument massue, mille fois évoqué mais néanmoins peu convaincant. Selon Nicolas Sarkozy, interdire aux députés et aux sénateurs d’exercer un mandat local serait une « erreur gravissime ». Ainsi en cas de victoire de la « droite » en 2017, le Président des Républicains souhaite que l’annulation du non-cumul des mandats soit soumise à un référendum, organisé en même temps que le second tour des élections législatives, soit le 18 juin 2017.
Occasion toujours selon Nicolas Sarkozy de faire valider la baisse de 30% du nombre de parlementaires à l’horizon 2022, faisant ainsi passer le nombre total de parlementaires (députés et sénateurs) de 925 à 602, afin d’obtenir comme il le souhaite une classe politique moins nombreuses.
Sachant très bien que la suppression du non-cumul est très impopulaire, le Président des Républicains tenterait ainsi de mieux faire passer l’amère pilule en proposant simultanément la diminution du nombre d’élus.
Les Républicains divisés
Fort agréable pour les cumulards bien implantés, beaucoup moins pour ceux qui verraient ainsi leur circonscription disparaître, la position de Nicolas Sarkozy a immédiatement été critiquée dans son propre camp :
Retour à la vieille politique et mesure désespérante selon Bruno Lemaire, risque politique considérable, message détesté et détestable envoyé à la population française, selon Edouard Philippe, porte-parole d’Alain Juppé. Xavier Bertrand parle de tambouille politicienne.
Une nouvelle ligne de fracture intervient donc au sein des Républicains, au moment où le parti va entériner le programme du futur candidat du parti, feuille de route néanmoins peu contraignante et dont devrait pouvoir s’écarter sans aucun problème le vainqueur de la primaire.
- Bruno Le Maire
- © UMP photos
Les Français n’en veulent plus
Le talent et l’énergie nécessaires à de futur députés-maires, en charge de circonscriptions plus importantes, nécessairement peu présents dans leurs mairies si ce n’est pour inaugurer, décorer, fêter, le plus souvent en quarante-huit heures chrono, ne convainc plus les Français. Bien qu’il reste souvent encore le seul à encore y croire, cet exercice minuté de haute voltige ne maintient pas vraiment l’élu dans la réalité de la vie quotidienne des français et désespère les électeurs.
Vivre à côté ou au-dessus des Français n’est pas vivre avec, sauf à croire que réceptions, inaugurations etc … et autres rencontres minutées constituent un « ancrage sérieux » au sein de la population.
Ce n’est pas la première fois que Nicolas Sarkozy évoque son désir de revenir sur le non-cumul et que de tels arguments sont évoqués. Pour une immense majorité de nos concitoyens, la perception des réalités par un élu, exige une présence à temps complet et ne s’acquiert pas en courant entre Paris et la Province.
Les Français, très clairement, ne veulent plus de cette agitation.
Alors que la proposition de Nicolas Sarkozy est à ce jour irrecevable tant sur le plan juridique que constitutionnel, il semble bien en cette période d’Euro de football, que cette prise à contre-pied de l’opinion, ne va pas faciliter l’élargissement de la « Fan Zone » de notre ancien président.
Ecrit par Dominique Mirassou