Bordeaux

Communiqué Emmanuelle Ajon
Lors du Conseil de Métropole du vendredi 30 novembre, les élus métropolitains seront amenés à se prononcer sur le rapport annuel de la société Stade Bordeaux Atlantique (SBA), société gestionnaire du stade Matmut, filiale des deux actionnaires Vinci et Fayat. Ce rapport, obligatoire comme pour tous les partenaires de la Métropole, est alarmant quant à la santé financière de la société. Aussi, la commission des Finances a estimé indispensable de pouvoir auditionner SBA en amont du conseil afin d’y voir plus clair.
Si cette audition est confidentielle, il n’en reste pas moins que les chiffres du rapport annuel sont de toutes façons parlants : avec un déficit de plus de 3 millions d’euros par an, soit environ 10 millions au bout du troisième exercice d’exploitation, il est aisé de comprendre que cette situation ne tiendra pas les 30 ans du contrat que la Ville de Bordeaux a passé avec SBA. Mais le plus inquiétant est le peu de perspectives de rétablissement qui se profilent : avec des remplissages de matchs qui dépendent de l’affiche et des résultats sportifs, des concerts difficiles à obtenir et qui demandent une logistique qui en limite le nombre, des locations et séminaires qui sont d’ores et déjà très nombreux pour un stade, l’afflux de nouvelles recettes semble, de l’aveu même du Président de la société, compromis.
Pour comprendre comment nous en sommes arrivés là, il faut revenir un peu en arrière. En 2011, la Ville de Bordeaux signait un accord tripartite avec SBA et leurs actionnaires Vinci et Fayat, actant notamment les conditions exploitation du stade et les redevances qui y correspondent. Ces redevances ont été calculées sur la base du business plan établi par l’exploitant, qui n’a visiblement pas pris la mesure de la tâche qui lui incombait. Un chiffre devrait suffire à en faire la démonstration : 1900. 1900 % c’est l’évolution de la masse salariale de SBA entre le budget prévisionnel et le réel. Ce chiffre est tellement énorme qu’il pourrait faire sourire s’il n’était pas symptomatique de la situation dans laquelle nous nous trouvons. Il est clair que ce budget prévisionnel, sur les dépenses de fonctionnement comme sur le reste, a été totalement sous-dimensionné, entraînant un déficit structurel tellement lourd qu’il est aujourd’hui impossible à rattraper.
Mon but n’est pas de désigner des coupables. La collectivité perçoit une redevance tout à fait acceptable, et Messieurs Bobet et Florian ont régulièrement rappelé qu’il n’était pas question de la revoir pour le moment. SBA fait tant bien que mal la chasse aux économies pour tenter de redresser la barre et a obtenu des actionnaires qu’ils renflouent le capital de la société afin qu’elle puisse tenir ses engagements. Mais le constat est là, les dés étaient pipés dès le départ, ce contrat est une bombe à retardement.
Aussi en tant qu’élus responsables nous ne pouvons pas simplement faire l’autruche, sachant la catastrophe arriver en se satisfaisant seulement que les redevances tombent encore. Il en va de la pérennité de cet équipement et de la qualité de ses prestations. Il en va des 150 emplois ponctuels, souvent peu qualifiés, qui sont directement concernés par ce dossier.
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