Bordeaux
La traite bordelaise et son histoire avec ses 500 expéditions et ses 130.000 esclaves déportés d’Afrique en Amérique est précisément décrite dans de nombreux livres et notamment celui d’Eric Saugera, Bordeaux port négrier.
Le navire Saint-Jean
Le Saint-Jean, navire de 130 tonneaux, comportant 4 pièces de canons, 4 machines à lancer des pierres, 12 fusils, est armé par Etienne Dhariette pour le compte de la Compagnie royale d’Afrique. Le jurat Pierre Cournut prête à l’aventure la somme de 1000 livres.
Le capitaine Jean Leserf, de la paroisse de Saint-Pierre, est accompagné de 19 hommes parmi lesquels un chirurgien. L’itinéraire du navire est le suivant : Bordeaux, Sénégal, Gorée, Saint-Domingue, Le Havre, Bordeaux. La cargaison comprend : 100 pièces d’eau de vie, 8 tonneaux de vin, 100 barriques de biscuits, 100 livres de prunes ….. 18 ancres, 5 grappins, 15 quintaux de cordage, 400 planches, 8 barils de clous ….
- le commerce triangulaire
Le Sénégal, Saint-Domingue, Le Havre …
Le navire quitte Bordeaux le 10 janvier 1686, arrive au Sénégal le 14 février, décharge sa marchandise à Gorée pour le compte de la Compagnie, embarque 105 africains et repart le 5 Mai 1686 pour Saint-Domingue où il arrive le 11 juin avec 90 esclaves, 15 sont décédés au cours de la traversée …
Il embarque du tabac, du café, du sucre et autres marchandises et repart le 15 août pour le Havre où il accoste le 10 octobre. Entre temps, il doit faire face à une mutinerie de son second et de trois marins échappés qu’il doit rappeler à coups de canon.
L’arrivée à Bordeaux
En rade du Havre, l’équipage réclame une augmentation que le capitaine Leserf accorde pour éviter une importante rébellion. Trois hommes vont déserter …
Le navire appareille le 12 décembre, après une escale à Noirmoutier, il arrive à Bordeaux le 3 janvier 1687 et remet son rapport à la Compagnie. Le bilan se solde par la mort de 15 personnes « dans la cargaison », tous des esclaves et par une mutinerie des marins.
L’histoire raconte que le jurat Pierre Cournut va récupérer sa mise avec moins d’intérêt qu’il ne l’espérait.
Deux siècles de commerce triangulaire …
La lecture des archives maritimes permet de dater de 1672 les premiers départs de bateaux pour la Guinée. Les cales sont équipées de fers pour esclaves. D’après les cahiers de bord, les bateaux transitent par Saint-Domingue pour y déverser leur « marchandise humaine », et rejoignent ensuite la France chargés de produits antillais.
L’armateur bordelais Etienne Dhariette, de la paroisse St Michel, fut l’un des pionniers du commerce triangulaire, faisant de Bordeaux un port négrier cependant quatre fois moins important que Nantes et douze fois moins que Liverpool.
Sources : Dossiers d’Aquitaine

Ecrit par Dominique Mirassou
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