Un trésor historique sous la flèche Saint-Michel

Bordeaux, ville au patrimoine foisonnant, recèle de nombreux mystères. Parmi eux, les célèbres momies de l’église Saint-Michel, qui fascinèrent des générations de Bordelais avant leur disparition en 1979. Leur histoire remonte au XVIIIe siècle, lorsque des travaux sous la flèche de l’église Saint-Michel mirent à jour une vaste nécropole médiévale.

Ces corps, naturellement momifiés par la composition particulière du sol, furent conservés et exposés au public à partir du XIXe siècle. L’exposition de ces momies devint une attraction incontournable de la ville, attirant aussi bien les curieux que les chercheurs, fascinés par leur état de conservation exceptionnel.

Les momies de l’église Saint-Michel

La Flèche de l’église Saint-Michel
© Photo Oihana Marco

Une conservation hors du commun et une disparition énigmatique

Les momies de Saint-Michel étaient particulièrement bien préservées grâce à l’environnement sec et ventilé des catacombes. Parmi elles, des figures marquantes furent identifiées, notamment un militaire, un enfant et une femme que les Bordelais surnommèrent "la Dame en noir". Leur aspect saisissant et leur présentation presque macabre, en faisaient une expérience unique pour les visiteurs.

Cependant, en 1979, ces reliques historiques disparurent brusquement. Officiellement, elles furent inhumées dans un lieu tenu secret pour des raisons éthiques. L’exposition était jugée trop "voyeuriste" et peu respectueuse des défunts. Cette décision souleva de nombreuses interrogations et donna naissance à plusieurs théories, certains affirmant que les momies auraient été détruites ou déplacées sans précaution.

Un enjeu culturel et patrimonial débattu

La disparition des momies divisa l’opinion publique et le monde scientifique. Pour certains historiens et anthropologues, elles représentaient un témoignage inestimable sur les pratiques funéraires du Moyen Âge et l’histoire sanitaire de Bordeaux.

D’autres, notamment des responsables religieux et des citoyens, considéraient que leur exposition était une atteinte à la dignité des défunts. « Il est normal que ces corps retrouvent le repos », déclarait un prêtre bordelais à l’époque. En revanche, certains chercheurs regrettent cette perte scientifique et culturelle, soulignant qu’une présentation plus muséographique aurait pu être envisagée.

Souvenirs et témoignages : un passé qui hante encore Bordeaux

De nombreux Bordelais ayant visité les catacombes de Saint-Michel avant 1979 gardent un souvenir marquant de cette expérience. « J’avais dix ans lorsque j’ai vu ces momies pour la première fois. C’était à la fois fascinant et effrayant », raconte Michel, un habitant du quartier.

Certains chercheurs continuent à enquêter sur leur devenir et espèrent retrouver des traces de leur inhumation. « Leur étude aurait pu nous apporter des informations cruciales sur les conditions de vie à Bordeaux au Moyen Âge », regrette un archéologue local.

Les momies de l’église Saint-Michel

Basilique Saint-Michel
© Photo Oihana Marco

Une part de l’histoire de Bordeaux à redécouvrir ?

Aujourd’hui, si les momies de Saint-Michel ont disparu physiquement, leur mémoire reste vivace dans le patrimoine bordelais. Elles rappellent un passé mêlant fascination, mystère et débats éthiques.

Peut-être qu’un jour, de nouvelles fouilles ou archives permettront d’en savoir plus sur leur destin. En attendant, elles continuent d’habiter l’imaginaire collectif et l’histoire de Bordeaux, preuve que certaines légendes ne s’effacent jamais totalement.

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