Stade Chaban DelmasEn cet endroit, le temps n’est pas encore parvenu à déposer son invisible manteau, son accoutrement de rides et de gestes fatigués. Il semble comme interdit de poursuivre son oeuvre, interdit d’user, de raviner, d’éroder le lieu. L’ enceinte, pourtant ouverte sur le monde, se révèle imperméable à cette extraordinaire force égrénante, comptabilisante, épuisante.

Et si ce miracle était juste l’oeuvre commune de ces centaines de personnes, toutes animées de cet envie formidable de faire du sport et surtout conscientes de cette chance incroyable : posséder une telle arène au milieu de sa cité.

Cette masse inconnue aux âges différents, aux objectifs divers vient se réfugier dans ce cirque urbain quotidiennement pour vivre en courant, en sautant, en tirant, en riant mais aussi en souffrant. Alors quand le vent d’une éventuelle réhabilitation se lève, les sourcils se froncent, l’ inquiétude surgit et les partisans du " c’est comme ça" se font entendre.

Et si comme un signe du destin, un architecte bordelais au "B.E.C." affuté, Pierre Ferret, venait au secours de notre presqu’île sportive ? On parle de lui comme un homme de compromis, au regard innovant mais aux yeux conservateurs, puisse-t-il être cet esthète ?

A cet instant, rien ne parait décidé et je me plais donc à contempler la ruche en plein effervescence. Trois étudiantes courent sur la jolie piste en tartan, l’ école de Kickboxing se prépare physiquement , enchainant les sprints et Monsieur Dupont est venu, malgré sa journée de labeur, faire son petit footing. Les deux frontons s’ offrent aux vagues incessantes des "pelotari" amateurs, dans un parfum de Pays basque , dans un bruit de hêtre ou de platane claquant la gomme.

A deux pas, les dribbles, les shoots, les passes des basketteurs endiablés nous transportent au pays de l’ Oncle Sam et au regard des maillots arborés, ce sport a su envahir le coeur de beaucoup d’ entre eux. Soudain, une balle de tennis vient rebondir et finir sa course sous le panier.Finalement d’ une raquette à une autre, il n’ y a qu’ un pas.

Sur cette image symbolique de cohabitation sportive, l’ important est la prise de conscience collective de ceux qui ne connaissent pas cette agora. Allez-y vous promener, vous pénètrerez en passant au milieu de deux statues grecques, clin d’oeil à l’olympisme, dans un univers tranquille et fraternel. Que deviendraient toutes ces abeilles si les fleurs à butiner disparaissaient ? Que dégusteraient-elles, si on les privait de leur miel si précieux ?

Ecrit par Denis Lalanne


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